Le nombre de procédures augmente de 43,6% sur un an, renouant avec les niveaux d’avant crise
- En hausse de 43,6% vs. le 1er trimestre 2022, les défauts remontent au niveau du 1er trimestre 2018
- 10730 liquidations judiciaires directes, au plus haut depuis 2017
- Fragilité et menace d’emplois pour les PME-ETI : 1125 défaillances, niveau jamais vu depuis 2015
- Bonne résistance des très jeunes entreprises post-Covid (-21%)
- Les agences immobilières, le commerce de détail et les transports routiers de marchandises sont les plus fragilisés. La construction résiste mieux. - Ile-de-France, PACA et Centre-Val-de-Loire retrouvent des niveaux similaires à début 2019
Le groupe Altares, expert historique et référent de la data d’entreprise publie les chiffres des défaillances d’entreprises en France pour le 1er trimestre 2023. Avec 14 317 procédures collectives ouvertes depuis le début de l’année, le niveau des défaillances augmente de près de 44% par rapport au 1er trimestre 2022. Après être tombées à des seuils historiquement bas en 2021, les défaillances retrouvent désormais des niveaux d’avant crise.
La hausse des ouvertures de procédures davantage concentrées en 2022 sur les activités à destination du consommateur se propage également sur celles à destination de l’entreprise.
En région, l’Ile-de-France repasse juste au-dessus de 3 000 procédures comme début 2019 mais la Bourgogne-Franche-Comté, les Hauts de France, la Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie et les Pays-de-la-Loire sont déjà en ce début d’année au-delà des valeurs de début 2018.
Selon Thierry Millon, directeur des études Altares : « Avec 14317 défaillances enregistrées, ce premier trimestre se situe dans la moyenne calculée par Altares sur 25 ans. Une période en trois phases. Du début des années 2000 jusqu’à la crise financière en 2008, chaque premier trimestre comptait en moyenne 12 500 procédures. La crise des dettes souveraines qui a ensuite secoué l’Europe à partir de la fin 2009 a engendré plus de 17 000 défaillances en moyenne chaque premier trimestre jusqu’en 2017. Depuis 2018, cette moyenne trimestrielle retombe sous 12 500, proche des valeurs d’avant 2008 à la faveur d’une année 2021 au plus bas depuis plus de trois décennies.
Ce début d’année 2023 est donc loin de signer un record de défaillances, toutefois la tendance historique de 2022 (+50%) s’essouffle à peine (+44%). Pire, le référentiel 2019 est déjà parfois dépassé. C’est en particulier le cas pour les PME dont le nombre de défaillances (1125) est désormais comparable au seuil de 2016.
Les TPE ne sont pas épargnées, plus des trois quarts (77%) sont immédiatement liquidées. Le nombre de liquidations directes (10 730) est ainsi au plus haut depuis 2017.
Si la volumétrie des défaillances peut paraitre conforme aux attentes, il demeure que le rythme ne ralentit pas et cela sans que les assignations URSSAF ne gonflent encore les ouvertures. Amortisseur social et économique durant la Covid, partenaire de la relance pendant la reprise, l’Urssaf reprend désormais progressivement les procédures de recouvrement pour lui permettre à la fois de répondre à sa mission de financement de la protection sociale mais aussi garantir l’équité entre les entreprises. Dans ces conditions, et en dépit d’une meilleure résistance des très jeunes entreprises, le niveau des défaillances d’entreprises devrait, comme envisagé il y a quelques mois, avoisiner voire dépasser le seuil des 55 000. »
Les défaillances d’entreprises retrouvent leur niveau d’avant crise, alors que les liquidations judiciaires directes sont à un niveau historiquement haut
Avec 14 317 entreprises tombées en défaillance au premier trimestre 2023, le volume de défaillances est en hausse de 43,6% par rapport à la même période une année plus tôt. La France retrouve ainsi exactement sa sinistralité de début 2018, proche de 2019.
Avec 307 jugements enregistrés ce trimestre, le nombre de procédures de sauvegarde augmente de 39,5%. Toutefois, ce dispositif réservé aux seules entreprises n’étant pas en cessation de paiement, représente seulement 2,1% de l’ensemble des procédures.
Les procédures de redressement judiciaire (RJ) sont quant à elles en hausse rapide de 49,9% pour 3280 jugements prononcés, mais demeurent plus faibles qu’au premier trimestre 2019 (4 057). Elles représentent moins d’un jugement sur quatre (23%) et concernent des structures de plus grande taille. Depuis janvier 2023, 27 sociétés de plus de 100 salariés ont été placées en redressement judiciaire, alors qu’on en comptait moitié moins un an plus tôt.
Les liquidations judiciaires directes sont également en forte augmentation (+41,9%). Leur nombre (10 730) est ainsi à son plus haut niveau depuis 2017 (10 802).
Nombre de défaillances d’entreprises par type de procédure par trimestre
Données arrêtées au 1er avril de chaque année
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Une résistance accrue des très jeunes entreprises post Covid
Une entreprise défaillante sur dix a moins de deux ans. Un ratio particulièrement bas, alors que les entreprises créées pendant la crise sanitaire avaient été près de 2 000 à défaillir durant la pandémie. Elles sont 500 de moins sur ce premier trimestre 2023, et sont pour une écrasante majorité (94%) des sociétés commerciales.
1 520 entreprises de moins de trois ans ont fait défaut, c’est 21% de moins sur un an. Les sociétés ayant trois années ou plus sont en revanche plus vulnérables, notamment celles de 6 à 15 ans. Plus de 5 800 ont défailli, soit 68% de plus qu’un an plus tôt.
Sévère tendance de défaillances pour les PME et les ETI
Près de 13 200 entreprises défaillantes comptent moins de 10 salariés. Si ces TPE restent, de loin, les plus nombreuses (92%), les PME-ETI affichent des tendances plus sévères. 1 125 sociétés d’au moins 10 salariés ont fait défaut au cours de ce premier trimestre 2023. Ces défaillances ont bondi de 59% sur un an et sont désormais supérieures à celles enregistrées début 2016 (1 092).
Le secteur textile-habillement concentre plusieurs défauts de PME ce trimestre. Il est suivi par le bâtiment, le transport routier de marchandises, la restauration mais aussi des activités sociales en particulier l’aide à domicile et l’action sociale. Dans ces conditions, 59 000 emplois sont menacés dont 12 000 sur la seule société Orpea qui a sollicité et obtenu l’ouverture d’une procédure de "sauvegarde accélérée". Si on exclut la procédure particulière Orpea, ce sont donc 47 000 emplois menacés : un nombre au plus haut depuis 2017.
Les secteurs d’activité retrouvent au mieux leurs valeurs de début 2019
COMMERCE Le commerce interentreprises repasse au-dessus de 600 défauts (610 ; + 46 %) pour la première fois depuis début 2019 mais demeure sous les 649 de cette période. Deux activités se distinguent. Si les grossistes alimentaires (101) remontent à leur niveau de début 2018, ceux des matériaux de construction (61) en revanche retrouvent à peine le volume de 2020. Le commerce de détail fait moins bien (1933 ; + 49 %) et remonte déjà aux valeurs de 2018. Le détail alimentaire souffre particulièrement (361 ; + 60%) et approche la valeur de 2017 (379). Les magasins multi-rayons (279 ; + 47 %) sont même au-delà des défaillances de 2017. La vente hors magasin (294 ; + 41 %) retrouve sa sinistralité de début 2018. Il s’agit pour l’essentiel de ventes sur les marchés et sur les plateformes. En revanche, si les tendances restent fortes, le niveau des défaillances reste en-dessous de 2019 dans le sport & loisirs (109 ; + 70 %), le commerce d'habillement (287 ; + 66 %) en dépit des défauts de grandes enseignes, et dans le soin de la personne & optique (96 ; + 55 %). Le commerce et réparation de véhicules (618 ; + 31 %) est sévèrement orienté. Au cours des quinze dernières années, seul le premier trimestre 2014 a comptabilisé un volume comparable. |
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RESTAURATION Le secteur de la restauration (1669 ; + 62 %) enregistre son pire volume de défaillances depuis 2016 (1750). En restauration traditionnelle, l’évolution est encore forte (902 ; + 50 %) mais semble un peu ralentir par rapport aux trimestres précédents. En revanche, la tendance reste vive (699 ; + 80 %) en restauration rapide. Les débits de boisson (286 ; + 42 %) conservent un niveau de défauts sous celui de début 2019 (327). L’hébergement (112 ; + 58 %) retrouve son niveau du premier trimestre 2019. |
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SERVICES AUX PARTICULIERS Dans le secteur des services aux particuliers, les salons de coiffure et instituts de beauté repassent pour la première fois depuis le premier trimestre 2015 la barre des 500 procédures (507 ; + 44 %). Dans les autres activités, les activités récréatives, celles de santé humaine et action sociale, et d’enseignement comptent désormais plus de 200 défaillances chacune, mais se maintiennent néanmoins sous les seuils de début 2019. |
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CONSTRUCTION La construction est à son tour rattrapée par l’envolée des défaillances (3379 ; + 42 %) mais tient encore et demeure sous le niveau de sinistralité de début 2019 (3521). Une performance portée par le BTP (2801 ; + 43 %) tandis que l’immobilier est plus en difficulté. Avec 578 procédures (+ 39 %), ce dernier revient à ses valeurs de début 2018. Ce trimestre, la tendance est très sévère pour la promotion immobilière (87 ; + 107 %) et l’agence immobilière (192 ; + 96 %) qui est au plus haut depuis début 2015 (218). |
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INDUSTRIE MANUFACTURIERE / AGROALIMENTAIRE Dans l’industrie manufacturière (545 ; + 38 %) les défaillances sont encore un peu moins nombreuses que début 2019 (573). Toutefois, la situation varie selon les activités. Ainsi, la sinistralité revient au niveau de 2020 dans le bois et matériaux de construction (44 ; + 47 %) et dans l’imprimerie (49 ; + 58 %), approche les valeurs de 2019 dans le textile - habillement (52 ; + 33 %) mais dépasse ce référentiel dans la métallurgie – mécanique (94 ; + 31 %) voire celles de 2017 dans la réparation – maintenance (94 ; + 57 %). L’agroalimentaire est à un plus haut sur plus de dix ans avec 501 procédures (+ 86 %). Le secteur concentre essentiellement la fabrication de produits de boulangerie-pâtisserie et pâtes. 373 procédures (+63 %) ont été ouvertes, un niveau qui n’avait plus été approché depuis début 2017 (382). |
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SERVICES AUX ENTREPRISES Le secteur des services aux entreprises présente une hausse globale de + 38 % pour 1822 procédures, un nombre qui n’avait plus été atteint depuis 2017 (1845). Dans les services administratifs aux entreprises, la barre du millier de procédures n’est pas encore franchie (923 ; + 32 %) contrairement à début 2019. En revanche, les défaillances d’entreprises des activités scientifiques et techniques (899 ; + 45 %) sont plus nombreuses que début 2018 (868). C’est notamment les cas des activités de conseil en communication et gestion et les services d'architecture et d'ingénierie. |
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TRANSPORTS 363 (+ 40 %) transporteurs de marchandises sont tombés en défaillance au cours du premier trimestre 2023. La barre des 300 procédures n’avait plus été franchie depuis 2017 (338). Le transport routier de voyageurs affiche une faible augmentation (+ 5 %) du nombre de défaillances d’entreprises, soit 135 procédures, un niveau encore en-dessous de la valeur de début 2020 (139). |
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AGRICULTURE L’agriculture limite la hausse du nombre de défauts sous 3 % à 284, un nombre proche de celui de début 2020 (280). |