Par Audrey Marigliano, Directrice Immobilier et Crédit de La Place
Le marché immobilier n’est pas comme le marché financier en cas de choc, il ne s’affole pas, au contraire, lentement il assimile, s’adapte et s’ajuste.
Alors, bien sûr certaines annonces gouvernementales sur le logement sont de prime abord positives, par exemple le soutient de CDC Habitat (filiale de la Caisse Des Dépôts) et Action Logement à la promotion avec l’achat de
47 000 logements pour soutenir l’activité des promoteurs immobiliers français et répondre à la crise du logement. Mais une action avait déjà été réalisée en 2020 avec l’achat de 40 000 logements et objectivement cela n’a pas du tout empêché le marché immobilier neuf de connaître la situation actuelle où le choc d’offre a été rejoint par un choc de demande. Inédit.
A ce stade, il ne faut pas confondre la crise du logement avec la crise de l’immobilier. En effet, difficile d’imaginer que le marché immobilier pourrait s’effondrer alors que tant de besoins de logement sont sans cesse affirmés.
Pour lutter contre cette crise du logement, dans ses annonces, le gouvernement recherche à favoriser :
- L’accession à la propriété (prêt à taux zéro, maintien du taux d’usure mensuel vs trimestriel) mais n’est-ce pas utopique dans un environnement où la BCE hisse ses taux au plus haut depuis 20 ans ?
- L’accès à la location.
Je crois que c’est sur ce sujet que les contradictions sont les plus fortes :
- Vouloir permettre à chacun l’accès à un logement décent (qui prévoit dans sa définition légale une « performance énergétique minimale ») et à la fois en limiter le nombre sous prétexte de l'impérative transition écologique.
- Encourager la location de logements en remettant au cause les intérêts de louer un appartement. Quel type d’investisseur trouvera cela pertinent, attractif dans ce cas ?!
A l’aube de cette France de locataires que certains encouragent, décrivent, il est légitime de s’interroger sur : quels seront les propriétaires de ces logements qui devront être mis en location après avoir réalisé des travaux pour convenir à cette transition énergétique, qui ne pourront être louer qu’en respectant des loyers encadrés et le tout potentiellement dans un environnement fiscal remis en cause ?
Il faudra compter sur la résilience, la force intrinsèque dont le marché immobilier a toujours fait preuve pour traverser les différentes crises et lui laisser le temps de s’adapter à son nouvel environnement. A voir à moyen et long terme quelles autres entraves le gouvernement et le Conseil national de la Refondation (CNR) lui auront imposées ou quels encouragements ils lui auront apportés.