Dans un nouveau rapport paru ce jour, l’Observatoire des multinationales se penche sur les relations étroites entre les think tanks, les grandes entreprises et les responsables publics. Lieux d’entre-soi entre dirigeants publics et privés, les think tanks sont aussi un moyen d’influence d’autant plus commode que celle-ci s’abrite derrière un voile de neutralité et n’est soumise à aucune obligation de transparence..
À travers l’étude des 10 think tanks les plus influents et riches en France, le rapport Think tanks : laboratoires d'influence constate que les think tanks sont un outil d’influence très prisé par les plus grandes entreprises et les gouvernements étrangers afin d’ influencer le débat politique français.
Les liens noués avec les think tanks par les entreprises et gouvernements étrangers sont de diverses natures : le financement direct, mais aussi la présence dans leurs institutions de gouvernance, les portes tournantes et les doubles casquettes. Le résultat final est le même: un discours d’experts omniprésent dans les médias, qui paraît neutre mais qui n’est pas dénué de conflits d’intérêts.
« Derrière leur apparence d’expertise et de neutralité, les think tanks sont aussi des véhicules d’influence très commodes pour les grandes entreprises, explique Lora Verheecke de l’Observatoire des multinationales. Malgré leur influence disproportionnée sur le débat public et politique, ils ne sont soumis à quasiment aucune obligation de transparence et de prévention des conflits d’intérêts. »
La publication de ce rapport intervient alors que la question du rôle des think tanks en matière d’influence politique doit être tranchée par la justice administrative. Sommé par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) de s’enregistrer au répertoire des représentants d’intérêts, l’Institut Montaigne a refusé, et envoyé deux recours en mars 2023 au Conseil d’État. qui devrait trancher dans les prochains mois.