- En hausse de 49% vs. 2er trim. 2021, le niveau global des défaillances reste inférieur au 2e trim. 2019
- Les jeunes entreprises « Covid » sont très durement touchées (+136%)
- Le niveau de défaillance des PME désormais supérieur à celui du 2e trim. 2019
- Secteurs : les activités B2C les plus sinistrées (commerce, restauration, service à la personne…)
- Régions : le nombre de procédures double dans les Hauts de France
Le groupe Altares, expert historique et référent de la data d’entreprise publie les chiffres des défaillances d’entreprises en France pour le 2ème trimestre 2022.
Avec 9 826 procédures collectives ouvertes entre le 1er avril et le 30 juin, le niveau des défaillances augmente de 49% par rapport au 2ème trimestre 2021, après avoir atteint +35% au 1er trimestre.
La hausse s’accélère.
Sur 12 mois glissés, on enregistre une augmentation générale de 15% pour 34 200 jugements. Les niveaux sont au plus haut depuis octobre 2020. S’ils restent inférieurs à ceux de 2019, année de référence pré Covid, l’écart se resserre. Avec 800 entreprises qui tombent en défaut chaque semaine, les courbes laissent présager un total de 37 000 défauts sur l’année 2022.
Les secteurs d’activité B2C (service à la personne, restauration, commerce) sont les plus fragilisés et les jeunes structures créées juste avant ou pendant la crise sont en souffrance (+136%).
Les PME, avec 731 procédures ouvertes en 3 mois, dépassent les seuils de 2019.
Dans les territoires, la hausse concerne toutes les régions. La tendance est particulièrement marquée dans les Hauts de France, où le nombre de procédures double, et en Centre Val-de-Loire, qui dépasse ses niveaux d’avant crise.
Thierry Millon, directeur des études Altares : « Les chiffres de fin 2021 et du premier trimestre 2022 démontraient un retour à la réalité sur le front des défaillances. Depuis février, la tendance à la hausse s’accélère nettement avec une augmentation mensuelle moyenne de 45%. Nous approchons désormais des niveaux observés en 2019, période de référence d’avant crise. Les plus petites entreprises de moins de 3 salariés sont les plus touchées, en particulier les plus jeunes, qui présentent des taux de liquidation identiques à 2019. Autre signal d’inquiétude, les PME sont aussi de plus en plus nombreuses à faire défaut et retrouvent des seuils identiques à l’avant crise. »
En hausse de 49,2% au 2ème trimestre 2022, le nombre de défaillances d’entreprises se rapproche des niveaux d’avant crise Covid
9 826 entreprises sont tombées en défaillance entre le 1er avril et le 30 juin 2022, soit une hausse de 49,2% par rapport à la même période de 2021. L’augmentation est nette et de plus en plus rapide mais les niveaux restent encore très inférieurs à ceux du printemps 2019 et ses 12 300 procédures.
Sur 12 mois glissés, 34 200 entreprises ont fait défaut. La hausse générale est « seulement » de 15% en raison des niveaux de juillet à octobre 2021 qui étaient encore à la baisse (-16%). En tendance annuelle, les volumes de défaillances sont donc plutôt similaires à la situation de fin 2020. (35 500 en octobre 2020 et 34 000 en novembre 2020 sur 12 mois glissés).
Avec 289 dossiers enregistrés ce trimestre, le nombre de procédures de sauvegarde est au plus haut depuis 2018 et augmente de 75%. Ce dispositif représente cependant seulement 3% de l’ensemble des procédures.
Les procédures de redressement judiciaire (RJ) sont en hausse rapide de 55,5% pour 2325 jugements prononcés. Elles représentent moins d’un jugement sur quatre (24%), un taux très en-dessous des 30% relevés au 2e trimestre 2019.
73% des jugements se concluent sur des liquidations judiciaires directes (LJ), un taux très supérieur aux niveaux observés traditionnellement (68%). Elles ont visé 7 212 entreprises, soit une augmentation de 46,4%.
Nombre de défaillances d’entreprises par type de procédure par trimestre
(Données arrêtées au 1er juillet de chaque année)
|
2018 T2 |
2019 T2 |
2020 T2 |
2021 T2 |
2022 T2 |
Evolution T2 2022/21 |
|
Moyenne |
Sauvegardes |
237 |
209 |
160 |
165 |
289 |
75,2% |
212 |
|
Redressements Judiciaires |
3 739 |
3 751 |
1 303 |
1 495 |
2 325 |
55,5% |
2 523 |
|
Liquidations Judiciaires directes |
8 770 |
8 387 |
4 303 |
4 927 |
7 212 |
46,4% |
6 720 |
|
Total défaillances |
12 746 |
12 347 |
5766 |
6587 |
9826 |
49,2% |
9 454 |
|
Total Emplois menacés |
39 800 |
41 000 |
43 400 |
19 530 |
30 560 |
56,5% |
34 858 |
|
Emplois menacés par entreprise |
3,1 |
3,3 |
7,5 |
3,0 |
3,1 |
|
3,7 |
La détresse des jeunes entreprises « Covid »
La création d’entreprises n’a jamais été aussi dynamique. Alors que l’Insee annonçait un record de près d’1 million de nouvelles immatriculations pour la seule année 2021, 2,6 millions d’entreprises ont vu le jour en 3 ans, dont 700 000 sociétés commerciales. Mais ces structures commerciales sont aussi les plus fragiles. Elles représentent 85% des défaillances et même 93% des défaillances d’entreprises de moins de 3 ans. Certes, on crée plus d’entreprises mais on en perd plus.
Un des indicateurs les plus marquants de ce trimestre concerne justement les jeunes structures dont les niveaux de défaillances explosent de 136 %, avec 1 750 procédures ouvertes. 1411 d’entre-elles ont été directement liquidées, un nombre très proche de celui du 2e trimestre 2019 (1431). Les jeunes restaurateurs (272), particulièrement fragilisés, sont quasi cinq fois plus nombreux qu’un an plus tôt à faire défaut.
Les PME défaillantes quasi aussi nombreuses qu’avant la crise
93% des entreprises en cessation de paiement sont des TPE, une part relativement constante. Avec 9095 procédures enregistrées, leur nombre augmente de 47% sur un an.
Du côté des PME, la hausse s’accélère bien plus nettement. Avec 731 cessations contre 420 un an plus tôt, le niveau des défaillances augmente de 74%. In fine, les PME affichent des volumes similaires à la période d’avant crise.
Une tendance d’autant plus marquée dans les PME des services informatiques (+100%) et du transport routier de marchandises (+200%).