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[Tribune] Faisons des hausses énergétiques et matières une opportunité pour réindustrialiser la France

Par Jacques Schaffnit, operating partner chez I&S Adviser

Le contexte inflationniste repose l’équation de la rentabilité. Surtout, ses incidences sur le coût de l’énergie et des approvisionnements ouvrent de nouvelles opportunités pour les PME et ETI : en révisant leurs plans directeurs, elles ont une carte gagnante à jouer à condition de miser sur l’investissement de leurs outils de production.

Indubitablement, les matières premières et l’énergie sont les deux préoccupations centrales des PME et ETI du secteur industriel en ce début d’automne. Et les prévisionnistes s’accordent sur un point : aucun de ces coûts ne reviendra à son niveau d’avant crise à court terme, lié à un phénomène non de pic mais de plateau qui se ré-élève mois après mois. Par conséquent, les dirigeants d’entreprises industrielles n’ont pas d’autre choix que de retravailler leur plan directeur d’usine à 5 ans. Avec comme objectif de se réinventer.

Les nouveaux paramètres des plans directeurs à 5 ans

Face à la nouvelle donne de 2022, et quel que soit le type d’activité industrielle, le plan directeur doit revoir l’ensemble des coûts et intégrer de nouveaux paramètres : en premier lieu l’inflation qui va peser sur les dépenses à court et à moyen terme ; ainsi que les démarches concourant à faire des économies d’énergie et à décarboner les activités.

Pour cela, un seul mot d’ordre : relancer les investissements. Non seulement ces investissements sont indispensables, mais surtout ils sont devenus inévitables et ne peuvent plus être reportés. Trop d’équipements de production dans les PME sont en effet énergivores et à l’origine de gaspillages. Les industriels doivent profiter de ce momentum pour réaliser les investissements qu’ils n’ont pas faits jusque-là.

Investir malgré la crise pour des bénéfices à court et moyen terme

La première difficulté pour passer à l’action est de changer la façon dont les dirigeants de PME-PMI préparent et gèrent le développement de leurs activités.

Beaucoup vont notamment devoir accepter de consentir à des dépenses supérieures à celles qu’ils ont l’habitude de s’autoriser en temps de tension économique. Ce qu’ils doivent avant tout percevoir, c’est que c’est non seulement possible, mais aussi qu’ils en sortiront gagnants.

Tout d’abord, investir dans ses usines et ses équipements de production permet des gains et qui plus-est, des gains immédiats : baisse de la consommation d’énergie, donc de la facture d’électricité et/ou de gaz ; maintien, voire augmentation de la productivité ; diminution des rebuts grâce aux performances améliorées des machines – ce qui permet de consommer (et donc d’acheter) moins de matières. Par exemple, le dirigeant peut changer ou effectuer des travaux sur ses systèmes de chauffage et d’isolation de ses bâtiments, ajuster sa flotte automobile ou encore remplacer les machines les plus énergivores.

De plus, il faut distinguer rentabilité industrielle et rentabilité financière. En investissant maintenant, le dirigeant se donne les moyens d’absorber le risque et les hausses prévisibles qui vont peser sur le résultat opérationnel de son entreprise à moyen terme. En effet, l’inflation et les économies permises par les investissements changent le calcul de rentabilité. Si jusque-là, le payback était relativement long à obtenir, ce n’est plus le cas depuis mi-2022 - il est parfois même obtenu en 2 fois moins de temps dans certains cas observés (en passant de 5 ans à 2 ans et demi). Au bout du compte, l’investissement s’avère rentable à court terme et à moyen terme.

Investir selon ses moyens

La seconde difficulté pour les dirigeants de PME-PMI est celle du cash disponible - et donc l’épineuse question de la capacité financière de l’entreprise à investir. Soit l’entreprise a la trésorerie suffisante et dans ce cas, son défi est avant tout d’oser avancer. Soit, elle ne l’a pas et s’offre alors à elle différentes options à étudier.

Elle peut par exemple trouver un équilibre intéressant dans les offres de leasing d’équipements de production et matériels d’entreprise proposées par les établissements financiers. Dans ce cas, il y a fort à parier que le gain productif généré avec les nouveaux équipements sera supérieur aux économies réalisées (en premier lieu sur la facture d’énergie), ce qui rend pertinent le modèle de financement des investissements inscrits dans le plan directeur. La PME-PMI aura de surcroît le choix de garder ou non en fin de période les équipements acquis en leasing en se basant sur les bénéfices constatés.

Et si la situation inflationniste accélérait la réindustrialisation ?

La crise énergétique et les tensions sur les matières premières peuvent au bout du compte devenir des vecteurs de réindustrialisation et de modernisation de l’outil productif de la France. Ce qui a manqué dans beaucoup de nombreuses situations et pendant de trop nombreuses années, c’est l’investissement structurel. Jusque récemment encore, rien n’y incitait, ni n’y contraignait.

Les nouveaux paramètres nés des tensions inflationnistes sur les énergies et les matières premières, en modifiant les logiques de calcul de rentabilité, rendent l’investissement non seulement pertinent d’un point de vue « ROI » mais aussi indispensable pour créer de la valeur et assurer sa pérennité à long terme. Restera alors à faire les bons choix pour projeter son entreprise dans le futur et attirer et fidéliser les compétences-clés de demain, sujet sur lequel il est important que le dirigeant ne travaille pas seul et se fasse épauler idéalement par ceux qui l'ont déjà fait comme les operating partners.

 

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