L’Alliance européenne des régions de production automobile demande la mise en place d’un programme de soutien de l’Union pour garantir une transition juste et équitable
Les membres de l’Alliance, réunis à Leipzig, ont présenté leurs propositions visant à préserver l’industrie automobile européenne qui représente 7,5 millions d’emplois
Pour surmonter avec succès les défis que représentent l’abandon progressif des moteurs à combustion et la numérisation, les régions d’Europe abritant une industrie automobile réclament un nouveau mécanisme de soutien de l’Union doté de fonds spécifiques, une analyse d’impact territorial adéquate des nouveaux règlements adoptés, ainsi que des mesures destinées à assurer la reconversion et le perfectionnement professionnels de la main-d’œuvre. Lors de la première réunion politique de l’Alliance des régions de production de véhicules automobiles, qui s’est tenue le 17 novembre à Leipzig, ses membres ont adopté une stratégie à court et moyen terme et ont discuté avec le commissaire européen Nicolas Schmit des mesures de soutien dont ont besoin les régions où l’industrie automobile est solidement implantée.
L’industrie automobile et équipementière européenne connaît une période de bouleversements et de transformation : les objectifs climatiques définis par l’UE dans le cadre du paquet « Ajustement à l’objectif 55 » impliquent une contribution significative du secteur du transport routier et ont donc des répercussions sur toutes les régions d’Europe abritant une industrie automobile. Cette dernière est fortement touchée par la transition écologique et numérique et emploie 7,5 millions de personnes dans les secteurs de la production et des services automobiles, soit plus de 6% de toute la main-d’œuvre européenne. La transition vers des véhicules numérisés et à émissions nulles aura une incidence considérable sur les écosystèmes automobiles et les structures socio-économiques des régions.
Sur les 29 régions membres de l’Alliance, 20 étaient représentées à Leipzig et ont exprimé les préoccupations de leur secteur automobile local. Compte tenu des exigences liées au déploiement de véhicules à émissions nulles aux fins d’atteindre les objectifs climatiques de l’UE, et des modifications qu’elles impliquent au sein de l’industrie automobile, l’Alliance plaide collectivement pour la création d’un mécanisme européen de soutien à une transition juste et équitable dans les régions abritant une industrie automobile et équipementière afin d’en minimiser les effets pernicieux sur l’emploi et de renforcer les capacités et les perspectives de reconversion technologique de l’industrie automobile européenne, en préservant sa compétitivité face à la concurrence mondiale en matière de recherche et d’innovation.
Michael Kretschmer, ministre-président de l’État libre de Saxe, a ouvert la réunion en déclarant : « L’industrie automobile a non seulement son berceau ici, en Saxe, mais elle représente aussi une technologie clé pour l’Allemagne. Grâce à une expertise remarquable et à son esprit d’innovation, la Saxe est en train de devenir un centre d’électromobilité. Les mutations structurelles et les objectifs climatiques sont porteurs de changements pour la Saxe et son industrie automobile. C’est la raison pour laquelle je suis reconnaissant envers l’“Alliance des régions de production de véhicules automobiles” pour l’échange qu’elle a permis d’engager en vue de mener à bien ensemble cet exercice de transformation. »
Patrick Molinoz (PES/FR), Vice-président de la région Bourgogne-Franche-Comté en charge des politiques européennes et des actions internationales, et membre du CdR, a commenté : « Le défi de la transition écologique et énergétique impose de profondes mutations industrielles qui bouleversent entreprises et salariés. Pour l’automobile, il est essentiel de ne pas limiter l'accompagnement de la transition aux grands opérateurs et de mettre en œuvre des mécanismes pour leurs sous-traitants, sans oublier la filière aval. L’alliance doit nous permettre à la fois de croiser nos meilleures pratiques régionales et de peser sur les choix stratégiques européens notamment afin d’adapter ou renforcer les régimes d’aide s’appliquant au domaine automobile. »
Les travaux futurs de l’Alliance se concentreront sur l’évaluation de l’impact qu’aura la transformation de l’industrie automobile et équipementière au niveau régional, sur le soutien à la reconversion et au perfectionnement professionnels de la main-d’œuvre régionale et sur le déploiement des carburants de substitution. S’appuyant sur sa déclaration en dix points, adoptée lors de la session plénière du Comité européen des régions (CdR) de juin 2022, l’Alliance soutient l’engagement de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre du transport routier et demande que le cadre pour une transition juste garantisse la cohésion économique et sociale au sein de chaque région européenne abritant une industrie automobile. À cette fin, ce cadre doit inclure des mesures de soutien budgétaire et stratégique et conduire à une planification conjointe de la transition au niveau régional.
Cette demande essentielle doit être satisfaite au moyen d’analyses d’impact territorial portant sur les défis et opportunités communs qui se présentent aux régions ainsi qu’aux fabricants d’équipements d’origine, et en particulier aux PME de la chaîne d’approvisionnement automobile, et venir à l’appui d'une reconversion et d’un perfectionnement professionnels de la main-d’œuvre régionale tout en assurant un suivi de l’offre et de la demande en compétences appropriées.
L’Alliance demande également la mise en place d’un solide cadre de recherche pour la transformation industrielle et l’innovation dans l’industrie automobile européenne, une certaine flexibilité dans les lignes directrices en matière d’aides d’État pour permettre aux régions automobiles d’aiguiller et de gérer cette transformation, ainsi qu’un appui aux régions pour le déploiement de stations de ravitaillement et de recharge ouvertes au public. Ces mesures favoriseront l’acquisition de véhicules à émissions nulles et permettront de concentrer les fonds d’investissement publics et privés disponibles sur les différentes solutions technologiques (telles que l’électrification, les technologies de l’hydrogène ou les carburants de synthèse), au bénéfice d’une industrie automobile européenne compétitive et innovante.
Contexte
L’Alliance des régions de production de véhicules automobiles est un réseau politique de régions dotées d’un puissant secteur automobile et équipementier qu’affectera la transition vers un transport routier à émissions nulles. Elle a été lancée par le Comité européen des régions lors de sa session plénière de juin 2022 afin d’assurer une transition juste et équitable dans l’industrie automobile et équipementière. L’Alliance est une enceinte ouverte à toutes les régions touchées par cette transformation. Elle regroupe actuellement 29 régions, dont les régions françaises de Bourgogne-Franche-Comté, Auvergne-Rhône-Alpes, Bretagne et Grand-Est.
L’objectif que s’est fixé l’Union européenne de réduire ses émissions d’au moins 55% d’ici à 2030 passe notamment par le règlement de la Commission européenne visant à réduire les normes de performance en matière d’émissions de CO2 pour les voitures particulières et les véhicules utilitaires légers. Une récente proposition du Parlement européen visant à interdire les voitures équipées d’un moteur à combustion au niveau de l’Union à partir de 2035, adoptée le 8 juin 2022, entraînera des changements encore plus importants dans l’industrie automobile et équipementière européenne. L’objectif de l’Alliance est donc de veiller à ce que la transition dans le secteur automobile se déroule avec succès et de manière équitable, sans laisser aucune région de côté, tout en soutenant pleinement les objectifs climatiques de l’UE.