Dans la continuité du ralentissement amorcé depuis l’année 2022, le volume d’activité des entreprises artisanales du bâtiment recule au deuxième trimestre 2023 de 0,5% (en glissement annuel), pour la première fois depuis trois ans. Le marché du neuf, sous tension, voit son volume d’activité baisser de 1,5% après avoir stagné au trimestre précédent.
Seul segment en croissance, les travaux de performance énergétique font figure d’exception. Entre difficultés d’accès au crédit, rendements moins attractifs de l’immobilier dans un contexte de remontée des taux, et hausse des coûts de construction sans baisse du foncier, le marché du neuf subit une crise de la demande. Les permis de construire accordés sont nettement moins nombreux entre juin 2022 et mai 2023 que pendant les 12 mois précédents (-18%), constat qui se prolonge dans toutes les régions de France métropolitaine avec un recul allant jusqu’à 28,8% en Bretagne.
De même, les mises en chantier diminuent (-11,1% sur la même période), ce qui impacte directement l’activité en construction neuve des entreprises artisanales du bâtiment : en volume celle-ci recule de 1,5% au deuxième trimestre 2023 en glissement annuel. Plus présentes sur ce marché, les entreprises de maçonnerie sont plus touchées que les autres corps de métier avec un recul de 1 % de leur activité en volume. Touché notamment par la baisse de pouvoir d’achat des ménages, le ralentissement du nombre de transactions dans l’ancien, et par la hausse des coûts, le marché de l’entretien amélioration voit son activité en volume stagner par rapport à l’année précédente.
Ce ralentissement de la croissance est moins marqué que dans le neuf, grâce aux travaux d’amélioration de la performance énergétique du logement dont le dynamisme ne faiblit pas ce trimestre avec une croissance de 2% en volume. À l’échelle régionale, le tableau du deuxième trimestre 2023 est contrasté avec des variations comprises entre -2% et +1%. Les régions Auvergne Rhône-Alpes et PACA-Corse réalisent les meilleures performances avec une croissance toujours positive (respectivement +1% et +0,5%) tandis que l’activité recule dans sept régions, et de façon particulièrement marquée en Occitanie (-2%).
Les carnets de commandes continuent sur une tendance baissière et représentent désormais 79 jours de travail à venir à début juillet 2023, soit 8 jours de moins qu’au trimestre précédent : ce niveau est comparable à celui de 2019. Toutefois la perception des entreprises est, ce trimestre, relativement nuancée. Bien que négatifs, les soldes d’opinion sur l’évolution des carnets de commande en neuf comme en entretien-amélioration sont moins défavorables qu’au trimestre précédent. De la même manière, malgré un ralentissement clair de l’activité, 27% des entreprises ont indiqué avoir cherché à recruter au premier semestre 2023, avec succès pour la moitié d’entre elles.
À l’échelle nationale, les projections pour l’ensemble de l’économie française semblent indiquer un ralentissement de l’inflation au second semestre, qui rendrait possible une légère croissance de l’activité pour 2023. Mais, pour l’artisanat du bâtiment, le fléchissement attendu devrait se confirmer pour le second semestre 2023. Par ailleurs, l’accélération du rythme des défaillances dans la construction depuis 2020 et les difficultés accumulées pendant l’année 2022 ont fragilisé les entreprises, leurs trésoreries et leurs marges.
Pour répondre aux problématiques actuelles de logement, de décarbonation et d’accessibilité, les entreprises artisanales du bâtiment attendent notamment des pouvoirs publics que la simplification des procédures et réglementations leur permette de déployer toutes leurs capacités, ainsi qu’une pérennisation du soutien à la demande des ménages et des investisseurs.