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[Rapport] Les institutions financières très exposées aux actifs échoués causés par la crise mondiale de l'eau

Un nouveau rapport publié aujourd'hui par les organisations à but non lucratif CDP et Planet Tracker révèle comment les institutions financières sont exposées à des risques importants posés par l’épuisement et la contamination des réserves d'eau.

Cette analyse, la première du genre, montre comment les entreprises mondiales des secteurs clés perdent déjà des milliards à cause de la crise mondiale de l'eau.

Des actifs d'une valeur de 13,5 Mrds$ sont déjà bloqués dans les secteurs du pétrole et du gaz, des services publics d'électricité, du charbon et des mines et métaux, et 2 Mrds$ sont à risque de perte à cause des problèmes d'eau.

Les projets en question comprennent l'oléoduc Keystone au Canada, le lieu des récentes manifestations pour l’environnement et des batailles juridiques, qui ont déjà amorti 6 Mrds$. La mine d'or Pascua-Lama a actuellement perdu 7,5 Mrds$ dans un projet tout au long de la frontière entre le Chili et l'Argentine. La mine de charbon controversée d'Adani en Australie a été jugée à risque évalué à 1,2 Mrd$, et à 0,9 Mrd$ pour la centrale nucléaire d'Oyster Creek aux États-Unis.

Les changements dans les réglementations relatives à l'eau, les niveaux élevés de pollution et l'opposition communautaire ont tous été cités comme étant les facteurs de ces actifs échoués.

Ces projets ne représentent que la pointe de l'iceberg, car les réserves d'eau de qualité se raréfient alors que la demande augmente, et que la qualité s'appauvrit tandis que le changement climatique exacerbe la crise. Les Nations unies ont prédit une pénurie mondiale de 40% de l'approvisionnement en eau d'ici à 2030 si les tendances actuelles se maintiennent.

L’analyse du CDP de l'ensemble de données sur la sécurité de l'eau des entreprises en 2021 a révélé que si les quatre secteurs tiennent largement compte du risque lié à l'eau, l'industrie pétrolière et gazière se démarque par le fait qu’elle apporte moins de solutions au problème actuel. 

Cate Lamb, directrice mondiale du CDP pour la sécurité de l'eau, insiste : « La crise mondiale de l'eau c’est ici, c’est maintenant. Les entreprises perdent déjà des milliards de dollars de revenus parce qu'elles ne tiennent pas compte de la sécurité de l'eau dans leurs décisions stratégiques à court, moyen et long terme. Notre nouvelle étude montre que ceci a des répercussions financières importantes non seulement pour les entreprises, mais aussi pour ceux qui les financent. Les institutions financières doivent comprendre à quel point elles sont exposées à ces risques et prendre des mesures immédiates avant qu'il ne soit trop tard.
Il s'agit d'une crise actuelle dont les conséquences sont palpables. Pendant trop longtemps, on a supposé que l'eau serait toujours disponible en abondance. Cette attitude a fait que plusieurs réservoirs d'eau douce dans le monde soient en péril. Nous devons mettre terme aux flux financiers qui alimentent des projets d'infrastructure risqués causant déjà une hémorragie de liquidités. »

Le rapport a identifié séparément les institutions financières qui sont le plus étroitement liées à 42 des entreprises ayant le plus d'impact sur la sécurité de l'eau dans le monde, par la possession d’actions ou l’accord de prêts.

L'analyse a montré que les 20 plus grands propriétaires mondiaux détiennent un total de 2,7 billions$ en capitaux propres (par le biais d’un portefeuille actif et passif) dans ces entreprises à risque. Ces propriétaires sont à la fois des institutions financières et des gouvernements nationaux.

Les résultats montrent également que les 20 sociétés financières les plus connues ont fourni des obligations, des prêts et un financement allant jusqu’á 2,5 billions$ américains au cours des 10 dernières années. Séparément, les 28 principaux détenteurs d'obligations détiennent collectivement 30,7 Mrds$ américains. Pour aggraver ce risque, des accords de financement d'une valeur d'environ 327 Mrds$ arriveront à échéance au cours des cinq prochaines années et ces entreprises chercheront un nouvel financement.

L'analyse de l'ensemble des données de 2020 et 2021 du CDP sur le secteur financier a révélé qu'un tiers des entreprises financières ne sont toujours pas conscientes du problème (sur 377), mentionnant ne pas avoir évalué les implications de l'insécurité de l'eau lors de leurs décisions d'investissement ou de prêt.

Le rapport propose aux institutions financières trois actions clés à prendre

- Évaluer les risques et les incidences - les entreprises doivent tirer parti des nouveaux outils pour identifier les risques à différents niveaux : les facteurs industriels, géographiques d'entreprise et de stock   jouent tous un rôle important.

- Divulguer les données - il est essentiel d'accroître le niveau de transparence pour comprendre les risques liés à l'eau. De nombreux régulateurs créent déjà des exigences de divulgation obligatoire pour faire face aux crises environnementales. Les entreprises financières devraient devancer ces réglementations et divulguer les risques liés à l'eau et les impacts de leur propre portefeuille.

- Gérer les risques et les impacts - les entreprises doivent créer une stratégie d'engagement qui communique sur la nécessité pour les entreprises de gérer la crise de l'eau. Les institutions financières doivent faire pression sur les entreprises dans leur portefeuille pour qu'elles soutiennent l'amélioration des données sur l'eau et mesurer l'impact de cet engagement.

Les entreprises qui prennent des mesures concrètes dès maintenant auront une longueur d'avance et seront mieux placées pour gérer les inévitables exigences politiques, notamment en matière de rapports de divulgation exigés. Les gouvernements de l'UE, de l'Inde et du Canada envisagent actuellement de rendre obligatoire une certaine forme de divulgation des données sur l'eau pour les institutions financières. Pour ouvrir la voie à ceci, le CDP met à la disposition de 1 200 institutions financières cotées en bourse la toute première demande de divulgation de données sur l'eau. Cette demande vise à mettre en évidence le problème et à détourner les investissements de ceux qui ont un impact négatif sur les ressources en eau.

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