Les premiers indicateurs de confiance des entreprises depuis le début de la guerre en Ukraine ont été publiés aujourd’hui et permettent de commencer à poser un diagnostic de l’impact du conflit sur les perspectives économiques en France. Globalement, la confiance s’est dégradée, mais la dégradation reste modérée pour le moment.
La confiance se dégrade, mais de façon limitée
Ainsi, l’indicateur du climat des affaires perd 6 points en un mois pour s’établir à 107, un niveau toujours supérieur à sa moyenne de longue période. La dégradation du climat des affaires est principalement causée par un recul important des perspectives dans l’industrie: aussi bien les perspectives personnelles que les perspectives générales de production sont en très forte baisse et se trouvent désormais au niveau le plus bas depuis fin 2020. Dans le secteur des services, la dégradation du climat des affaires est beaucoup plus faible. Dans le secteur du bâtiment, le climat des affaires est stable.
Les indicateurs PMI racontent globalement la même histoire. Porté par le relâchement des restrictions sanitaires à la suite du reflux de la vague Omicron du coronavirus, l’indicateur PMI composite est en hausse sur le mois, pour atteindre 56.2 contre 55.5 en février, un niveau synonyme d’expansion de l’activité économique. Cette hausse résulte d’une forte amélioration de l’indice dans le secteur des services, qui est passé de 55.5 à 57.4. En revanche, dans l’industrie, l’indice PMI est en baisse pour atteindre 54.8 contre 57.2 en février en raison d’une baisse de la demande et d’une recrudescence des problèmes sur les chaines d’approvisionnement.
Par ailleurs, les indicateurs dépeignent une situation sur le marché du travail qui demeure toujours favorable. C’est un élément important pour les perspectives de consommation qui seront, selon toutes vraisemblances, dégradées fortement par la chute de la confiance des consommateurs. L’impact de la guerre sur la confiance des consommateurs n’est pas encore connu car les données de mars seront publiées fin du mois. Mais l’INSEE a déjà fourni une estimation partielle de l’indicateur de confiance sur base d’une partie de l’échantillon. Une forte baisse est à attendre, principalement à la suite d’une forte dégradation des perspectives pour le niveau général de vie en France.
Les anticipations d’inflation commencent à influencer les comportements d’achat
Absolument tous les indicateurs pointent en revanche vers une très forte hausse des coûts et des prix, les indicateurs étant à leurs plus hauts niveaux historiques. De façon intéressante, et probablement inquiétante pour la BCE, les anticipations d’inflation élevées semblent commencer à influencer les comportements d’achat. Selon l’enquête PMI, les clients anticipent leurs commandent afin de se prémunir contre une augmentation future des prix. L’inflation attendue offre donc un soutien temporaire à l’activité économique à court terme, renforçant encore davantage l’inflation, qui sera suivi par un repli de l’activité. Un « boom » temporaire contre un « bust » qui suit donc, ce qui fait craindre une situation de stagflation.
On peut conclure de ces indicateurs que les perspectives économiques se sont dégradées, mais pas de manière forte. Malheureusement, ce n’est probablement que la première étape, et il faut s’attendre à davantage de dégradations dans les prochains mois, si la guerre continue. Avec une inflation attendue au-dessus de 4% en moyenne sur l’année, des chaines de production fortement perturbées et un choc sur la confiance, l’activité économique en France va être durement impactée par la guerre en Ukraine. Grâce au dynamisme de janvier et février, la croissance du PIB sera probablement positive au premier trimestre. En revanche, l’évolution du PIB au deuxième trimestre serait négative. A l’heure actuelle, nous tablons sur un redressement de l’activité au cours de la seconde moitié de l’année. In fine, la croissance économique s’établirait à 2.7% sur l’ensemble de l’année, une prévision revue à la baisse de 1 point de pourcentage par rapport à la prévision d’avant la guerre. L’acquis de croissance pour 2021 étant de 2.4%, la prévision de 2.7% de croissance pour 2022 équivaut à une quasi-stagnation de l’activité sur l’année.