Une nouvelle étude de la Bayes Business School examine les effets de l’intégration des considérations ESG dans un portefeuille européen d’obligations de sociétés.
Commandée par Insight Investment, gestionnaire mondial d’actifs et de risque de premier plan, l’étude a révélé que l’amélioration du profil environnemental, social et de gouvernance (ESG) d’un portefeuille européen de titres à revenu fixe n’avait pas affaibli ses performances au cours des 10 dernières années, son orientation améliorant la performance à la marge et les secteurs controversés ayant eu historiquement peu d’influence.
Menée par Andrew Clare, professeur de gestion d’actifs, Nick Motson, professeur de finances et Aneel Keswani, professeur de gestion des investissements à la Bayes Business School, l’étude a examiné l’influence des facteurs ESG sur les performances d’un composant d’un portefeuille européen d’obligations de sociétés entre 2012 et fin 2021.
L’étude a utilisé des composants de l’indice obligataire iBoxx EUR Corporates, obtenu auprès d’IHS Markit, associés à des données ESG d’entreprise provenant de Refinitiv pour établir la composition des portefeuilles tout au long de l’étude. Trois méthodes de construction ont été utilisées : composants de classement par quintile, orientation du portefeuille et exclusion de secteurs controversés.
Principaux constats de l’étude
1/ Des scores ESG élevés ont globalement amélioré les rendements ajustés du risque sur la période de dix ans. Cependant, chaque facteur ESG pris séparément a obtenu des résultats différents : les portefeuilles du quintile supérieur ont eu des performances supérieures à ceux des quintiles inférieurs en matière de score environnemental, tandis que les performances cumulées ajustées par secteur pour le quintile inférieur étaient supérieures à celles du quintile supérieur. Les résultats basés uniquement sur les scores sociaux étaient contrastés et ceux ne prenant en compte que la gouvernance étaient non significatifs.
2/ L’orientation ESG aurait amélioré historiquement les performances à la marge. La sous-pondération des titres au score ESG faible et la surpondération des titres au score ESG élevé en vue d’améliorer le score ESG global n’ont pas modifié de façon significative les caractéristiques de rendement ajusté du risque du portefeuille, par rapport au portefeuille de référence.
3/ L’exclusion de secteurs controversés n’a pas eu d’effet notable sur les performances des portefeuilles. La suppression de titres provenant des secteurs du tabac, de l’industrie minière, de la défense, du pétrole et du gaz a continué de produire des résultats statistiquement similaires, identiques à ceux du portefeuille de référence.
4/ L’amélioration des critères ESG a réduit la probabilité de risque extrême d’un portefeuille. En outre, une combinaison de titres mieux orientés ESG apporterait une protection contre la menace de résultats extrêmement négatifs.
Globalement, l’étude suggère que l’intégration de considérations ESG dans leurs décisions d’investissement à revenu fixe au cours des dix dernières années n’aurait pas entraîné de pertes pour les investisseurs.
Le professeur Andrew Clare de la Bayes Business School déclare que cette étude a des conséquences pour les investisseurs et gestionnaires de fonds qui souhaitent intégrer les considérations ESG dans leurs portefeuilles, sans subir de pertes : « L’intérêt des investisseurs pour les questions environnementales, sociales et de gouvernance s’est accéléré ces dernières années, avec le renforcement de la législation et une surveillance attentive des parties prenantes. Cependant, étant donné le peu d’études indépendantes dans ce domaine, les investisseurs craignent une baisse des performances des titres à revenu fixe liée à l’application des principes ESG.
Notre étude suggère que ce n’est pas forcément le cas et qu’une plus grande importance accordée aux facteurs ESG aurait, à l’inverse, grandement amélioré leurs rendements ajustés du risque ces dix dernières années. Ce résultat devrait inciter les investisseurs et les gestionnaires d’investissement qui souhaitent valoriser la sensibilisation à l’environnement, la responsabilité envers les employés et une structure de gouvernance solide dans leurs portefeuilles d’investissement. »
Selon Robert Sawbridge, responsable de l’investissement responsable chez Insight Investment, cette étude souligne l’importance de comprendre l’objectif et les limites des données ESG et appelle à une accélération de la qualité des données ESG : « Il est évident pour nous depuis longtemps que les critères ESG peuvent contribuer de manière importante à la valeur des investissements. Toutefois, le manque de cohérence dans la qualité et les méthodologies des fournisseurs de données ainsi que les lacunes importantes dans les données sur les titres à revenu fixe demeurent une source de frustration pour nous, investisseurs.
Nous aimerions une plus grande standardisation des données ESG publiées par les entreprises sur lesquelles se basent les structures de gestion des actifs et les institutions financières, en particulier dans les domaines les plus utiles à la prise de décision. Enfin, améliorer la vérification des informations publiées contribuerait également à la transparence. »