Hommes, femmes : qui intervient en bourse, sur quel type de titres, dans quelle tranche d’âge ?
L’Autorité des marchés financiers (AMF) a analysé le profil des investisseurs français qui ont acheté et vendu des titres financiers en 2022. Il en ressort que trois investisseurs actifs sur dix sont des femmes et que les hommes réalisent davantage de transactions.
Dans le cadre de la réglementation sur les marchés d’instruments financiers, les établissements financiers sont tenus de réaliser une déclaration pour chaque transaction réalisée, sur laquelle figure l’identité du bénéficiaire de manière systématique. Ces déclarations permettent donc aux régulateurs de mieux connaître le profil des investisseurs et leurs comportements.
Après deux premières études menées en avril 2020 et en novembre 2021, l’AMF publie une nouvelle analyse. Celle-ci a porté sur les transactions réalisées en 2022 par des investisseurs particuliers de nationalité française sur des instruments financiers français, à l’exclusion des transactions réalisées via un compte commun.
Les investisseurs actifs en 2022, c’est-à-dire ceux qui ont effectué au moins une opération en bourse à l’achat ou à la vente sur l’année, représentent 2,1% de la population française et 30% sont des femmes. Par définition, l’étude ne tient pas compte des hommes et des femmes qui détenaient des titres au 31 décembre 2021 et qui ne sont pas intervenus à l’achat et à la vente sur l’ensemble de l’année 2022.
La proportion par classe d’âge des investisseurs actifs rapportée à l’ensemble de la population féminine ou masculine permet de constater un comportement différencié entre les hommes et les femmes. Les hommes actifs en bourse sont représentés dès les premières tranches d’âge, jusqu’à 4,7% pour les 25-29 ans et 4,5% pour les 30-34 ans. Cette proportion augmente plus progressivement au fil des classes d’âge parmi la population féminine. L’étude montre également que les hommes réalisent un nombre de transactions 1,5 à 2 fois plus élevé que les femmes, quelle que soit la tranche d’âge, pour des montants par transaction assez proches.
Pour 78 % d’entre eux, les investisseurs actifs ont privilégié les actions, loin devant les fonds cotés sur indices (exchange traded funds en anglais ou ETF), les instruments plus complexes parmi lesquels les warrants, les certificats ou les contrats dérivés, et loin devant les obligations.
Pour chacune des tranches d’âge, l’étude dresse le portrait-type de l’investisseur et de l’investisseuse en donnant le nombre de transactions réalisées par an, le nombre d’instruments traités par an, le montant par transaction sur action, la valeur du portefeuille et le palmarès des trois actions les plus traitées.
Une édition spéciale issue du baromètre de l’épargne et de l’investissement
A l’occasion de la dernière édition de son baromètre sur l’épargne et l’investissement, l’AMF avait interrogé, en octobre 2022, un panel de 2 000 hommes et femmes sur leurs attitudes et perceptions. Elle publie ce jour une analyse consacrée aux femmes et l’investissement. Celle-ci revient sur leurs réponses concernant la détention de produits financiers, leur connaissance, le recours à un conseiller, leur ouverture au risque et leur intérêt pour les placements en actions.
Invitées à évaluer leur niveau de connaissance en matière d’épargne et de placements, seules 29% des femmes estiment s’y connaître, contre 42% des hommes. Dans le même temps, elles indiquent plus fréquemment que les hommes se tourner vers un conseiller ou des proches pour s’informer avant de souscrire à un placement.
Moins optimistes que les hommes quant à l’évolution de leur propre situation économique et financière, les femmes sont moins nombreuses que les hommes, en proportion, à montrer de l’appétit pour des placements non garantis. 48 % des femmes interrogées indiquent refuser toute prise de risque en matière de placements, contre 36% des hommes.
« L’AMF a souhaité apporter sa contribution à l’analyse des différences de comportement entre les hommes et les femmes en matière d’épargne et d’investissement en bourse. Au-delà de l’impact des différences de revenus et de patrimoine, l’étude inédite de nos équipes montre des différences assez nettes. Les femmes ont tendance à réaliser moins de transactions, les hommes commencent à investir plus jeunes.
Ces constats concordent avec les résultats issus de notre baromètre de l’épargne, révélant un moindre intérêt pour la bourse et une plus grande aversion au risque exprimés par les femmes. L’AMF, mais aussi l’ensemble des acteurs de la Place de Paris, doivent encourager les femmes à s’intéresser davantage à leur épargne et à acquérir les bons réflexes d’investissement » conclut Marie-Anne Barbat-Layani, la présidente de l’AMF.