Le traumatisme de la pandémie et de ses conséquences a bousculé beaucoup d’habitudes face à une situation pleine d’incertitudes. Dans l’histoire de l’évolution de l’entreprise, la période 2021/2022 marquera donc un véritable tournant, comme l’illustrent les résultats du Baromètre des DRH.
Réalisée par WTW, ABV Group et RH&M, cette édition 2022, à laquelle ont participé 141 DRH d’entreprises et industries de toutes tailles et secteurs, montrent les impacts cruciaux du Covid-19 sur la fonction RH et sur l’organisation des entreprises. De l’aménagement du télétravail à la mise en place de mesures pour réduire l’absentéisme en passant par la prise en compte de l’évolution de l’environnement réglementaire : les DRH sont clairement aux avant-postes et alors que 81% d’entre eux sont partie prenante au sein des Comex, ils entendent apporter leur contribution à la réussite de leur entreprise.
« Si les DRH sont en majorité optimistes pour 2022, il ne faut pas occulter le retour de l’inflation, qui est bien là. Le contexte géopolitique actuel amplifie les incertitudes sur son niveau et sa durée. Les DRH en sont parfaitement conscients et redéfinissent l’ordre de leurs priorités pour que leur entreprise réussisse. Participer à l’optimisation des coûts et améliorer l’efficacité de la politique de rémunération et d’avantages sociaux, qui étaient en janvier 2022 respectivement en 5ème et 6ème place de leurs priorités, sont aujourd’hui, à nouveau, au cœur de leurs préoccupations majeures », explique Damien Riso, Directeur associé d’AVBGroup.
« Autre évolution majeure : la RSE occupe désormais une place privilégiée dans l’agenda des DRH. En l’espace de 5 ans, la RSE, incluant la diversité et l’inclusion, est passée de la 17ème à la 3ème place. L’évolution des valeurs de la société, l’émergence de nouvelles attentes des salariés vis-à-vis du monde du travail et la volonté des entreprises de renforcer leurs engagements en matière de RSE apparaissent très clairement dans les priorités des DRH », ajoute Laurent Termignon, Directeur de l’activité Work & Rewards chez WTW.
Parmi les principaux enseignements de cette édition :
- Pour 93% des DRH (vs 88% en 2021), soutenir et accompagner la transformation de l'entreprise reste la première priorité de leur fonction et même une priorité absolue pour 71% d’entre eux. Quelle que soit la taille de l’entreprise, la fonction RH s’inscrit durablement comme étant une fonction stratégique pour les entreprises. L’amélioration de l’expérience salarié reste incontournable pour 53% des répondants, suivie de la promotion et du développement des politiques de RSE, Diversité et Inclusion (42%).
- Comme les années précédentes, la transformation de l'entreprise, passe avant tout par la mise en place d’une organisation favorisant l’innovation et l’agilité (78 /vs 71% en 2021), par l’adaptation au travail hybride (59%), et enfin par la mise en place d'une démarche de Gestion des Emplois et des Parcours Professionnels (GEPP) (52%). A noter que les enjeux de la flexibilité des organisations et du temps de travail restent un sujet très actuel (52%), ainsi que la dématérialisation des tâches et la robotisation (46%).
- Pour assurer la diversification des ressources et des statuts d’emplois, les DRH privilégient l’utilisation de plateformes de talent (33%), le recours à l’Intelligence Artificielle (27%) et l’externalisation (21%) démontrant ainsi que les entreprises accélèrent dans la mise en œuvre d’alternatives au salariat.
- En matière de RSE, Diversité et Inclusion, les DRH se mobilisent en tout premier lieu sur la qualité de vie au travail et le bien-être des collaborateurs (87 /vs 86% en 2021). L’égalité professionnelle femmes-hommes (83 /vs 70%) et la non-discrimination au travail (69 /vs 57%), marquent ensuite une forte progression et témoignent l’importance de ces préoccupations pour fidéliser et attirer les talents. La réduction de l’empreinte carbone fait son entrée et arrive même en 4ème position avec 57%.
- Dans un contexte de tensions sur le marché de l’emploi, l’engagement et la fidélisation des collaborateurs devient la première priorité de la politique de gestion des talents des DRH (88 /vs 83% en 2021), suivi de l’attractivité et la marque employeur (87 /vs 78%). Le développement des compétences passe en 3ème position (84 /vs 92%) devant l’amélioration des aptitudes du leadership (77%). Le management de la performance (72%), les Plans de succession (58%), la gestion des hauts potentiels (50%) et l’implémentation d'une culture de feedback (45%) restent identifiés comme des leviers clés et gardent le même ordre d’importance.
- En termes de politique salariale, 74% des DRH considèrent la rémunération des compétences (ou métiers en tension) comme la priorité de l’année 2022. Cela est le signe manifeste de la volonté des entreprises de mettre en place des approches plus fines pour mieux répondre aux enjeux de transformation et d’agilité mais aussi de tensions sur certaines compétences en particulier dans le domaine digital. L’égalité femmes-hommes arrive en deuxième position (64%), la part variable et la rémunération de la performance (63%) passe quant à elle en troisième position tout en maintenant un score très élevé.
- Concernant l’efficacité de la fonction RH, la qualité du dialogue social reste l’enjeu majeur pour les DRH, en baisse néanmoins de 5 points (77% vs 82%). Les priorités se portent ensuite sur l’évolution de la fonction RH, notamment sur le volet SIRH (67%) et la digitalisation des processus RH (63%). La mise en place de tableau de bord (62% vs 53%), en vue de favoriser l’analyse des données RH (61% vs 58%), progresse de manière significative.
- Le recrutement (75%), le développement & la formation (72%), et la gestion de l’administratif (65%) restent pour les DRH les processus RH à digitaliser en priorité.
- L’Index de l’égalité femmes-hommes (66% vs 58%) reste une priorité majeure des DRH en matière d’obligations réglementaires. Le Règlement général sur la protection des données (RGPD) est également en progression (57% vs 50%), tandis que le droit à la déconnexion est en baisse (45% vs 58%).
- Pour 77% des DRH, l’absentéisme impacte l’engagement des collaborateurs, l’organisation et la gestion des ressources (73%), et génère des risques psychosociaux (62%). Pour réduire ce fléau, les mesures privilégiées demeurent l’amélioration de l’environnement de travail (82%), l’écoute des salariés (81%), et la formation & sensibilisation des managers (78%).
- 50% des entreprises disposent déjà depuis au moins deux ans d’une politique ou d’un ensemble de principes pour organiser le télétravail, 29% l’ont définie en 2021, et près de 13% au cours des 6 derniers mois. Seules 8% des entreprises n’ont déployée aucune politique pour organiser le télétravail. Pour 48% des participants, la politique est de deux jours de travail à distance par semaine alors que 29% proposent 3 jours. Seuls 13% n’envisagent qu’une journée alors que 6% ont opté pour 5 jours.
- Le télétravail est un réel challenge pour les DRH qui permet d’améliorer l'attractivité de l'entreprise (82%), de favoriser un meilleur équilibre de vie pour les salariés (81%), et dans une moindre mesure de réduire l'empreinte carbone de l'organisation et de ses collaborateurs (46%).
- 63% des répondants ont mis en place des actions pour accompagner et former les managers dans la gestion d’équipe à distance, 62% des mesures visant à prévenir les risques psycho-sociaux, et 61% pour favoriser la cohésion d’équipes.
Delphine Lancel, Directrice associée du groupe RH&M, conclut : « Les DRH ont pris à bras le corps le sujet du télétravail, ils en ont déterminé les modalités et ont déployé les moyens nécessaires. Quant aux pouvoirs publics, ils ont défini un objectif de mise en place du travail à distance, en laissant chaque entreprise s’organiser. Cela explique pourquoi cette évolution a été réalisée aussi vite et avec succès alors que l’instauration du télétravail était en discussion depuis des années sans réellement aboutir. Cependant, il ne concerne aujourd’hui que 25% des collaborateurs, ils sont donc 75% à ne pas pouvoir télétravailler. »