Le rapport de recherche de DWS a été conçu pour aider les investisseurs et les décideurs politiques à se concentrer sur les investissements nécessaires à la transformation de la nature, des villes, des bâtiments et des infrastructures.
DWS a publié son premier rapport de recherche « A Framework for European Transformation » dans le cadre de ses activités visant à répondre à la demande croissante de travaux de recherche et d'instruments financiers destinés à soutenir la prochaine transformation économique de la zone européenne.
Pour Francesco Curto, responsable mondial de la recherche chez DWS : « Les fondements sur lesquels la prospérité et la sécurité de l'Europe ont été construites au cours des soixante-dix dernières années ne sont plus adaptés à l'avenir. L’Europe doit faire face à des défis allant des changements intervenus dans le paysage géopolitique à la transition climatique, en passant par la démographie et la dynamique concurrentielle ».
L'Europe, et plus particulièrement l'Union européenne (UE), est en constante évolution depuis bien avant la création officielle de l'UE en 1993. Dans les décennies à venir, l'Europe devra réaliser des investissements considérables pour transformer ses économies, réduire ses dépendances extérieures et construire un paysage industriel durable - car le continent vise à protéger son niveau de vie élevé actuel et à poser les bases de sa prospérité future. Selon la Commission européenne, la transition verte et la transformation numérique de l'UE nécessiteront au moins 595 Mrds€ par an dans les secteurs des transports, du bâtiment, de l'électricité et de l'industrie.
DWS a annoncé la semaine dernière son intention de lancer une gamme de solutions d'investissement pour combler les lacunes en matière de financement de la transformation européenne et de financer un « Centre pour la transformation européenne » avec la Frankfurt School of Finance & Management.
Francesco Curto poursuit : « La transformation de l'Europe nécessite un important investissement en capital. Il est essentiel que le capital privé joue le rôle de catalyseur de cette transition et nous considérons que c'est l'une de nos responsabilités d'intervenir et d’y contribuer. Les marchés privés sont pour la plupart déjà assez matures pour permettre la transformation européenne. Le défi est plus grand pour les marchés publics, où tant les décideurs politiques que les investisseurs doivent changer leur approche et trouver un meilleur équilibre entre la dynamique à court terme et la vision à long terme ».
Le rapport est conçu pour aider à comprendre la mission et fournir des éléments de réflexion sur les actions politiques, réglementaires et liées au marché des capitaux qui sont nécessaires pour rendre possible la transformation de l'Europe afin de soutenir la prise de décisions pertinentes dans la politique et l'économie.
DWS a identifié quatre thèmes principaux qui offrent des opportunités immédiates pour mobiliser les capitaux privés afin qu'ils jouent un rôle actif dans la transformation européenne, en se basant sur la conviction que la structure à long terme des marchés privés est actuellement mieux adaptée pour conduire la transformation européenne :
- Transition écologique de l'UE : Une partie de la transition verte sera financée par l'UE et les États membres, mais il y aura toujours un manque de financement annuel important pour atteindre les objectifs.
- Transformation des entreprises européennes : Certaines transformations nécessiteront des investissements importants de la part des entreprises dans des domaines tels que les batteries et le développement du réseau électrique, et les régulateurs devront permettre la mise en place de structures de partenariat pour ramener en Europe les activités délocalisées en Asie.
- Transformer l'immobilier commercial et résidentiel européen : Touchant presque tous les secteurs de l'économie et de la société, l'immobilier jouera un rôle central dans la transformation de l'Europe. Qu'il s'agisse de la réduction des émissions de carbone, de la rénovation et de l'amélioration de la qualité du parc immobilier, de la prise en compte de la qualité de l'air, de la biodiversité, du manque d'eau ou du climat : l'investissement immobilier sera à la fois soumis à ces risques et contribuera à leur résolution. En outre, la disponibilité de logements abordables dans les zones urbaines devient un problème de société plus urgent dans de nombreux pays européens.
- Transformer les infrastructures européennes : La transformation de l'Europe ne peut se faire sans que les infrastructures sur lesquelles reposent l'économie et la société au sens large ne soient au cœur de ce changement. Les besoins en capitaux s'étendent à l'énergie, à l'industrie, à la mobilité et aux infrastructures sociales, où les actifs anciens doivent être transformés et les nouveaux actifs construits.
Le rapport de recherche identifie également les obstacles qui empêchent l'Europe de financer des projets transformateurs et souligne la nécessité d'élaborer des politiques transformatrices.
En ce qui concerne les investissements durables, qui représentent une part importante du financement, DWS a recensé six questions auxquelles les politiques européennes de financement durable doivent répondre :
- Simplifier la situation autour de l'ESG : les investisseurs passent beaucoup de temps à comprendre les données ESG, qui ont augmenté à plus de 10 millions de données couvrant 35 000 émetteurs et soulignant le risque opérationnel. Le rapport de recherche de DWS recommande de simplifier et d'intégrer les données dans les rapports financiers pour permettre aux investisseurs de se concentrer sur la question plus importante de la durabilité, ou double matérialité.
- Veiller à ce que les investisseurs des marchés publics ne soient pas désavantagés par rapport aux investisseurs privés ou financiers : Les marchés publics peuvent jouer un rôle essentiel dans la transition du capital vers un avenir plus durable en veillant à ce que les activités économiques « en difficulté » aient une bonne gouvernance et fonctionnent conformément aux exigences évolutives des investisseurs durables.
- Développer un ensemble de rapports sur la durabilité à « double impact », géré par un organisme indépendant : Le rapport de recherche de DWS estime que la durabilité exige des normes qui intègrent la science dans la finance, plutôt que la vision financière de ce que signifie la durabilité.
- Le plafonnement des frais au niveau du consommateur pour les produits qui sont uniquement axés sur le rendement financier et les produits qui sont durables par nature : Nous pensons que cela garantira que la pérennité n'est pas désavantagée dans les décisions d'allocation de capital, et que les frais supplémentaires serviront à mettre en place un cadre de confiance pour permettre la transition vers un avenir durable. L'Europe a un besoin urgent d'un Centre européen pour le changement climatique, qui pourrait être mis en place en suivant l'exemple du CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire).
- Développer un cadre pour classer les émetteurs dont les activités économiques sont reconnues comme présentant des risques pour l'environnement : A l'instar des banques, les entreprises dont les activités économiques sont potentiellement à risque de déstabiliser les écosystèmes sont reconnues comme étant des « risques systémiques ».
- Développer un cadre d'investissement pour l'approvisionnement des ressources considérées comme fondamentales pour la transition climatique : En ignorant l'idée que nous pouvons effectuer une transition vers le net zéro sans investir dans les mines, l'acier, le ciment ou le gaz, le résultat est que l'Europe crée des dépendances mondiales au moment même où d'autres pays développent des ressources stratégiques. L'UE doit développer de toute urgence une stratégie d'approvisionnement net zéro. La plupart des fonds divulgateurs des articles 8 et 9 ignorent ce fait.
Parmi les autres mesures et observations clés relevées dans le rapport de DWS figurent :
- L'Europe doit remédier à son manque de dynamisme. Alors que le capital-risque sur le continent est estimé à seulement 0,1 % du PIB de l'UE, l'absence de grandes entreprises liées aux technologies de l'information dans les actions européennes montre clairement que les investisseurs ont payé un lourd tribut en matière de lenteur et de croissance au cours de la dernière décennie.
- Les grandes entreprises européennes devraient envisager de nouveaux types de partenariats avec les gestionnaires d'actifs pour assurer la décarbonation des chaînes d'approvisionnement et la réduction permanente des émissions de carbone.
- En plus de transformer l'immobilier commercial européen existant, il devrait également être considéré comme un élément important des chaînes d'approvisionnement associées aux futurs changements géopolitiques.
- Les infrastructures européennes présentent des opportunités intéressantes étant donné le large éventail de projets associés à la création d'une économie résiliente au changement climatique.
- Les projets de transformation et les partenariats dans les marchés émergents doivent viser à garantir la durabilité tout au long de la chaîne d'approvisionnement en tant que point central des investissements.