Alors que la Première ministre vient de recourir à l'article 49.3 de la Constitution pour faire passer en force la loi sur les réformes des retraites, la question de l’emploi des seniors est plus que jamais sous le feu des projecteurs. LeHibou, plateforme d’intermédiation entre freelances IT et grandes entreprises, compte dans ses rangs plusieurs retraités qui continuent, par choix, de travailler en tant qu’indépendants. Ces derniers soulignent notamment que leur âge est moins un facteur discriminant en tant que freelance qu’en tant que salarié, où les seniors peuvent vite se sentir « mis au placard ». La plateforme constate quant à elle que des discriminations persistent chez ses grandes entreprises clientes.
De nombreux aprioris qui persistent sur les seniors freelances
Chez LeHibou, 25% des freelances de la communauté ont plus de 45 ans et les grands groupes du CAC40 qui sont leurs principaux clients ont souvent tendance à ne pas privilégier cette tranche de population pour leurs missions. Manque de flexibilité, lacunes en compétences numériques, prix trop élevés … Les aprioris sur les seniors freelances sont nombreux, ont la vie dure et peuvent peser sur une fin de carrière. Pourtant, alors que le débat sur la réforme des retraites déchaîne l’actualité, il devient nécessaire de repenser notre rapport au travail et de mettre en lumière les qualités inhérentes aux seniors. En particulier chez les freelances qui apportent une flexibilité supérieure à celle du CDI pour les entreprises.
Des efforts sont à noter du côté du gouvernement, qui a annoncé la création d'un index sur l'emploi des seniors qui obligera toutes les entreprises de plus de 300 salariés à renseigner leur taux de recrutement et d'emploi des employés seniors à partir de fin 2024, et dès cette année pour les entreprises de plus de 1 000 salariés. De plus, le Sénat a voté pour la création d'un nouveau contrat de travail, le CDI senior pour les plus de 60 ans.
Le freelancing : une solution « idéale » pour un passage à la retraite progressif ?
LeHibou estime que les freelances seniors peuvent contribuer à répondre à la problématique des quotas de seniors imposés aux grandes entreprises par le gouvernement. Les freelances de plus de 55 ans sont flexibles pour les entreprises qui les engagent via un contrat de prestation intellectuelle. Parmi les qualités que nous pouvons souligner chez ce public, il y a l’expertise dans les métiers de l’IT, l’expérience longue et la capacité d’analyse, l’adaptabilité, la fiabilité ou encore la disponibilité. De plus, contrairement aux idées reçues, les tarifs des seniors freelances n’augmentent pas éternellement. On constate au contraire que leur TJM (Taux Journalier Moyen) baisse entre 55 et 65 ans.
Malgré les choix biaisés des entreprises clientes constatés par LeHibou, les témoignages des membres seniors de sa communauté sont plus enthousiastes : le freelancing peut être une solution pour les dernières années de carrière, voire même une fois la retraite obtenue.
2 témoignages
- Nathalie Rodrigues-Gey, Cheffe de projet senior : « Experte des systèmes informatiques, je suis à la retraite mais continue de travailler par choix et envie en tant qu’indépendante.
En fin de carrière, il arrive régulièrement que des salariés soient mis au placard, alors qu’en tant que freelance on choisit ses missions et on conserve son épanouissement professionnel.
La clé de la réussite pour les seniors, c’est d’être toujours curieux et de se former en permanence aux nouvelles technologies et méthodes de travail. Mais il ne faut pas oublier que nos profils sont recherchés ! En effet, les clients apprécient les seniors freelances pour leur longue expérience et leur niveau d’expertise. »
- Stéphane Ripoll, Chef de projet senior : « J’ai fait valoir mes droits à la retraite il y a de cela trois ans mais je continue de travailler en tant qu’indépendant uniquement lorsque les missions m’intéressent, c’est un bonus. J’ai travaillé toute ma vie en tant que salarié, et j’ai subi des discriminations liées à mon âge en fin de carrière : on m’a poussé vers la sortie. Passé 50 ans on m’a mis au placard, fait comprendre que j’étais devenu un obstacle à la vente …
On ne m’a pas dit directement que j’étais trop âgé, mais c’était implicite. C’est une aberration très française de discriminer les personnes en fin de carrière.
À l’inverse, en tant que freelance les clients ne s’arrêtent pas sur mon âge, ils regardent juste mes compétences, mon dynamisme et mes résultats. D’ailleurs le fait d’être à la retraite me donne une certaine hauteur sur ce qui est fait au sein d’une entreprise.
Si je devais donner un conseil à un freelance senior, je lui dirais de continuer à cultiver son réseau peu importe son âge, c’est comme ça que j’ai obtenu la plupart de mes missions. J’ai un contrat en cours qui se termine en juin 2024, j’aurais alors 70 ans. On verra si je continue ou pas ! »