bp2r, cabinet de conseil en transport et logistique, publie les résultats de sa dernière étude, réalisée en partenariat avec l'AUTF, l'organisation professionnelle des chargeurs. Pour cette étude, intitulée « Enquête chargeurs : Conjoncture 2021/2022 du transport routier », 181 entreprises, essentiellement des industriels et des distributeurs, ont été interrogées en janvier et en février sur leur perception du marché sur ces derniers mois, ainsi que sur leurs prévisions et objectifs pour l'année en cours.
Parmi les enseignements majeurs de l'étude, réalisée avant les évènements ukrainiens, on retient notamment que :
- 45% des chargeurs ont constaté en 2021 une hausse de plus de 5% du volume transporté et, surtout, ils sont 75% à prévoir une augmentation du volume en 2022.
- Les difficultés capacitaires liées à cette croissance se multiplient : 59% des donneurs d'ordres déclarent avoir du mal à trouver du transport sur les flux domestiques, 81% à l'import.
- Pour sécuriser leur activité face au problème capacitaire, ils misent sur diverses stratégies en 2022, parmi lesquelles apparaissent en tête l'amélioration du remplissage (54%) et une meilleure répartition de leurs flux parmi les prestataires pour gagner en attractivité auprès de ces derniers (46%).
- Ils ne sont que 21% à se déclarer prêts à accepter de fortes revalorisations tarifaires et privilégient d'autres façons d'accompagner leurs transporteurs (par exemple avec des contrats plus longs).
- Ils anticipent néanmoins une hausse de 3,6% des prix en 2022 (sans compter l'impact de la hausse des prix du carburant).
- Les leviers complexes sont assez peu populaires : par exemple, un recours accru au stock qui permet de limiter la dépendance au transport propre à la politique de flux tendu n'est cité que par 13% des entreprises. S'il y a eu une prise de conscience du caractère stratégique du transport, on sent les effets de la crise économique et la pression sur les coûts reste forte chez les chargeurs.
- Les chargeurs constatent également une hausse des reports et annulations de transport ainsi qu'une baisse de la qualité de service (au sens OTIF), sur tous les segments de transport et toutes les activités, à l'exception du colis.
- 55% des donneurs d'ordre pensent que leurs transporteurs sont en bonne, voire très bonne santé financièrement : une vision trompe-l'oeil, le secteur demeure fragile..
- Les grands enjeux de 2022 restent sensiblement les mêmes qu'en 2021 pour les chargeurs, leurs priorités étant la qualité de service, la maîtrise des coûts et la résilience de l'activité. On observe toutefois une prise d'importance de la RSE. 84% des chargeurs estiment devoir contribuer à la digitalisation et à la décarbonation de l'activité de leurs prestataires de transport. C'est signe d'une prise de conscience de la portée stratégique des leviers de la décarbonation et de la digitalisation, qui sont de plus en plus des facteurs de différenciation et de compétitivité.
« La situation ukrainienne risque d'avoir de nombreux impacts, sur l'offre de transport (capacité amoindrie, en particulier sur l'international, coûts du carburant) mais aussi sur la demande (ralentissement de la croissance économique). Il est donc difficile de savoir dans quelle mesure les tendances évoquées dans cette enquête, menée avant l'intervention russe, vont se confirmer ou se nuancer. L'étude permet en revanche de faire une photographie à date et servira de base solide pour mesurer les impacts à venir de la crise ukrainienne. » explique Alexandre Vienney, Directeur Pôle Distribution Expertise de bp2r.
« Toutefois, les problématiques de fond du transport routier ne changent pas » précise Valérie Cornet, déléguée aux transports terrestres de l'AUTF. « Structurellement, l'offre de transport se raréfie et se renchérit et le cadre n'est donc plus le même. Si cela a des conséquences néfastes à priori, finissons sur une note positive : les chargeurs ont des leviers à disposition pour faire face à cette nouvelle donne, comme massifier ou réduire leurs besoins de transport en repensant leur Supply Chain ! Il faut en revanche s'en donner les moyens, notamment budgétaires. C'est d'autant plus intéressant que les effets de ces actions seront bénéfiques aussi pour l'environnement. En bref, on ne peut plus traiter le transport comme une commodité. »