La journée mondiale des enseignantes et enseignants du 5 octobre, est là pour nous rappeler l’importance du rôle de ces professionnels en termes de veille. Sur ce point, force est de constater qu’en France la technostructure d’Etat est en pointe… même s’il reste encore de nombreux enjeux à relever.
Par Arnaud Marquant, Directeur des opérations chez KB Crawl SAS
La veille, qui s’opère dans le secteur de l’enseignement a connu ces dernières années de profondes mutations. De plus en plus autonomes, les établissements français déploient des stratégies qui sont tout à la fois propres et différenciées, obligeant les acteurs publics à affiner leurs processus de veille. Sur ce point, les ministères concernés – de l’Éducation Nationale à l’Enseignement supérieur et à la recherche, sans oublier la Jeunesse ou encore les Sports – jouent un rôle décisif de vigie, lequel se signale par sa rigueur ainsi que par sa précision.
Une veille qui porte sur de gros volumes de sources
Certains appels d’offres émanant de la technostructure témoignent actuellement des efforts consentis par le monde enseignant. Dans sa quête de veille stratégique, celui-ci est d’abord poussé par l’évolution des contextes. Réforme de la gouvernance des universités (avec renforcement de leur autonomie), politique dite « de site » qui voit les établissements se regrouper, problématique d’attractivité internationale, développement de la recherche en neurosciences en lien avec les mécanismes d’apprentissage… De nombreux champs connaissent des évolutions majeures, sur fond de poids des inégalités sociales sur les parcours scolaires, d’enjeux en termes de citoyenneté, d’engagement et de formation. Confrontée à de tels changements, voire à de l’incertitude (rappelons-nous des épisodes récents de confinements liés à la Covid), la technostructure opère une veille particulièrement large. Pédagogie, vie étudiante, gestion des personnels, systèmes d’information, éducation populaire, insertion, mouvement associatif, problématique de lecture publique, transformation numérique… Un tel éventail thématique suppose la surveillance d’un large volume de données aux natures variées, laquelle ne peut s’effectuer qu’à partir d’une solution de veille robuste, experte et fiable, en capacité d’embrasser de très nombreuses sources. Cette solution se doit par ailleurs de permettre le partage individualisé de l’information via une application collaborative, afin de favoriser tout à la fois le repérage, l’analyse, le tri et la communication d’une information de qualité.
La veille : de plus en plus enseignée
Particulièrement aiguisée, la veille qui est ainsi mise en place au sein de la haute fonction publique permet aux acteurs d’ajuster le pilotage stratégique de leurs politiques publiques. Cette veille profite à l’ensemble de la chaîne de décision, et permet aux enseignantes comme aux enseignants d’être mieux informés sur l’évolution des champs sur lesquels ils interviennent. Jour après jour, qu’ils soient professeur des écoles ou enseignant-chercheur à l’université, ces professionnels de l’enseignement peuvent constater concrètement les bienfaits d’une veille rigoureuse, bienfaits qu’ils peuvent relayer auprès de leurs élèves, voire qu’ils peuvent enseigner. Car la veille figure de plus en plus parmi les modules développés au sein de nos écoles et établissements. Nous avons récemment témoigné du fait que la veille était très présente dans le monde universitaire. À l’université de Strasbourg par exemple, elle fait ainsi partie de la grille d’enseignements prodigués au sein du Master 2 en Intelligence Économique et Gestion du Développement International. Pour sa part, au sein de l’université de Lille, le Master 2 SID (Sciences de l’Information et du Document) forme directement des veilleurs.
Faut-il aller encore un peu plus loin ? Sans doute. Dans un monde aussi incertain que le nôtre, il est plus que nécessaire de développer une veille rigoureuse de qualité, et de l’enseigner aux écoliers, aux collégiens, aux lycéens ainsi qu’aux étudiants. Il le faut d’autant plus que les réseaux sociaux sont de plus en plus la chambre d’écho de fausses informations, lesquelles peuvent aller jusqu’à mettre à mal certains équilibres démocratiques. Savoir chercher, apprendre à identifier une source fiable, croiser les informations, les vérifier sont autant de réflexes à intégrer dans le cadre d’un parcours d’enseignement. Des réflexes citoyens qui s’accompagnent nécessairement d’une approche méthodologique.
Sur ce point, l’on comprend combien enseignantes et enseignants ont une mission décisive à poursuivre…