Les Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens (EDC), organisation centenaire qui rassemble 3 500 dirigeants d’entreprises de toutes tailles et de tous secteurs d’activités en France et dans diverses villes du monde, rappellent leur attachement au partage de la valeur.
Le partage de la valeur et des valeurs est au cœur de la Pensée sociale chrétienne. Il s’inscrit dans l’ADN du mouvement et de chacun de ses membres qui agissent en cohérence avec leur foi.
Le partage de la valeur est, pour un dirigeant chrétien, bien plus large que le seul volet financier. Partager les valeurs, c’est aussi inclure dans l’entreprise toutes les personnes dans leur diversité, notamment les plus fragiles. C’est aussi partager par des dons et des contributions avec les acteurs des territoires où l’entreprise est implantée.
Pour Pierre Guillet, Président des EDC « Le partage de la valeur doit permettre notamment d’augmenter les rémunérations les plus faibles, les plus impactées par l’inflation ».
Les Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens publient les résultats de leur enquête interne sur le partage de la valeur qui montre l’engagement fort de ses membres dont 60% d’entre eux ont déjà mis en place un dispositif de partage de la valeur.
Le sondage a été réalisé par le cabinet PRAGMA Management auprès de 2 830 membres, entrepreneurs et dirigeants d’entreprises de toutes tailles et tous secteurs, du 16 février au 20 mars 2023.
Les entrepreneurs et dirigeants chrétiens sont engagés pour le partage de la valeur.
60% des sondés ont déjà mis en place un mécanisme de partage de la valeur. Leur premier objectif est d’associer les collaborateurs à la réussite de l’entreprise et de reconnaître le travail de chacun. Il s’agit de rémunérer justement la contribution des collaborateurs et de créer une communauté de travail : « j’ai la conviction que, dans la PME, la rétribution collective est un vrai facteur de motivation » ; « je ne crée seul aucune richesse. Il est donc logique de partager raisonnablement le fruit de ce résultat ». La fidélisation et la motivation des collaborateurs n’arrivent qu’ensuite.
Les modalités de distribution sont diverses. Trois quart des entreprises mettent en œuvre plusieurs dispositifs, prioritairement ceux d’une meilleure rémunération, de l’intéressement et de la participation. Un quart d’entre elles a mis en place une participation des salariés à leur capital.
Le partage de la valeur est également réalisé au bénéfice des associations et fondations
46% des entreprises des membres EDC effectuent des dons, principalement à des associations ou par l’intermédiaire d’une fondation. Un membre indique ainsi que son entreprise s’est fixée comme « engagement statutaire de verser 0,5% du CA à des œuvres ».
La foi est un facteur décisif de mise en place d’un système de partage de la valeur
Pour 87% des répondants, la foi a été décisive dans leur décision. « Si je n'avais pas la foi et cet appel de "leader-serviteur", j'aurais partagé la valeur d'abord en ma faveur. C'eut été légitime, d'une part parce que mon engagement, en termes d'heures, de valeur ajoutée, et de prise de risque est très nettement supérieur, et d'autre part, parce que mon salaire est déjà très en dessous de celui d’un poste équivalent, voire de celui de certains de mes salariés ! ».
Les sondés mettent en particulier en avant les éléments suivants dans leur prise de décision :
- Volonté de mettre en œuvre l’Evangile et de suivre le Christ : « Il est difficile de confesser le Christ et de ne pas le laisser régner aussi sur nos biens. Je ressens un appel à partager toujours plus la valeur et que ce partage soit motivant. ». « La notion de partage est présente dans l'Evangile à travers le partage du pain, l'évangile de la multiplication des pains... »
- Volonté de s’inspirer de la Pensée Sociale Chrétienne : « Mon fil rouge : la Pensée Sociale Chrétienne ». L’un des sondés précise : « le principe de destination universelle des biens et la priorité du bien commun ont guidé ma réflexion ». Un autre indique : « Il me semble que lorsque l'entreprise se porte bien, il faut partager les fruits de la croissance. Cela rejoint la notion du bien commun ». Un dernier ajoute : « Je ne me considère pas comme le propriétaire de mon entreprise mais seulement comme le gérant. L'entreprise est un bien commun, que j'ai la responsabilité de pérenniser ».
- Influence de valeurs familiales trouvant leur racine dans le christianisme social : « L’actionnariat du personnel fait partie des valeurs de ma famille depuis trois générations. C'est inspiré des avancées sociales des patrons chrétiens du Nord, eux-mêmes inspirés par l'encyclique Rerum Novarum ».
Les membres des EDC restent néanmoins discrets sur le rôle de la foi dans leur décision : « Il est difficile d'associer "officiellement" notre foi à une décision prise pour l'entreprise, même s’il s'agit évidemment d'un guide quotidien dans notre état d'esprit général ».
Sur ces sujets, quelques répondants parlent de divergence, voire de conflit avec leurs associés : « Pour mes associés, "tout ce que tu donnes, tu ne l'as plus" et "toute bouchée avalée n'a plus de saveur". Ce qui veut dire qu'il faut toujours tenir la bride et lâcher le moins possible. J'ai fait le pari de l'intelligence du cœur ».
Le partage de la valeur ne met pas en risque l’entreprise.
Pour 95% des sondés, le partage de la valeur ne met pas leur société en risque. Pour 89% il ne remet pas en question la juste rétribution de la prise de risque du fondateur ou de l’actionnaire. Ce résultat met à mal l’idée reçue de la primauté de l’intérêt personnel. Si l’entrepreneur ne se cramponne pas à sa rémunération, c’est sans doute parce qu’il développe une vision plus large du partage de la valeur et du rôle de son entreprise. Ce résultat est d’autant plus intéressant que 58% des répondants se sont déjà trouvés dans la situation de ne pas se rémunérer pour faire face à une situation difficile.