Par Karim Jouini, CEO d’Expensya
Grandir par croissance externe pour une petite structure peut être considéré comme une démarche complexe et souvent réservée au grand groupe. Un défaut de compréhension qui peut laisser manquer au start up de réelles opportunités de développement. Pour les PME ambitieuses, la croissance externe est un moyen de développement très efficace.
La croissance externe désigne toutes opérations entreprises par une société dans le but de se rapprocher d’autres entités par une acquisition ou une fusion par exemple. Dans le domaine des fintechs et avec la nécessité d’atteindre une taille critique, une occasion en or est alors à saisir pour ces start-ups innovantes. Quel est le rôle des fintechs dans le secteur financier et notamment les banques ? Et comment les fintechs peuvent tirer bénéfice de l’inertie des établissements financiers pour assurer leur croissance ?
Les fintechs : l’Eldorado du secteur financier !
Avec la transition digitale connue ces dernières années, plusieurs start-ups ont vu le jour. Beaucoup plus agiles, innovantes et technologiques, elles ont gagné du terrain. La fintech fait référence aux entreprises technologiques qui challengent les acteurs historiques de la finance et de la banque en proposant des services financiers innovants et complètement digitalisés.
Bien qu’elles aient émergé plusieurs années auparavant, les fintechs ont connu un essor exponentiel ces dernières années. 105 Mrds$ est le montant d’investissement dans les fintechs en 2020, année de crise pour de nombreux secteurs. Ce développement a été possible pour plusieurs raisons comme l’attrait de plus en plus important du public pour les solutions digitales et l’évolution du stockage et de traitement des données numériques avec la démocratisation du cloud et de l’open data qui permettent d’exploiter les données largement.
La fintech VS la banque traditionnelle
Au tout début de leur émergence, les entreprises fintech étaient perçues par les banques traditionnelles comme une menace en raison de leurs nombreux avantages pour l’utilisateur comme l’intégration des nouvelles technologies, un service aux consommateurs beaucoup plus simplifié et la flexibilité des services online.
En matière d’innovation, les banques traditionnelles sont en retard avec des procédures archaïques et souvent complexes. Le cadre réglementaire et les process existants font qu’elles ne peuvent pas suivre rapidement le changement et donc ne tirent pas profit des nouvelles technologies en temps voulu.
Rendant les process financiers plus accessibles aux personnes et notamment les jeunes et les milléniaux, la fintech opère avec des modèles d’exploitation amoindris et dépourvus de complications liées aux systèmes hérités. De surcroît, la fintech peut carrément détourner les réglementations défavorables. Grâce à une structure organisationnelle plate, les fintechs ont plus de facilité à modifier leurs process, à innover et revoir des systèmes qui ne marchent plus.
La fintech est agile et fonctionne de manière virtuelle, elle est accessible au consommateur donc fini les déplacements et les prises de rendez-vous. L’accès aux services financiers est beaucoup plus accessible : sur ordinateur ou via une application mobile, une fintech offre un accès à tout moment 24h/24 et 7j/7. Les acteurs de la fintech ont un mot d’ordre qui leur permet une croissance exponentielle : avancer là où les banques ont pris du retard !
Fintech et secteur financier : de la concurrence au partenariat
Avec le nombre croissant des fintechs qui opèrent déjà dans le secteur financier, une consolidation se met en place petit à petit. Si elles sont beaucoup plus agiles que les acteurs historiques du secteur financiers, elles n’annoncent pas pour autant leur déclin. Les fintechs ont initié un mouvement de changement et impactent sérieusement leur activité. C’est pour cela que plusieurs établissements financiers font de ces start-ups innovantes des alliés plutôt que des ennemies.
Une étude réalisée par le CGI confirme que 73% des 111 dirigeants des banques de détail interrogés souhaitent investir dans des partenariats avec des fintechs. Les banques et les fintechs ont plusieurs opportunités de collaborer. L’avantage qu’ont les banques est qu’elles ont déjà une certaine notoriété, une image bâtie au fil des années ainsi que la confiance de leurs clients. Les start-up fintech en revanche jouent sur le terrain de l’innovation, l’expérience client et la bonne utilisation des données. Les produits bancaires ne répondent pas assez à l’ère numérique et encore moins à une génération connectée, une collaboration avec les fintechs devient alors plus qu’évidente.
La Société Générale est le premier établissement bancaire français à collaborer avec une fintech avec l’acquisition de Fiducéo en 2015. S’ajoute à cela en 2018 l’investissement dans le capital de TagPay, l’acquisition de Lumo et la participation dans Reezocar. Elle continue d’intensifier ses interactions avec des start-ups en France et à l’international comme Treezor. BNP Paribas enrichit récemment son offre avec une solution complète de gestion de notes de frais ainsi que des cartes corporate en collaboration avec une fintech franco-tunisienne spécialisée dans la gestion des dépenses professionnelles. Ce partenariat lui a permis d’avoir accès à un nouveau marché qui n’était pas encore desservis et de profiter d’une expertise pointue en termes de technologies et de sécurité.
De plus en plus de fintech tire bénéfice du pouvoir d’investissement et de l’infrastructure des banques classiques. Une vraie mine d’or pour ces entreprises novatrices pour tester et mettre en œuvre leurs innovations et en augmenter l’étendue. Pour que la collaboration soit mutuellement enrichissante, il faut s’assurer de l’adéquation entre les technologies financières et les projets auxquelles elles répondent.
Collaborer avec des start-ups est une solution donnant-donnant qui permet aux acteurs du secteur financier de proposer de nouveaux services et aux start-ups de se développer. Selon une étude de Truffle Capital et Finance innovation, 86% des start-ups de la finance et de l’assurance françaises ont noué des partenariats avec de grandes entreprises dont 54% avec des banques. Le partenariat est une alternative Win-Win pour les PME et TPE pour éviter de rentrer en concurrence avec des grands groupes qui, de leur part, ont souvent du mal à suivre le changement technologique.