Décryptage de Thomas Bostock, responsable du crédit professionnel chez Meilleurtaux.com
Il y a 2 ans, le monde était à l’arrêt face à la pandémie du Covid. Les multiples confinements, le chômage partiel et la fermeture des commerces « non essentiels » a provoqué une crise économique dans tout le pays et la mise à l’arrêt de plusieurs activités comme la restauration, l’hôtellerie, l’évènementiel et les commerces de détail…
Pourtant, et malgré toutes ces contraintes économiques et l’environnement hostile à l’entrepreneuriat, les Français ont continué à entreprendre durant ces deux dernières années. En 2021, selon l’Insee, près d’un million d’entreprises ont été créées (996 000), soit près de 18% de plus qu’en 2020. Un record. Une dynamique qui s’est d’ailleurs maintenue jusqu’à la fin de l’année (en décembre, les créations d’entreprises en progressé de 0,8%). La crise sanitaire a poussé plusieurs Français à se lancer, à ouvrir leur entreprise et devenir leur propre patron mais elle a également fait naitre de nouveaux secteurs et dynamiser plusieurs régions françaises, outre dans la capitale. 2 ans après le début de la pandémie, quelles sont les régions les plus dynamiques en France ? quels sont les secteurs les plus plébiscités par les Français ? qui sont ceux qui se lancent et comment ?
Meilleurtaux pro rappelle ici le bilan* des deux dernières années de crise.
Ile-de-France, région la plus dynamique
Depuis le début de la pandémie, beaucoup de Français ont décidé de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. Parmi les dossiers financés entre mars 2020 et mars 2022, 27% sont des créations et reprises d’entreprises, deuxièmes après les financements des murs professionnels et locaux commerciaux (44% des financements) selon l’étude Meilleurtaux pro.
Une dynamique constatée grâce aux records de création d’entreprise en 2021 mais également grâce à la redynamisation des autres régions, qui ont vu l’ouverture de nouveaux commerces et magasins. En Ile-de-France, les financements des projets confondus, comme la création et la reprise d’entreprise, ont dépassé les 135M€ pendant ces 2 dernières années et se retrouve à la première place du podium. Nous retrouvons ensuite la région Rhône-Alpes avec plus de 19m€ et la Bretagne qui prend la 3ème position du podium avec près de 17M€.
Si l’Ile-de-France est la première région en termes de financement des projets confondus, les créations d’entreprises ne représentent que 15%. C’est le département du Finistère qui se distingue avec, à son compte, 22% des financements réalisés pour des créations d’entreprise. « Il y a une autre dynamique dans le Finistère notamment grâce à la proximité géographique entre les acteurs de financement et les créateurs ainsi que les repreneurs d’entreprises. Leur présence dans des villes clés et dans tous les circuits locaux avec l’envie de redynamiser leur centre-ville après 2 ans de crise, a été décisif », constate Thomas Bostock, porte-parole de Meilleurtaux pro.
Les secteurs les plus plébiscités
Les deux ans de pandémie ont fait paraitre de nouvelles dynamiques sectorielles. La société civile immobilière (SCI) continue de susciter l’intérêt des entrepreneurs français.
« La plupart des financements de projets sont vouées à l’acquisition de nouveaux bureaux ou les locaux commerciaux et c’est la plus grande dynamique que nous apercevons », précise Thomas Bostock.
Arrive en 2ème position le domaine sanitaire et humain, qui concerne les cabinets médicaux de médecine généraliste et spécialisée… et en 3ème position, nous retrouvons les commerces (à savoir, le prêt-à-porter, commerce de détail…etc).
« Le secteur de la restauration est toujours très actif en termes de nouveaux financements. Nous voyons des projets partout en France avec des reprises d’activités, des lancements de concepts sous franchise également. Ce n’est en aucun cas un secteur fui par les entrepreneurs et les banques continuent d’accompagner les projets », poursuit Thomas Bostock.
En effet, La restauration et les métiers de bouche ont sauté dans le grand bain de la transition digitale. Ce qui est apparu comme une question de survie pour contrer les effets du Covid-19 est aujourd’hui une dynamique très forte et incontournable pour de plus en plus de restaurateurs (la livraison à domicile, le click&collect…etc).
L’entrepreneur français de plus en plus jeune
Si la crise sanitaire a redynamisé plusieurs régions françaises et a poussé plusieurs Français à se lancer, elle a également encouragé les plus jeunes à financer leur propre projet. Ainsi, l’âge le plus jeune des personnes financées en France est de 21 ans.
Quant au montant moyen par financement de projet, il est de 122k€ pour les créations d’entreprise et de 175k€ pour les reprises. Les plus grands montants sont constatés pour les rachats de murs commerciaux (492k€)
« L’apport en fonds propres sur les projets a toujours été essentiel pour mener un projet pro à bout et ce sont plutôt les industries les plus impactées où il a été plus que difficile de financer car il y avait peu de visibilité. De nouveaux organismes ont le vent en poupe (Impact Local par ex avec lesquels nous avons un partenariat) afin d’accompagner les futurs dirigeants dans le renforcement de leurs fonds propres. Il y a également les aides au niveau régional qui permettent aux dirigeants d’avoir un prêt complémentaire ou les organismes de garantie et caution qui viennent rassurer les banques (Siagi ou BpiFrance par ex), si l’expérience de l’entrepreneur est en adéquation avec le projet : On trouve les solutions », constate Thomas Bostock.