Assister à l’assemblée générale de Berkshire Hathaway est toujours un moment fort et le contraste avec notre réalité quotidienne en Allemagne est particulièrement marquant.
Omaha célèbre le capitalisme. 40 000 personnes, dont beaucoup sont devenues très riches, voire même milliardaires, grâce à l’action Berkshire Hathaway, célèbrent leurs gourous Warren Buffett et Charly Munger. Le lendemain, les réjouissances se poursuivent avec l’assemblée générale de la « petite » Berkshire Hathaway ; à savoir l’assurance Markel, à laquelle participent tout de même un millier de personnes. Le contraste avec notre quotidien allemand ne pourrait être plus grand.
Dans quel autre pays du monde peut-on acheter des cartes d’adhérents à une association capitaliste de la taille d’une carte bancaire ? En Allemagne, le mot même de capitalisme est mal vu. L’investissement boursier ne résoudrait pas la crise du système de retraite, mais ferait disparaitre la crise de la prévoyance vieillesse privée. Le classique livret de caisse d’épargne et les titres d’emprunt fédéraux sans risque ne permettent pas la réalisation de rendements de type Berkshire. La mentalité surprotectrice allemande se paye cher en termes d’opportunités. Pourquoi devrions-nous également nous plaindre d’un bradage de l’économie allemande alors que 80% des titres du Dax sont parait-il détenus par des investisseurs étrangers. Ce sont les conséquences de nos propres décisions.
Autre réalité : si plusieurs milliers de Chinois avaient fait le déplacement, on comptait seulement quelques centaines de participants germanophones. Ni l’Europe ni l’Allemagne n’ont été citées dans les 45 questions et réponses, alors que la Chine et le Japon ont été mentionnés. Soyons réalistes : il y a bien longtemps que nous (Europe et Allemagne) ne comptons plus parmi les acteurs importants du XXIe siècle. Ce n’est pas autour de tables rondes que les grands objectifs sont atteints. Warren Buffett déplore lui-même l’absence d’un grand plan stratégique pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais malgré toute notre assurance, nous n’avons pas nous-mêmes de plan stratégique cohérent.
Warren Buffett (92) et Charlie Munger (99) l’ont, à notre avis, une fois de plus confirmé : investir sur le long terme est rentable. L’attente est une valeur sûre et la puissance des intérêts composés récompense la patience. Acheter et vendre nuit à la performance. La main sur le cœur : quelle action achèteriez-vous aujourd’hui si on ne pouvait plus la vendre dans les 25 prochaines années ?
Les deux experts ont également répété à plusieurs reprises que dans la vie d’un investisseur rares sont les investissements qui génèrent une performance si exceptionnelle qu’elle éclipse tout le reste. Une telle opportunité se présente peut-être tous les cinq ans et, malheureusement, le gagnant n’est pas connu d’avance. Tous les autres placements ne produisent qu’une performance moyenne. C’est de la folie de penser qu’il faut procéder à une large diversification.
Le témoignage du gestionnaire d’assurance Tom Gayner (Markel) est également révélateur : Il surveille la duration du portefeuille de taux, mais il est encore plus attentif à la « duration des gestionnaires ». La stabilité des gestionnaires est un indicateur de bonne performance de la gestion à long terme. On retrouve des idées similaires dans des livres tels que « Built to Last » ou « Good to Great ». Les bons grands dirigeants ont fait leur preuve et ont « grandi » au sein de leur propre entreprise.
Le monde se concentre sur le moment présent. Le nombre de personnes réalisant des choses stupides est en augmentation ces dernières années. Les montants concernés ont augmenté. Les opportunités naissent du fait de la stupidité des actions menées par d’autres personnes.