Presque tout le monde connait au moins une personne qui fait ses courses dans des supermarchés sans emballage jetable ou qui vient avec ses propres contenants. Un exemple parmi d’autres des actions qui se mettent en place pour lutter contre les surplus de plastique qui ont envahi la planète au cours des dernières décennies. On estime que l'humanité a produit un total d'environ huit milliards de tonnes de plastique depuis le début de sa production, il y a environ 65 ans. Seule une petite partie de ces déchets a été recyclée ou incinérée. La majeure partie, en revanche, se retrouve dans les décharges ou dans la nature - par exemple, les bouteilles en plastique vendues chaque minute dans le monde, au nombre d'un million, ou les pailles en plastique jetables, dont 36,4 milliards sont utilisées chaque année.
« Bien que de nombreuses personnes tentent de freiner cette tendance par leur mode de consommation, le secteur a investi, depuis 2010, environ 180 milliards de dollars dans de nouvelles usines pour produire des matières premières plastiques, ce qui pourrait entraîner une augmentation de 40% des volumes de production au cours de la prochaine décennie », déclare Tim Bachmann, à l’occasion de la « Journée de la Terre » ce 22 avril. Ce dernier gère le fonds d'actions DWS Invest ESG Climate Tech, qui investit dans des entreprises proposant des produits et des services destinés à protéger le climat et l'environnement.
Les commandes pour les alternatives d'emballage sont en hausse dans l'industrie du papier et du carton
L'évolution démographique est l’un des facteurs majeurs. Ainsi, le nombre de ménages célibataires augmentant, l'industrie réagit en réduisant les volumes de remplissage, ce qui débouche sur davantage d'emballages - lesquels pèsent déjà pour environ 36% de la production mondiale de plastique. Pourtant, les conséquences des déchets plastiques sur l'environnement, qui ne sont pas biodégradables, sont déjà dramatiques. « L'ingestion de minuscules morceaux de plastique provenant des océans, par exemple, est mortelle pour Prochlorococcus marinus. Cette bactérie est sans doute l'organisme le plus abondant sur Terre en quantité, mais elle est également responsable de la production d'environ 20% de notre oxygène et de l'absorption de 20% du dioxyde de carbone », explique Tim Bachmann.
De manière générale, 15% des espèces sont menacées par l'ingestion ou l'étranglement d'objets en plastique. « Les emballages en plastique peuvent être partiellement remplacés par des alternatives, c'est certain. L'industrie du papier et du carton en tire déjà profit avec une augmentation des commandes, et aux États-Unis, plusieurs sociétés cotées en bourse travaillent sur des plastiques biodégradables. Ces deux secteurs peuvent constituer des opportunités intéressantes pour les investisseurs », explique le gestionnaire de portefeuille.
Selon Tim Bachmann, il est important de développer au maximum le système de recyclage. Et c'est une tâche complexe. Après tout, les déchets plastiques doivent non seulement être collectés dans tout le pays avec une logistique parfaitement intégrée, mais aussi être méticuleusement séparés en fonction de leur composition afin d'être recyclés et réutilisés. « Et ici, le besoin d'investissement est immense, ce pourrait profiter, par exemple, aux fournisseurs d'installations de tri ou de systèmes de récupération des déchets », poursuit Tim Bachmann. Selon nos calculs, il faudrait investir 135 Mrds$ au total dans le monde pour atteindre un taux de recyclage de 50% pour les matières plastiques. Un coup d'œil rapide sur l'un des plus gros investisseurs dans ce domaine, l'Alliance to End Plastic Waste, qui prévoit d'investir 1,5 milliard de dollars sur 5 ans, montre que peu de choses ont été réalisées jusqu'à présent.
Dans l'UE, les moyens de collecte et de recyclage des déchets sont actuellement estimés à 36% de la production totale. Toutefois, selon le règlement européen, au moins 50% de tous les emballages plastiques devront être recyclés dès 2025, et 65% pour tous les emballages d'ici là. L'augmentation des prix des matières premières devrait renforcer l'attrait du recyclage des plastiques. Environ 8% de la production mondiale de pétrole est utilisée pour fabriquer du plastique.
« Et comme les compagnies pétrolières ont peu investi dans les moyens de production ces dernières années, le prix élevé du pétrole ne devrait pas changer grand-chose à long terme », conclut le gestionnaire de portefeuille ESG.