La startup climate-tech Sami, qui permet aux entreprises de mesurer et réduire leur empreinte carbone, partage son dossier sur la décarbonation de la presse, établissant un état des lieux des émissions de la presse papier et numérique, et prodiguant des conseils pour les réduire.
Presse papier et numérique, d'où viennent les émissions de CO2 ?
Cette dernière décennie, la presse a changé de format, et le numérique a été privilégié au profit du papier, avec une circulation de l’information toujours plus rapide. En 2022, d'après l'ACPM, 63% des Français consultaient des articles de presse uniquement digitalisés. Or, si la presse joue un rôle majeur dans le fonctionnement de nos démocraties, elle a aussi un impact environnemental qui peut s’avérer difficile à percevoir et à mesurer.
Produire un article de presse en format papier demande un fort besoin en eau, en produits de traitement, et en chaleur de séchage. Ces processus industriels représentent à eux seuls 80% de l’empreinte carbone du papier. Ainsi, Il est estimé que les émissions de CO2 engendrées par un exemplaire de journal écrit sont de 200gCO2e.
La majorité des médias diffusent par ailleurs du contenu numérique en parallèle de leurs numéros papier. Cette catégorie d’émissions représente entre 1% et 10% des bilans carbone du secteur d’après une étude des clients Sami. La pollution numérique représente quant à elle 4% des émissions de CO2 et cela va encore être amené à augmenter. On estime d’ailleurs la pollution liée à la consultation d’une page d’un site d’information allant de 0,1 à 0,7 grCO2e émis. Tout cela dépend notamment de plusieurs facteurs :
- L’équipement, tel que l'ordinateur ou le téléphone. Ce dernier représente à lui seul 30% des émissions
- L'énergie, utilisée pour 30% des émissions, surtout au niveau des data centers
- Le réseau qui représente l’ensemble des infrastructures qui permettent de faire voyager l’information pour 40% des émissions.
Les publicités en ligne ne sont pas non plus en reste alors qu'elles sont une source importante voire vitale de financement pour les médias. En parallèle, la vidéo est un support d’information qui se répand de plus en plus mais qui reste très consommatrice en termes de bande passante, et donc en énergie. Il faut donc faire attention à un effet rebond car les lecteurs ont moins conscience des enjeux du numérique et n’ont pas l’impression de polluer en consommant des médias en ligne.
Comment réduire l’empreinte carbone de la presse ?
S’agissant de la presse écrite, le papier reste le premier poste d'émission (environ 10 541 tonnes de CO2 par an pour la presse quotidienne régionale), opter pour du papier recyclé semble donc une alternative intéressante. Passer à du 100% papier recyclé réduirait les émissions de 10 à 20% d’après les données de la DEFRA (Department for Environment Food & Rural Affairs - UK). Cependant, quand le support papier ne peut être évité, il existe des solutions qui permettent d’optimiser l’usage de ce support comme :
- Limiter le gâchis papier en analysant la demande pour optimiser le nombre de tirages
- Mettre en place un système d’abonnement afin de réduire les invendus
- Réduire le format du journal. Un format de poche nécessitera moins d’un papier qu’un format plus grand
- Optimiser le journal lors de sa rédaction afin de réduire le nombre de pages
- Utiliser du papier à faible grammage
- Se tourner vers du papier écolabellisé Forest Stewardship Council ® (FSC ®) ou certifié PEFCTM (Programme for the Endorsement of Forest Certification Schemes TM).
Rendre l’impression plus responsable, notamment en privilégiant l’impression offset par voie sèche, limiter l’impact du Fret en sourçant localement les matières premières, au plus proche du site d’impression, travailler avec des fournisseurs responsables, s'assurer de la revalorisation des journaux, est également essentiel.
Par ailleurs, pour que le numérique reste un avantage, il est important de mettre en place des actions pour s'inscrire dans une logique de Green IT: éco-conception du site et de la page web, limitation de la quantité de vidéos créées et visionnées afin d’alléger la bande passante, choix d’un fournisseur d'hébergement de données bas-carbone… de nombreuses démarchent existent.
La presse au service du climat
Sensibiliser la population aux enjeux climatiques pourrait bien être le super-pouvoir de la presse. Même si la couverture augmente, à l’heure où l’urgence climatique est de plus en plus palpable, seuls 0,7% des articles de la presse quotidienne régionale parlent du climat. Or cette prise de conscience climatique de la population est conditionnée par la qualité des informations avec lesquelles elles sont en contact.
Il existe pourtant 5 actions simples pour mieux informer le grand public qui peuvent être mises en place :
- Systématiquement relier les catastrophes climatiques au changement climatique,
- Sensibiliser toujours plus les journalistes à la question climatique,
- Donner plus de visibilité aux contenus scientifiques et sociologiques liés au climat,
- Créer une rubrique liée au climat,
- Participer à l’initiative d’engagement de la PQR/PQN pour le climat.