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[Point de vue] "La méthodologie SBTi comporte des limites"

Réaction de la startup climate-tech Sami suite au dépot fin mars, par 16 investisseurs d’Engie,  d'une résolution pour voter sur le plan climatique du groupe lors de l’AG du 26 avril.

16 investisseurs d’Engie (1,5% du capital) ont déposé fin mars une résolution pour voter sur le plan climatique du groupe lors de l’AG du 26 avril. C’est le premier groupe coté français visé en 2023 par une résolution climatique.

Au cœur des revendications :

  • plus d’informations pour évaluer si la stratégie d’Engie s’aligne sur les objectifs des Accords de Paris de limiter le réchauffement à 1,5°,

  • faire un vote tous les 3 ans sur cette stratégie et tous les ans pour la mise en œuvre.

Engie a pris les devants en répondant avant l’AG à ces deux demandes :

  • le groupe refuse de modifier les statuts pour organiser un vote tous les trois ans sur leur stratégie climat, “s’étant déjà engagés auprès d’eux à les consulter tous les 3 ans”;

  • le groupe a partagé quelques informations sur leur plan de réduction des émissions (le 17 avril), en apportant notamment l’argument que leur plan climat a été certifié SBTi (Science-Based Target Initiative) qui décerne une certification aux entreprises lorsque leurs objectifs de réduction de leurs émissions sont jugées conformes aux objectifs climat fixés par l’Accord de Paris.

L’ONG Reclaim Finance a rapidement réagi en alertant sur l’opacité de leur communication quant à son mix électrique en 2025 et 2030, Engie “ne publiant qu’à travers quelques graphiques non chiffrés”. Par ailleurs, aucune date n’a été fixée pour la
sortie du groupe des énergies fossiles : “au-delà de 2030, c’est une boîte noire”.

Sami soulève un autre point : la méthodologie SBTi utilisée par Engie et censée prouver le sérieux de ses engagements comporte des limites. Comme le montre la récente étude du New Climat Institute et Carbon Market Watch, les objectifs de neutralité de 24 multinationales (Engie n’est pas citée ici), responsables à elles seules de 4% des émissions mondiales, manquent d’ambition et de fiabilité sur leurs engagements et actions climat à l’horizon 2030. Les objectifs de 16 d’entre elles ont pourtant été validées par la SBTi.

“Certes, ce rapport de NCI et CMW montre que les grandes entreprises ont des objectifs climat peu ambitieux, mais le problème est plus profond car même les méthodes de référence internationale de définition d’objectifs sont insuffisants pour traduire l’engagement des entreprises”, estime Guillaume Colin, Head of Climate Expertise Sami.

La résolution déposée par les investisseurs d’Engie montre aussi que la responsabilité climatique des multinationales est de plus en plus prise à partie. Les pressions se font également nombreuses :

  • de la part de l’Etat via le renforcement législatif, notamment via la CSRD qui est une réglementation européenne qui va obliger 50.000 entreprises européennes dès 2024 à reporter une centaine d'indicateurs RSE, dont les émissions carbone et le plan climat. Le but : accélérer leur transformation écologique et sociale.

  • de la part des collaborateurs ou futurs recrutés, comme l’ont montré par ex les nombreux discours d’élèves lors des remises de diplômes des grandes écoles françaises.

  • de la part des actionnaires, que ce soit chez Engie mais aussi chez Total Energies, où l’association Follow This a déposé début avril avec des investisseurs une résolution qu’ils comptent soumettre à l’AG de l’entreprise pour l’inciter à se fixer des objectifs de baisse de leurs émissions de GES.

Pour répondre à ces sollicitations, les grandes entreprises doivent mettre en place une stratégie climat à la fois ambitieuse et transparente, et donc, bien s’équiper et suivre les bonnes méthodologies. Avoir un plan climat certifié par la SBTi ne suffit pas : il faut avant tout mesurer au plus juste ses émissions et mettre en place un plan d’action de réduction qui leur permettra d’atteindre leur objectif de neutralité. Certains labels ou certifications permettent d’identifier les solutions conformes à la méthodologie d’organismes publics comme la certification Bilan Carbone® obtenue récemment par Sami (moins de 10 plateformes sont aujourd’hui certifiées !).

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