Commentaires de Brian Coulton, Chief Economist chez FitchRatings
Les achats d'actifs combinés de la Réserve fédérale, de la BCE, de la Banque d'Angleterre (BOE) et de la Banque du Japon (BOJ) seront négatifs à hauteur de 1 000 milliards de dollars en 2023 et 2024, ce qui entraînera une modification massive du flux de liquidités des banques centrales, indique Fitch Ratings dans un nouveau rapport.
Ce resserrement quantitatif (QT) mondial à grande échelle constituera un contraste frappant avec 2022, lorsque les achats de la BCE et de la BOJ ont dépassé - en termes absolus - la baisse des avoirs d'assouplissement quantitatif (QE) de la Fed et de la BOE. L'année dernière, 500 milliards de dollars supplémentaires ont été consacrés à l'assouplissement quantitatif au niveau mondial, après 5 000 milliards de dollars en 2020 et 3 000 milliards de dollars en 2021.
Le QT augmentera l'offre d'obligations d'État que les marchés doivent absorber, à un moment où les nouveaux emprunts publics sont encore importants. Les marchés obligataires américains devront absorber 2 100 milliards de dollars de titres supplémentaires au cours de l'exercice financier se terminant fin septembre 2023, compte tenu du déficit budgétaire prévu de 1 400 milliards de dollars et d'une réduction d'environ 700 milliards de dollars des titres du Trésor américain détenus par la Fed.
Le choc sur l'offre d'obligations d'État de la zone euro sera encore plus dramatique. Les emprunts publics de la zone euro ont, dans l'ensemble, été inférieurs aux achats d'obligations de la BCE la plupart des années depuis 2015, ce qui a entraîné une baisse des avoirs sur le marché. Mais en 2023, le marché devra augmenter ses avoirs d'environ 650 milliards d'euros.
Le QT pourrait mettre à l'épreuve la résilience du fonctionnement du marché obligataire, qui a été faussé par le QE. Certains signes indiquent que la profondeur et la liquidité du marché des obligations américaines sont plus faibles que par le passé. L'épisode de "ruée vers les liquidités" en mars 2020 a mis en évidence le rôle des ventes par les fonds communs de placement et les investisseurs à effet de levier. Les taux de rotation ont chuté et la capacité des négociants primaires à intensifier l'intermédiation en période de pression du marché a été réduite. La récente crise des gilts britanniques a également révélé les risques que présentent les investisseurs à effet de levier pour le bon fonctionnement du marché obligataire.