L’idée d'une semaine de travail de quatre jours continue de susciter l’intérêt, avec plus d’un travailleur français sur 5 (22% contre 28% au niveau monde) estimant qu’elle sera la norme dans son secteur d'activité dans les cinq prochaines années. C’est ce que révèle l’étude de l'ADP® Research Institute « People at Work 2023 : l’étude Workforce View » menée auprès de plus de 32 000 actifs dans 17 pays, dont près de 2 000 en France.
Par secteur d’activité, les salariés de l’industrie (31%) sont les plus nombreux à affirmer que la semaine de 4 jours deviendra la norme, suivis par ceux de l’informatique et des télécommunications (27%), de l’immobilier et du commerce (25%). A l’inverse, les travailleurs des médias et de l’information ne sont que 15% à faire cette projection.
Le maintien du salaire : un critère indispensable au déploiement de la semaine de 4 jours
Au-delà des projections, l’étude met en avant les préférences des collaborateurs en termes de flexibilité. Ainsi, 37% des interrogés préféreraient travailler 4 jours par semaine, en conservant le même salaire, mais avec des journées de travail plus longues. Ce chiffre atteint 41% chez les jeunes de 25-34 ans (contre 32% des 18-24 ans), 40% chez ceux qui pratiquent le travail hybride (contre 31% chez ceux en 100% télétravail) et 39% chez les femmes (contre 35 % des hommes) et les parents (contre 34% chez ceux qui n’ont pas d’enfant). Les salariés évoluant dans le commerce (44%), l’hôtellerie-restauration (43%) et les transports (41%) en sont également particulièrement demandeurs, d’autant plus qu’il s’agit de secteurs dans lesquels le télétravail semble impossible à pratiquer pour la majorité des effectifs.
Le maintien d’un salaire identique reste un critère important dans la mise en place de la semaine de 4 jours, car seuls 9% des interrogés accepteraient d’adopter ce type d’organisation pour un salaire moindre. En outre, dans le cas où ils ne pourraient pas être augmentés, la semaine de travail plus courte serait une alternative envisageable pour un quart des salariés (25%).
Une part importante des salariés espère encore plus de flexibilité des horaires
Alors que les schémas classiques d’organisation du travail continuent d‘évoluer, 18% des travailleurs français (contre 33% au niveau monde) considèrent que, d'ici cinq ans, la norme dans leur secteur d'activité sera de bénéficier d'une flexibilité totale des horaires de travail (à condition qu'ils parviennent à remplir leurs missions au regard d'indicateurs de productivité et de résultats). Ce sont les salariés des secteurs de la finance (27%), des médias et de l’information (24%) et de l’industrie (23%) qui sont les plus nombreux à le penser. Quant au modèle de travail hybride (présentiel et télétravail), il devrait devenir une pratique standard selon 16 % des travailleurs (28% au niveau monde), une projection qui est encore plus visible chez ceux exerçant dans l’informatique et les télécommunications (31%), la finance et les services (26%).
Emergence d’une flexibilité des congés payés
Outre la semaine de 4 jours, d'autres options permettant de bénéficier de plus de temps libre devraient voir le jour d’ici les 5 prochaines années. A l’échelle mondiale, plus d'un quart des travailleurs (27%) estime que, d'ici cinq ans, l'acquisition de jours de congés supplémentaires sera la norme. Ils ne sont que 11% en France.
Et pour 18% des collaborateurs dans le monde (10% en France), il sera normal d’avoir la possibilité de réduire son salaire en échange d'un plus grand nombre de jours de congés annuels, tandis que 12% (contre 7% en France) anticipent que les congés illimités deviendront monnaie courante.
Les attentes dans ce domaine se révèlent plus élevées chez les jeunes travailleurs (respectivement 20% et 14% des 18-24 ans), ce qui laisse à penser qu'une nouvelle transformation des normes admises au travail se profile à l'horizon.
« Nous constatons toujours dans cette étude la demande pour un meilleur équilibre vie professionnelle-vie privée ; cette attente existe depuis longtemps mais cela s’est clairement accélérée depuis trois ans. Lorsqu'il n'est pas possible de proposer du télétravail ou un format de travail hybride, les employeurs peuvent répondre aux attentes de leurs talents par d’autres moyens, comme la mise en place de la semaine de 4 jours, pour les fidéliser et les motiver », estime Carlos Fontelas de Carvalho, Président d’ADP en France et en Suisse.
« Cependant, il est nécessaire de faire preuve de vigilance car les risques d’épuisement professionnel chez les salariés existent, que ce soit en travaillant sur des journées plus longues ou en devant réaliser leurs missions en moins de temps. De plus, il est évident qu’une semaine de 4 jours génère aussi des défis considérables en termes d’organisation du travail et du maintien du service et n’est pas réaliste dans de nombreuses organisations.
Ainsi, au-delà de ces nouveaux modes de travail, l’enjeu de rétention des talents passera par d’autres leviers comme le plaisir et l’épanouissement au travail, la progression des carrières et les opportunités de formation, très attendues notamment par les plus jeunes collaborateurs », conclut Carlos Fontelas de Carvalho.