Par Sebastian Vismara, économiste senior et stratégiste chez BNY Mellon Investment Management
Les données relatives au taux de chômage sont relativement solides. Le nombre de personnes sans emploi n'avait pas baissé aussi fortement depuis le début de l'année 2022. Il est important de noter que le taux de chômage a baissé dans toutes les grandes économies de la zone euro : Allemagne, France, Italie et Espagne.
Ce qu'il faut retenir de cette publication, c'est que le moteur de la partie la plus sensible de l'inflation, à savoir l'inflation des services (qui n'a pas encore atteint son point le plus haut et reste très élevée), demeure très fort. Les enquêtes sur le marché du travail, qui donnent une indication de ce qui pourrait se passer sur le marché du travail dans un futur proche, font également ressortir une forte demande de main-d'œuvre et suggèrent que le taux de chômage restera bas ou diminuera encore dans les prochains mois. Au regard de ces résultats, les membres de la BCE partisans d'une vision "hawkish" se référeront très certainement à cette publication pour justifier des hausses de taux plus nombreuses et de plus grande ampleur que celles actuellement attendues par le marché.
En prenant un peu de recul, nous pensons que la résilience de l'économie (et du marché du travail) est temporaire. Nous pensons, conformément au message fourni par l'enquête de la BCE sur les prêts bancaires publiée hier, que les effets différés du resserrement de la politique monétaire et du resserrement général des normes de crédit au premier semestre 2023 deviendront progressivement plus visibles dans les données économiques. Nous sommes assez proches du taux de chômage le plus bas de ce cycle et le second semestre 2023 montrera probablement une détérioration des conditions économiques, ce qui permettra à l'inflation salariale de diminuer progressivement.