La récente hausse des tarifs de l’énergie a mis en exergue la nécessité urgente de diminuer notre consommation d’électricité et de gaz, à la fois pour les entreprises comme pour les particuliers. Alors que le secteur du bâtiment représente 44% de l’énergie consommée en France, la rénovation énergétique des logements s’impose comme un levier majeur aussi bien pour le porte-monnaie des ménages que pour la transition énergétique du pays.
PrimesEnergie.fr, principal financeur privé de la rénovation énergétique, a sollicité l’institut OpinionWay pour interroger les Français sur les modes d’action à privilégier.
L’obligation légale, indispensable pour atteindre nos objectifs ?
Alors que huit particuliers sur dix sont préoccupés par leurs dépenses d’énergie, les Français ont conscience de l’urgence d’agir à la source pour faire baisser leur consommation. Ils citent ainsi l’isolation du logement (27%) comme principal moyen de maîtriser son budget en cas d’augmentation continue du coût de l’énergie. Suivent ensuite la réduction de la température du chauffage (23%), l’autoconsommation grâce à l’installation de panneaux solaires (18%, un chiffre qui monte à 31% pour les 18-24 ans) puis le remplacement de son mode de chauffage par un équipement plus performant (15%). Enfin, 11% des répondants déclarent s’orienter vers des arbitrages sur leurs dépenses non essentielles.
Pour atteindre les 700 000 rénovations annuelles évoquées par Emmanuel Macron dans son programme durant la campagne présidentielle, faut-il passer par des obligations de travaux ? L’interdiction de location des logements trop énergivores introduite par la loi Climat en 2019 puis renforcée par la loi « Climat et résilience » est-elle une bonne mesure ? Oui à en croire les Français, qui sont 80% à soutenir l’interdiction, dès 2025, des logements ayant une étiquette énergétique G, qui sera progressivement élargie aux logements F puis E. Alors qu’on pouvait s’attendre à une levée de boucliers de la part des propriétaires, il n’en est rien : ils sont quasi aussi nombreux que les locataires (80% vs 82%) à être favorables à cette restriction.
Pragmatiques, près de 7 particuliers sur 10 considèrent que seule la contrainte est efficace pour réussir la transition énergétique et changer les habitudes de consommation (+6 pts par rapport à 2019). Un chiffre qui s’élève à 73% pour les 35-49 ans, contre 62% des 18-24 ans. A noter : cet avis est plus tranché dans les communes rurales (72%) qu’en agglomération parisienne (60%), qui compte un grand nombre de passoires thermiques. Plus de la moitié du parc immobilier résidentiel de la capitale est en effet constitué de biens très énergivores : 54% des logements seraient classés E, F ou G, un chiffre qui pourrait en outre évoluer fortement avec les nouveaux critères du diagnostic de performance énergétique (DPE).
Nicolas Moulin, Président de PrimesEnergie.fr, organisme agréé par l’Etat qui distribue aux particuliers la prime énergie et MaPrimeRénov’, conclut : « Après des années de politiques incitatives, nous entrons désormais dans une ère d’obligations. Les derniers rapports du GIEC confirment que la situation environnementale est critique et qu’il est urgent de retirer nos œillères.
Pour parvenir à respecter notre objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40% d’ici 2030 par rapport à 1990, la rénovation énergétique des bâtiments publics et privés n’est plus une option : c’est une extrême nécessité. Les nouvelles mesures qui visent à encourager les propriétaires à entreprendre des travaux – interdiction des chaudières au fioul/charbon en juillet prochain, interdiction de location des passoires thermiques dans les prochaines années… – marquent une nouvelle étape pour réduire collectivement notre consommation d’énergie.
L’étude confirme une prise de conscience forte de ces enjeux avec un niveau d’acceptation de la contrainte étonnant de la part des propriétaires et c’est une bonne nouvelle. Sur le terrain, nous voyons bien que les Français ont pris conscience de ces impératifs : nous traitons désormais près de 40 000 demandes d’aides par mois, et finançons un chantier toutes les 3 minutes sur l'ensemble du territoire, des chiffres jamais atteints jusqu’ici. Pour poursuivre ces efforts, il faut absolument maintenir les différents dispositifs d’aides à destination des ménages pour les accompagner massivement sur l’aspect financier, mais aussi améliorer le contrôle des chantiers à travers des audits pour encourager la réalisation de travaux de qualité. Espérons que les artisans puissent suivre le rythme, la profession étant toujours confrontée une sérieuse pénurie de main-d’œuvre… La transition énergétique passera nécessairement par la formation professionnelle vers ces beaux métiers en grande tension, il faut espérer que ce volet sera abordé par le prochain gouvernement. »