L’analyse de Jean-Marie Loilier, en charge de l’Offre Numérique Responsable, InfoscopeGreen, pour Infotel.
En matière d’impact environnemental, le numérique est loin d’être virtuel. Selon l’Arcep, il représente aujourd’hui 3 à 4% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde et 2,5% de l’empreinte carbone nationale. Et si rien ne change, ces chiffres pourraient progresser de +60% d’ici 2040. Or, il existe des solutions pour réduire l’empreinte écologique de ses équipements et pratiques numériques, que ce soit à l’échelle des individus, des entreprises et donc de la société. Mettons-nous collectivement en route vers un usage du numérique vraiment responsable !
Audit numérique : mesurer son empreinte
En entreprise, certaines habitudes ont la vie dure. Il n’est pas rare que les employés disposent de plusieurs téléphones portables, ou que les ordinateurs des collaborateurs soient remplacés systématiquement par du matériel neuf tous les 2 ou 3 ans. Nous savons cependant tous que les équipements informatiques consomment des ressources (métaux, énergies, ressources naturelles, etc.). Consacrer du temps à l’analyse du fonctionnement numérique de son entreprise permet souvent de prendre conscience de ses pratiques de façon globale, qu’elles soient bonnes ou mauvaises.
Au-delà des équipements et des usages, la conception même des programmes informatiques peut être énergivore. Des outils (standards et/ou développés en entreprise) permettent de mesurer les bonnes pratiques éco-responsables en matière de codage.
La conteneurisation serait-elle la solution ?
Conteneuriser ses applications est une approche de sobriété numérique qui consiste à regrouper le code et les données dans le package d’une application, afin que cette dernière n’occupe pas une place importante dans la mémoire ou l’unité centrale de traitement du système d’informations.
Prenons l’exemple d’un programme comptable spécialement dédié à la réalisation des bilans annuels. Dans un fonctionnement classique, il n’est utilisé qu’au mois de janvier et pas le reste de l’année. Il prend ainsi de la place sur les serveurs inutilement tout au long de l’année. Conteneuriser cette application revient à en prendre une image technique et fonctionnelle. Cela permet de ne démarrer cette image que sur la période du besoin, avec tout son historique et ses données. Une fois le travail effectué, on éteindrait l’application sans consommer de ressources non nécessaires. Un service de conteneurisation rend ce processus simple.
Numérique responsable : les nouveaux réflexes à adopter
Concrètement, comment traduire son engagement en matière de numérique responsable au sein de son entreprise ? En abandonnant ses mauvaises habitudes pour appliquer quelques bonnes pratiques !
- Intégrer la dimension éco-responsable au cœur de la stratégie de l’organisation, ainsi que dans la conception des programmes et applications.
- Prendre en compte les impacts environnementaux dès la conception de services numériques, depuis l’expression du besoin jusqu’à la définition de l’architecture technique, sans négliger l’approche centrée utilisateur UI/UX.
- Optimiser le codage en tenant compte des bonnes pratiques d’éco développement, et privilégier une architecture microservices.
- Sensibiliser et former les équipes aux leviers de réduction des impacts et ne conserver sur les terminaux (ordinateurs, téléphones, etc.) que les applications régulièrement utilisées. Préférer les hébergeurs web et moteurs de recherche éco-responsables.
- Cesser de renouveler systématiquement le parc d’appareils informatiques au bout d’un certain temps et privilégier le matériel reconditionné, éco-responsable et tout aussi performant.
- Favoriser l’uniformité des machines, ordinateurs, écrans, imprimantes, téléphones portables afin d’en faciliter la réparabilité et la maintenance.
- Mettre en place une politique d’achats s’inscrivant dans une démarche durable, et choisir ses partenaires en fonction de leurs engagements éco-responsables.
- Confirmer sa démarche en sollicitant un label, ce qui permet notamment d’inscrire les efforts dans la durée. Le label Numérique Responsable garantit par exemple la crédibilité de votre démarche et l’intégration de bonnes pratiques sur toute la chaîne des métiers.
La prise de conscience des impacts environnementaux du numérique fait son chemin tant à l’échelle individuelle que sociétale. Nombreuses sont les entreprises qui ont déjà transformé leurs pratiques pour les rendre plus vertueuses. C’est positif, mais pas encore suffisant. Ne faudrait-il pas aller plus loin en matière de règlementation, et rendre obligatoire la mise en place de pratiques numériques responsables ? Ne serait-il pas temps de sensibiliser les métiers de l’assurance qualité et d’intégrer un volet numérique responsable au processus d’audit récurrent dans les entreprises ? Il en va de la survie à la fois des entreprises et de la planète.