L’écosystème des éditeurs de veille connaît actuellement des bouleversements, en grande partie liés à des regroupements d’entreprises. Avec quelles conséquences pour les clients ?
L’analyse d’Arnaud Marquant, Directeur des opérations chez KB Crawl SAS
Le secteur de la veille constitue un marché de niche qui connait actuellement de profondes transformations structurelles. Depuis quelques mois, certains des acteurs les plus importants de cet écosystème (en termes de chiffre d’affaires et de dimension d’équipes) concrétisent le rachat d’entreprises et de start-ups spécialisées. Pour les clients des éditeurs de veille, cette dynamique de regroupements n’est pas sans conséquences. Elle pose en réalité deux questions de fond.
La souveraineté des données
La première est liée à la souveraineté des données, qui bien souvent se situe dans un angle mort de la réflexion. Au regard du contexte géostratégique international, du caractère débridé de certaines législations extra-européennes ou encore de la cybercriminalité (en net essor depuis trois ans), nous pourrions penser que le stockage et le traitement de la donnée sont un point stratégique amplement soupesé par les entreprises : l’expérience montre que ce n’est pas toujours le cas. L’origine de la data collectée ainsi que les modalités de stockage constituent un premier niveau de compréhension du sujet. Celui-ci est à articuler avec une réflexion également centrale : la localisation du lieu où la donnée est stockée. Celui-ci est-il situé au sein du territoire de l’Union Européenne ? Hors UE ? Il est évidemment compréhensible que les organisations aient une nette préférence continentale, étant entendu que la législation états-unienne est par exemple bien moins protectrice que celle imposée par le RGPD il y a cinq ans.
Agilité et maîtrise des coûts
La seconde question de fond que pose l’actuelle dynamique de regroupements du secteur de la veille nous entraîne vers d’autres enjeux. Quelle capacité d’agilité pour des solutions de veille standardisées ? Cette interrogation est loin d’être neutre. Elle renvoie à la possibilité des entreprises à disposer de solutions de veille véritablement adaptées à leurs besoins, c’est-à-dire à la prise en compte des spécificités du client par les éditeurs. La maîtrise du développement d’une solution de veille apparaît là comme un point nodal. Est-il opportun d’opter pour un produit que l’on n’utilisera qu’à 30 ou 40% de ses possibilités ? On comprend bien ici que pour les éditeurs de veille, s’ajuster au mieux à la demande est primordial. Etre en capacité de proposer régulièrement à un client des évolutions en prise directe avec les dernières avancées technologiques l’est également. Dans un cas comme dans l’autre, la personnalisation de la solution de veille est un prérequis, lequel est à relier à la maîtrise des coûts. Car il n’est peut-être pas utile de consentir de forts investissements pour acheter un produit que l’on sous-utilisera au quotidien.
In fine, la notion d’indépendance est au cœur des changements qui sont actuellement observés au sein de l’écosystème des éditeurs de veille. Indépendance vis-à-vis des données bien sûr, mais également indépendance à l’égard des ajustements techniques et financiers à consentir. Pour les organisations en quête de solutions de veille, s’attacher les services d’un acteur historique de confiance, assurer la gestion de sa data au cœur d’une infrastructure possédée en propre et à laquelle on est en mesure d’appliquer des mesures de cybersécurité strictes, demeure un privilège gage de pérennité comme de stabilité. Pour les entreprises comme pour les structures publiques, il y a encore quelques avantages sérieux à travailler avec des acteurs indépendants.