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[Etude] Les entreprises du G7 ne sont pas sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris

Les leaders mondiaux se réuniront à Charm el-Cheikh en novembre prochain afin de réaffirmer leurs ambitions de l’Accord de Paris, de maintien d’objectif de réchauffement climatique à +1,5°C mais les objectifs climatiques actuels des économies du G7 et au-delà mettent la réalisation de la vision de la COP27 hors de portée, selon une nouvelle analyse de l'organisation à but non lucratif CDP et du cabinet de conseil en stratégie Oliver Wyman. 

Au regard des objectifs actuels de réduction des émissions fixés par les entreprises, aucun pays membre du G7 ne dispose d'un secteur en voie de décarbonisation assez rapide leur permettant de s’aligner sur l'objectif de réchauffement climatique à +1,5°C.  Sur la base de leurs engagements actuels, l'ensemble des entreprises du G7 suivent une trajectoire de réchauffement climatique moyenne de +2,7°C.

Si l'on regarde les secteurs industriels ayant le plus grand impact sur les émissions, les entreprises européennes surpassent leurs homologues d'Amérique du Nord et d'Asie dans tous les secteurs.

La dernière étude CDP/Oliver Wyman montre qu’au sein du G7, les entreprises allemandes et italiennes ont les objectifs les plus ambitieux en matière de réduction des émissions de GES, les positionnant sur une trajectoire de réchauffement climatique moyenne à +2,2°C, devant les entreprises françaises (+2,3°C), anglaises (+2,6°C) et américaines (+2,8°C). Les entreprises canadiennes sont, quant à elles, en queue de peloton, avec des objectifs menant à un réchauffement à +3,1°C en moyenne.

Les indices de températures analysés dans cette étude se basent sur les engagements pris par les entreprises, plutôt que sur les politiques climatiques nationales. A l'approche de la COP27, il est à noter que l'écart entre les promesses faites par les dirigeants politiques et les engagements provenant de l'économie réelle est considérable.  

L'analyse se fonde sur les indices de température du CDP, qui traduisent les objectifs de réduction des émissions de GES des entreprises suivant des méthodes scientifiques. Ces indices, qui incluent toutes les émissions des chaînes d’approvisionnement des entreprises (Scopes 1-3), reflètent l'augmentation probable des températures mondiales avec une baisse des émissions au même rythme que celle des objectifs des entreprises.

Pour estimer la température au niveau de de chaque pays, les évaluations menées individuellement pour chaque entreprise ont été agrégées et pondérées en fonction des des émissions totales.

L'analyse montre une surperformance claire et constante des entreprises européennes sur leurs homologues nord-américaines et asiatiques, tous secteurs confondus.

Le secteur de l’électricité en Europe, par exemple, est en avance sur tous les secteurs au niveau mondial, avec une trajectoire de réchauffement climatique à +1,9 °C. A titre de comparaison, les entreprises nord-américaines sont à +2,1°C et les entreprises asiatiques à +3°C. Les objectifs fixés par ce secteur en Europe sont beaucoup plus ambitieux, avec environ 80 % des émissions ciblées par un objectif de réchauffement climatique limité à +2°C voire même inférieur.

De manière générale, les entreprises européennes ont amélioré leur profil, passant d’une trajectoire de réchauffement climatique à +2,7°C en 2020 à une trajectoire à +2,4°C en 2022, ; un progrès notable qui s'explique en partie par une augmentation rapide (de l’ordre de 85%) du nombre d’entreprises s’étant fixé en 2021 des objectifs approuvés par l’initiative Science-Based Targets (SBTi).

Les objectifs approuvés par l’initiative Science-Based Targets (SBTi) sont considérés comme la référence en matière d'objectifs de réduction de GES car les trajectoires soumises par les entreprises sont évaluées de manière indépendante selon des méthodes scientifiques.

Au total, les entreprises ayant des objectifs approuvés par l’initiative Science-Based Targets (SBTi) ont réduit leurs émissions de 25% depuis 2015, alors que dans le même temps les émissions mondiales de GES dans les secteurs de l'énergie et de l'industrie ont augmenté de +3,4%.

Les indices de température élevés observés au Canada et aux États-Unis sont en grande partie le résultat de l'absence totale d'objectifs fixés par les entreprises dans ces pays, plutôt qu’un manque d’ambition au niveau des objectifs mis en place.

Au Canada, moins de la moitié (43 %) de toutes les émissions déclarées (scope 1+2) le sont dans le cadre d’engagements de réduction d’émission de GES, à comparer avec la France et l'Allemagne, par exemple, où plus de 90 % des émissions déclarées (scope 1+2) par les entreprises proviennent de celles ayant communiqué leurs objectifs climat.

L'Accord de Paris sur le climat vise à limiter le réchauffement de la planète à +1,5 °C, un objectif qui, selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) des Nations unies, doit être atteint pour éviter des conséquences encore plus catastrophiques sur le changement climatique.

La différence entre une trajectoire à +1,5°C et une à +2°C, par exemple, comprend une probabilité 10x plus élevée d'étés arctiques sans glace, une augmentation de 2,6x du nombre de personnes exposées à des événements de chaleur extrême, et un impact 2x plus important sur les pêcheries marines et les rendements agricoles, selon le GIEC.

Laurent Babikian, Directeur mondial des marchés de capitaux, CDP, rappelle : « Le principal moteur d'une réduction rapide des émissions conformément à l'Accord de Paris est la fixation d'objectifs ambitieux. Il n'est pas acceptable pour un pays, et encore moins pour les économies les plus avancées du monde, d'avoir des industries affichant si peu d'ambition collective. Ayant toutes ces informations, les gouvernements, les régulateurs, les investisseurs et le grand public doivent exiger davantage des entreprises à fort impact environnemental mais dénués d’objectifs climatiques. La dynamique est en marche, mais à l'approche de la COP27, nous devons garder l’objectif de +1,5°C au cœur des débats. Les entreprises ayant un fort impact climatique, ainsi que leurs investisseurs et prêteurs, doivent immédiatement se fixer et honorer des objectifs sérieux de réduction d’émissions de GES accompagnés par des plans de transition crédibles pour nous permettre d'atteindre cet objectif. »

Marc Boilard, Partner, Responsable Practice Climat & Développement durable, au sein du cabinet Oliver Wyman, ajoute : « Notre dernière analyse met en évidence de grandes disparités dans l'ambition et la volonté des entreprises de prendre les devants avec leurs objectifs de réduction de GES, et le besoin urgent de diffuser les meilleures pratiques plus largement et plus rapidement si nous voulons avoir une chance de réduire les émissions pour atteindre l’objectif de +1,5°C – et notamment avec les conditions météorologiques extrêmes que nous avons connues cet été. Cela ne pourra se faire sans politiques gouvernementales fortement incitatrices, ni sans résolution des problèmes structurels existant dans certains secteurs et régions. A l’heure où le système financier s’engage pour accélérer la transition vers une économie Net Zéro et cherche à orienter les capitaux vers les entreprises et les secteurs à l'avant-garde d’une économie décarbonée, les émissions, les objectifs et les plans de transition des entreprises vont de plus en plus faire l'objet d'un examen minutieux et approfondi par leurs différentes parties prenantes -  investisseurs, créanciers, consommateurs, autorités locales comme grand public, et dont la communication va être rendu obligatoire dans un nombre grandissant de juridictions. »

 

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