Les 13 ou 14 octobre, les États membres de l'UE discuteront de la prolongation de l'autorisation du glyphosate pour une année supplémentaire lors de la réunion de cette semaine du SCoPAFF[ 1].
Il serait inacceptable que cette autorisation soit donnée alors même que les preuves s'accumulent sur les effets néfastes de cet herbicide.
" Il est inacceptable que les représentants des États membres envisagent de donner un chèque en blanc pour une année supplémentaire d'utilisation du glyphosate dans l'UE. Il existe suffisamment de preuves disponibles sur les effets humains et écotoxicologiques du glyphosate pour une interdiction complète immédiate. La prolongation signifie une année supplémentaire d'exposition à cet herbicide très toxique pour la santé et la biodiversité. La Commission et les États membres devraient enfin tenir compte de la science indépendante, comme l'exige le règlement (CE 1107/2009)." déclare Gergely Simon, responsable des produits chimiques chez PAN Europe.
Pour mémoire, le glyphosate est actuellement autorisé dans l'UE jusqu'au 15 décembre 2022. Une autorisation de 5 ans a été accordée en novembre 2017, au lieu des 15 ans proposés. De nombreuses voix ont proposé une interdiction déjà en 2017. D'après les informations reçues par PAN Europe, les États membres voteront en faveur de la prolongation du glyphosate. Lorsque l'EFSA a annoncé le 10 mai de cette année le report de ses conclusions sur le glyphosate d'un an, il était prévisible que la Commission proposerait une telle prolongation. Le report a été critiqué par PAN Europe et de nombreuses ONG dont Générations Futures, car l'EFSA a reçu suffisamment de preuves pour produire rapidement une déclaration sur le risque inacceptable posé pour la santé des personnes et l'environnement. Notre association a d'ailleurs produits plusieurs rapports sur le sujet dont un qui s'inquiète de la génotoxicité de cette molécule.
Depuis que le glyphosate a été classé par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) comme « probablement cancérigène pour l'homme », plusieurs études indépendantes révèlent le risque de génotoxicité du glyphosate. Il y a plus : récemment, deux revues ont été publiées concernant les propriétés neurotoxique de l'herbicide (Moser et al. 2022 ; Costas-Ferreira et al. 2022). Dommages au sol, à l'eau, aux écosystèmes et aux abeilles : outre les problèmes de santé humaine inacceptables, les eaux européennes sont fortement polluées par le glyphosate (Brovini et al, 2021) et des études ont révélé que des concentrations pertinentes pour l'environnement endommagent les écosystèmes aquatiques[2], le microbiote du sol, les vers de terre[ 3] et même des abeilles.
Comme le souligne Gergely Simon et François Veillerette, porte-parole de Générations Futures : "Les Européens demandent aussi la fin du glyphosate et des pesticides nocifs. En 2017, une initiative citoyenne européenne réussie a demandé à la Commission européenne et aux États membres d'interdire le glyphosate. Une récente initiative citoyenne couronnée de succès demande l'élimination de 80 % de l'utilisation des pesticides de synthèse d'ici 2030 et de 100 % d'ici 2035. La stratégie européenne adoptée pour la biodiversité et la stratégie de la ferme à la fourchette obligent l'Europe à réduire de moitié l'utilisation des pesticides chimiques. d'ici 2030. Ces objectifs ne peuvent être atteints sans l'élimination progressive du pesticide le plus utilisé en Europe."
Les représentants des États membres au sein du SCoPAFF ne décideront du renouvellement de l'approbation de l'UE du glyphosate qu'à la fin de 2023, après la conclusion de l'EFSA sur le glyphosate.
[1] European Standing Committee on Plants, Animals, Food and Feed [2] Example for relevant studies: brown trout (Salmo trutta), Webster & Santos, 2015; common carp (Cyprinus carpio) and zebrafish (Danio rerio), Fiorino Other fish species: Armiliato Et. Al., 2014, Canosa et. al.,, 2018, Avigliano et. al., 2018;, 2018; Daphnia magna, Cuhra et al., 2012; estuarine crab (Neohelice granulata), Canosa Et. Al., 2018 [3] Example for studies: Pelosi at al. 2022;Zaller et al., 2021