ISACA-AFAI, association internationale pour un digital de confiance, publie, via son programme SheLeadsTech, son baromètre dressant un état des lieux de la question de l’emploi des femmes dans le secteur du Numérique et des pistes pour attirer, garder les talents féminins et les encourager à évoluer dans ces métiers. Les chiffres montrent que la mixité de ces métiers s’est améliorée, mais que l’évolution reste extrêmement lente, et que les femmes demeurent fortement sous-représentées dans le monde de la tech.
- Les postes de comité de direction dans la tech ne sont représentés qu’à 17% par des femmes.
- 80% des répondants déclarent avoir aménagé des conditions de travail propices au bon équilibre vie privée/vie professionnelle
- 75% des répondants déclarent sensibiliser en interne sur le thème du sexisme
Un baromètre pour analyser les bonnes pratiques actuelles et proposer des actions globales concrètes
SheLeadsTech est le programme de soutien qui vise à accroître la représentation des femmes dans des rôles de leader dans le domaine de la Tech. Il a pour objectif de soutenir et favoriser la réussite des femmes dans la Tech, et déconstruire les préjugés portant sur un secteur d’activité connu comme étant majoritairement masculin. Le programme fournit un ensemble de ressources, d'outils et de réseaux de soutien pour aider les femmes à développer leurs compétences professionnelles, à accéder à des opportunités d'investissement et à obtenir un mentorat de la part d'experts de l'industrie. Plusieurs actions sont mises en place, dont le baromètre, qui vise à donner une occasion d’analyser les pratiques actuelles, et de pouvoir proposer des actions globales concrètes et efficaces en faveur de l’égalité hommes-femmes. Plusieurs entreprises de toutes tailles, dont Mazars, Engie, Vinci Construction, BNP Paribas et Cogitanda ont répondu au baromètre qui apporte donc son lot d’enseignements.
Une évolution extrêmement lente des indicateurs et une sous-représentation des femmes
Le Baromètre SheLeadsTech a été créé pour réduire les discriminations entre les femmes et les hommes dans les métiers de la Tech. Force est de constater aujourd’hui que depuis le début des conférences SheLeadsTech en 2019, la mixité de ces métiers s’est améliorée, mais extrêmement lentement.
Aujourd’hui encore, les femmes demeurent fortement sous-représentées dans le monde de la Tech et plus particulièrement au niveau des postes à responsabilité. Les postes de comité de direction dans la Tech ne sont représentés qu’à 17% par des femmes.
Les chiffres montrent une forte variabilité selon les pays, les secteurs et les postes. Les femmes représentent globalement toujours moins de 20% de la main-d’œuvre totale dans le secteur de la technologie. Il y a seulement 11% de femmes dans les équipes de développement, contre 82% parmi les fonctions support.
Les femmes sont également sous-représentées dans les programmes universitaires en informatique, en ingénierie et en mathématiques, 17% de l’ensemble des étudiants dans le secteur. Ce qui a un impact direct sur leur accès à des emplois dans la Tech.
« Il serait extrêmement bénéfique pour la Tech d'accroître la représentation féminine et d'encourager les femmes à entreprendre dans ce domaine », souligne Gina Gulla Menez, responsable du programme SheLeadsTech et administratrice ISACA-AFAI. La diversification de l’écosystème de la Tech revêt une importance éthique critique. En outre, en assurant la pérennité de ces perspectives d’emploi, l’expansion économique serait favorisée. »
Des écarts en matière de financement
En matière entrepreneuriale, en 2018, seules 10% des entreprises innovantes ont été fondées par des femmes.
Les femmes entrepreneures / start-uppeuses dans le secteur de la Tech reçoivent également une part moins importante des financements par rapport à celles fondées par des hommes. En 2021, 88% du montant total levé par les start-up françaises revient à des équipes de fondateurs 100% masculines. Ces dernières lèvent en moyenne 4 M€ de plus que les équipes composées d’au moins une femme. Au global, un homme lève 1,6 fois plus et une femme 3,4 fois plus en s’alliant avec un homme plutôt qu’avec une femme.
« Ces statistiques mettent en évidence l’urgence de favoriser la diversité dans la Tech et de s'efforcer de réduire les écarts entre les genres dans ce secteur, souligne Gina Gulla Menez. Cette question revêt une importance à la fois sociétale et stratégique, car elle est liée à la disponibilité de la main-d'œuvre qualifiée dans le domaine de la Tech. En effet, de nombreuses entreprises font face à une pénurie critique de professionnels qualifiés dans ce secteur. »
Mise en place de bonnes pratiques
L’analyse des réponses apportées au questionnaire met en lumière une dizaine de pratiques mises en place par les entreprises de la tech pour améliorer la mixité de leurs équipes. On y découvre des mesures concernant le recrutement, mais aussi des actions pour améliorer les conditions de travail, ou en amont, pour améliorer l’image des métiers de la tech.
Parmi elles, quelques exemples
- 80% des répondants déclarent avoir aménagé des conditions de travail propices au bon équilibre vie privée/vie professionnelle,
- 75% déclarent sensibiliser en interne sur le thème du sexisme,
- 72% ont mis en place un réseau féminin interne ou externe,
- 72% ont mis en place des actions spécifiques permettant de favoriser l’équité femmes/hommes des rémunérations et lors des promotions,
- 68% revoient leurs pratiques de recrutement pour attirer plus de femmes dans les métiers du numérique.
Un deuxième volet du baromètre consacré à des actions à mettre en œuvre
Ce Baromètre SheLeadstech est un premier volet dans lequel il est proposé un constat des actions déjà mises en œuvre. Un deuxième volet sera proposé, consacré à une démarche d’actions qui restent à mettre en place dans l’entreprise. Six axes d’actions complémentaires prioritaires ont d’ores et déjà été identifiés : la formation et l’accès à l’emploi, le recrutement, les mesures salariales, la sensibilisation aux agissements sexistes et aux violences sexuelles, écouter la parole des femmes et partager leur expérience, enfin encourager les femmes à prendre des postes de direction.
Gulla Menez conclut : « Dans notre ère où les décisions reposent sur les données, l'écart entre les données collectées chez les femmes et chez les hommes est extrêmement préoccupant car il reflète une méconnaissance de notre société dans toute sa diversité et sa complexité. Afin de promouvoir un éco système numérique équitable et inclusif, il est essentiel de sensibiliser et de stimuler à une prise de conscience de la situation actuelle ainsi que de ses répercussions : la santé et le bien-être au travail, la productivité des collaborateurs, l'efficacité des organisations. »