Enquête bilan des soldes menée auprès de commerçants du 7 au 12 juillet 2022 par le SDI (Syndicat des indépendants et des TPE)
Été 2022 : Des soldes historiquement médiocres pour 68% des personnes interrogées
Affirmer que les soldes d'été 2022 ne sont pas un bon cru serait une litote : 68% des personnes interrogées indiquent que les soldes de cet été 2022 se terminent avec des chiffres d'affaires inférieurs de 20 à 30% à celles de 2019 devenues point de référence anté-Covid.
Ce chiffre de 68% est de loin le plus élevé de ceux qui ressortent des enquêtes menées par le SDI sur le sujet depuis 4 ans.
Une baisse du panier moyen dans 64% des cas
Un tiers seulement des personnes interrogées indiquent une moindre fréquentation pour justifier des résultats de ces soldes d'été 2022.
La baisse de chiffre d'affaires constatée résulte de la baisse du panier moyen, élément qui manifeste la restriction de consommation dans un contexte fortement inflationniste et particulièrement anxiogène quant aux capacités futures des ménages à assumer leurs charges de base telles que l'alimentaire et l'énergie. De fait, alors que la consommation est le principal moteur de la croissance, les autorités françaises et européennes ont déjà revu par deux fois à la baisse leurs prévisions de croissance en quelques mois.
Les soldes devenues inutiles pour 75% des personnes interrogées ?
Les résultats de ces soldes d'été 2022 minent le moral des professionnels qui les considèrent comme inutiles à leur activité dans 75% des cas. Ils sont même une courte majorité (52%) à affirmer qu'ils ne pratiqueront plus de soldes à l'avenir.
Il convient de relativiser ces deux chiffres qui sont surtout le reflet d'un mouvement de d'humeur dans le contexte actuel.
De fait, selon la FNH (Fédération Nationale de l'Habillement), les soldes été et hiver représentent globalement à l'année 40% du CA de cette filière. Il est donc difficile d'y échapper. Les professionnels de proximité avouent ainsi n'avoir d'autre choix que de participer à ce type d'opération, la seule qui soit nationale et réglementée.
Trop de promotions tuent les promotions
La multiplication des opérations promotionnelles tout au long de l'année est largement pointée du doigt comme source de dévalorisation des opérations de soldes. Anniversaires, Black Fryday, French Days, Amazon Days,... sont autant d'occasions considérées par les consommateurs au budget non-extensible comme des possibilités d'acheter à moindre coût.
Des soldes de saison sans lien avec la saisonnalité qui profitent surtout aux grandes enseignes
Les professionnels de l'équipement de la personne (habillement, chaussures, accessoires) soulignent le non- sens de soldes d'été réalisées le... 22 juin. Puisque le principe des soldes consiste au déstockage de produits de fin de saison invendus, il serait plus judicieux de vendre les dits produits à leur prix avant de les solder dans le courant du mois d'août.
La question de la vente "au prix" concerne peu les grandes enseignes dont les profits résultent de ventes massives à bas prix lorsque les indépendants ne vivent que de la marge de produits vendus en faible quantité.
L'impact des méventes sur le pouvoir d'achat des dirigeants : des baisses de revenus de 20% en moyenne
Selon le dernier rapport de la Commission des comptes de la sécurité sociale, les revenus des indépendants ont globalement diminué de 8% en 2020 par rapport à 2019, lorsque le pouvoir d'achat des ménages augmentait en moyenne de 0,2% la même année selon l'INSEE.
Ce taux moyen de 8% cache de grandes disparités selon les filières et la nature des entreprises concernées. De fait, l'analyse de la dernière étude Altarès sur les défaillances d'entreprises au second trimestre 2022 démontre que les structures en lien direct avec le consommateur sont les plus touchées. Ainsi, les commerces de proximité ont déjà rattrapé et parfois dépassé les niveaux de défaillances de 2019 alors que, globalement, le niveau de défaillance des entreprises reste inférieur de 34% à ce qu'il était en 2019.
L’enquête du SDI démontre pour sa part que les indépendants et responsables de TPE de proximité abaissent leur rémunération d’années en années depuis 2020 dans des proportions importantes de 20% dans la majorité des cas.
Propositions du SDI
Dans le cadre du PJL pouvoir d’achat, le gouvernement propose de supprimer la part de cotisations maladie- maternité (6,7%) des TNS (Travailleurs Non Salariés) dont la rémunération est inférieure ou égale au SMIC. Ceci représente une somme pouvant atteindre 550€/an.
Il s’agit certes d’un premier pas, pour autant nettement insuffisant au regard des enjeux de maintien d’un tissu artisanal et commercial actuellement en grandes difficultés sur le territoire.
Le SDI formule deux propositions de baisse des charges, neutres pour le Budget de l’État :
1/ Le gel des loyers commerciaux.
2/ L'interdiction de la prise en charge par les locataires commerciaux de la taxe foncière due par le propriétaire.