4ème édition de l’Observatoire du sens de l’argent, publié par le Crédit Coopératif et Viavoice.
Parmi les principaux enseignements de cette 4ème édition : les Français considèrent qu’il existe un lien entre l’argent gagné et le mérite (59%), mais ce taux baisse au sein de leur propre entreprise (41% parmi les actifs) et encore plus à l’échelle de la société française (30%). Cela traduit un sentiment d’injustice sur l’organisation de la société dans l’esprit des Français.
Toutefois, et contrairement aux idées reçues, l’argent n’est pas perçu négativement, il semble être pour les Français tout autant la cause qu’un des moyens de réduire les inégalités. Les Français sont néanmoins 65% à estimer manquer d’argent. Pourtant, il est aussi porteur d’espoir et de soulagement.
Un sentiment diffus des Français selon lequel la société n’est pas juste
Cette édition de l’Observatoire du sens de l’argent s’est intéressée à la notion de mérite, car il reflète les questionnements qui se posent actuellement dans la société française. Ainsi, près de 6 Français sur 10 estiment que dans leur cas personnel, il existe un lien entre argent gagné et mérite. Un chiffre qui chute cependant à 30% quand on leur demande ce qu’il en est à l’échelle de la France. Ce décrochage souligne un décalage entre la perception de la société qu’ont les Français et leur situation personnelle.
Cette notion de mérite imprègne en profondeur la société française : 53% des sondés souhaiteraient que la société évolue vers le « mieux vivre de son travail par une meilleure rémunération ». 36% estiment qu’il est prioritaire de réduire les inégalités sociales et 21% qu’il faut rendre la société française plus solidaire. A noter qu’ils sont 49% à attribuer un rôle curatif à l’argent pour réduire les difficultés sociales et écologiques.
Une vision toute relative des Français sur leur situation
C’est ainsi que près de 7 Français sur 10 (65%) ont le sentiment de manquer d’argent pour des postes clés de leur vie : 56% citent l’incapacité à faire face à un coup dur (un chiffre qui grimpe à 69% chez les 65 ans et plus) et 50% mentionnent les dépenses contraintes (logement, gaz, eau, électricité, etc) et 41% les dépenses alimentaires.
Quant aux vacances, aux achats plaisir pour eux-mêmes et leurs proches et aux loisirs, cette impression de manque concerne 67% des sondés. Et d’ailleurs, lorsqu’on interroge les Français sur le niveau de rémunération (net après impôt) à partir duquel ils se sentiraient à l’abri, ils indiquent en moyenne un montant de 3 061€ alors que le salaire moyen en France est de 2 520€ (net après impôt) dans le secteur privé. Ce chiffre confirme l’expression de manque d’argent de la part des personnes interrogées.
Pour autant, quand on demande aux Français comment ils évaluent leur situation économique au regard du contexte actuel, ils sont 4 sur 10 à s’estimer « ni favorisés ni défavorisés ». Dans le détail, 28% des Français s’estiment favorisés, 27% défavorisés. Cet élément conforte donc le fait que les Français auraient tendance à relativiser lorsqu’il s’agit d’eux-mêmes, en évaluant leur propre situation plutôt positivement.
Les Français pessimistes mais pas fatalistes sur le rôle de l’argent
Au regard des différents constats évoqués précédemment, un paradoxe supplémentaire émerge. L’argent peut susciter des émotions positives chez les Français ! Il est avant tout pour les Français porteurs d’espoir (41%), de soulagement (41%), d’envie (34%), de joie (32%) et d’enthousiasme (29%). Puis, ensuite seulement, arrivent les notions de frustration (23%) ou de peur (13%).
A noter aussi que les Français, s’ils sont pessimistes au regard de la situation économique, ne sont pas fatalistes puisqu’ils sont 62% à penser qu'il est possible de changer ce qui ne va pas dans la société. D’ailleurs, les Français estiment que l’argent est tout autant la cause (49%) que la solution aux difficultés sociales et écologiques (45%).
Ces résultats peuvent témoigner du sentiment de mauvaise utilisation de l’argent au sein de la société : l’argent pourrait contribuer à réduire ces difficultés, mais actuellement il en est plutôt la cause, puisqu’il est source d’inégalités.
Le questionnement sur le rôle des banques
Les différentes réponses mettent aussi en perspective une véritable contradiction : les Français déclarent attendre avant tout de leurs banques des bénéfices individuels : qu’elles leur coûtent le moins cher possible (57%) / qu’elles soient à l’écoute de leurs besoins et demandes (54%) / qu’elles soient souples en cas de difficultés financières (42%).
Dans le même temps, ils déplorent qu’elles n'aient pas un impact plus positif sur la société ! 36% pensent qu’aucune banque ne se préoccupe de l’intérêt collectif, et seulement 8% qu’il existe des banques qui s’en préoccupent vraiment.
La méconnaissance de l'économie et du système financier par 61% des Français pourrait expliquer la perception qu’ils ont des banques. En effet, près de 7 Français sur 10 (67%) ne savent pas ce que leur banque fait de leur argent. Pour 35% des Français, il n'est d’ailleurs pas possible de savoir comment les banques utilisent l'argent déposé chez elles ; 26% estiment que cela est possible dans certaines banques uniquement et seuls 17% pensent que cela est possible de manière générale dans les banques (22% NSP). Ceci démontre la nécessité d’un effort de pédagogie et de transparence de la part de ces dernières.
Virginie Dulchain, directrice du développement du Crédit Coopératif, affirme : « Cette nouvelle édition démontre les attentes légitimes des Français vis-à-vis de leur banque : un service de proximité, une tarification raisonnable et un impact positif et démontré sur la société. C’est bien le sens de l’action du Crédit Coopératif depuis 130 ans, incarner une entreprise répondant aux attentes commerciales, sociétales et environnementales des Français, et à travers ses prises de positions fortes en tant que coopérative, entreprise et acteur économique. »
Cette édition de l’Observatoire met donc en lumière de nombreux paradoxes au sein de la population française. Ainsi, les conceptions de l’argent ne dépendraient pas uniquement du solde de son compte en banque ou de son bagage culturel, mais aussi du sentiment qu’il existe ou non un lien entre ce qui est gagné et ce qui est mérité.