La production industrielle française a de nouveau chuté en mars, et le chiffre de février a été révisé à la baisse, ce qui illustre l’impact de la guerre sur l’économie française. Les perspectives pour l’industrie dans les prochains mois sont moroses.
Commentaire de Charlotte de Montpellier, économiste d'ING.
La guerre grippe la production industrielle
En France, la production industrielle a chuté au mois de mars de 0,5% par rapport au mois de février. La production manufacturière est en chute de 0,3% sur le mois. Cette baisse vient après la forte chute observée en février, dont les chiffres ont été revus à la baisse, de 1,2% pour l’industrie et de 0,9% pour la production manufacturière.
Ces données sont intéressantes car elles sont les premières données concrètes disponibles qui illustrent l’impact de la guerre en Ukraine sur l’industrie française. Elles permettent un constat clair : la guerre a des conséquences importantes sur l’appareil productif français. Plus impactés par les perturbations sur les chaines d’approvisionnement engendrées par la guerre, ce sont les secteurs de la fabrication de machines et d’équipements et d’automobile qui voient leur production chuter de façon la plus importante, de respectivement 3,9% et de 7,3% sur un mois. En conséquence, la production automobile se trouve désormais 34,2% en-dessous de son niveau d’avant pandémie. Un écart monumental, qui illustre l’ampleur des crises des deux dernières années sur le secteur mais aussi le chemin à parcourir pour un éventuel redressement.
De nouvelles baisses de production à attendre
De manière plus générale, les données de ce jour montrent une image morose de l’industrie française. Sur les sept derniers mois, la production industrielle a baissé 5 fois. Bien que l’année eût très bien commencé, la guerre est venue mettre un nouveau et violent coup de frein dans la croissance de la production française. Celle-ci se trouve désormais 5,5% en dessous de son niveau d’avant pandémie et les perspectives pour les prochains mois ne sont pas brillantes.
Bien que les carnets de commande soient toujours bien remplis, la production risque de se gripper encore davantage. Les perturbations sur les chaines d’approvisionnement sont déjà en hausse en raison de la guerre (selon la Banque de France, 60% des industriels faisaient face à ces perturbations en mars, contre 54% le mois précédent). Les confinements en Chine vont venir encore détériorer la situation. En outre, l’industrie française va être confrontée au ralentissement global de l’économie mondiale causé par l’incertitude et le contexte inflationniste, ce qui va engendrer une baisse de la demande extérieure. Cela ne va pas pouvoir être compensé par une demande intérieure dynamique, le PIB français ayant stagné au premier trimestre à la suite de la forte chute de la consommation des ménages. En conséquent, nous prévoyons de nouvelles baisses de la production industrielle dans les prochains mois. Cela signifie que, dans le meilleur des cas, la stagnation du PIB devrait continuer au deuxième trimestre. Une diminution du PIB semble encore plus probable. In fine, l’économie française est donc au bord de la récession technique. Le PIB devrait néanmoins croitre de 2,7% sur l’année en raison de l’important acquis de croissance de fin 2021.