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[Assurance] Vers une hausse du coût moyen du sinistre ?

Phénomène national subi par les secteurs de la construction et du bâtiment, la flambée des prix des matériaux et la demande de plus en plus exacerbée, sont autant de causes qui complexifient l'acte de construire et de fait la gestion des sinistres. Effectivement, le prix des matières premières a littéralement explosé et le secteur a dû faire face au problème de reprise des chantiers après les confinements successifs. Ces temps d’arrêts, couplés au manque de matériaux et à l’intensification de la réglementation, fragilisent la bonne dynamique que vivait jusque-là le secteur du BTP. C’est dans ce cadre qu’Erik Milhomme, Directeur Construction au sein de Stelliant Expertise et Olivier Cathebras, Responsable du Secteur Provence Stelliant Expertise Construction, nous livrent leurs avis d’experts.

Une reprise économique mais des fragilités persistantes

Le secteur de la construction a beaucoup de potentiel pour stimuler la reprise, grâce à sa capacité de création d’emplois ; et à son tour, les mesures de relance peuvent soutenir la transformation du secteur vers des pratiques conjuguant qualité et développement durable. Néanmoins, la pandémie a eu des effets dévastateurs. Les entreprises du bâtiment ont été gravement touchées par la crise, et bon nombre d’entre elles se heurtent à des problèmes de trésorerie. Cumulé à la hausse des prix des matériaux et à l’explosion des délais de livraisons des chantiers, en raison des difficultés d’approvisionnement, le secteur s’est fragilisé.

Quels impacts dans le monde de l’assurance ?

Ces difficultés sont exacerbées par la réduction de la capacité de dépense et de consommation et les restrictions d’exploitation. Les pénuries de liquidités menacent la viabilité des petites et moyennes entreprises (PME), et nombreuses sont celles qui risquent la faillite si les perturbations continuent. Pour pallier cette problématique, tous les acteurs de la construction, accompagnés des professionnels de l’assurance, examinent les moyens de gérer les effets de la crise : dispositions contractuelles générales, principes juridiques relatifs à l’exonération de responsabilité en cas d’inexécution, ainsi que des dispositions contractuelles spécifiques prévoyant des ajustements en termes de temps et de ressources financières. Certaines institutions financières s’efforcent même d’aider les entreprises du bâtiment à gérer les risques liés à cette conjoncture, tels que les retards de remboursement, qui sont particulièrement importants pour les PME.

En parallèle, l’augmentation du coût des matériaux a une forte répercussion sur les sinistres : leur coût moyen a augmenté de 40% en à peine 6 mois (entre juin et novembre 2021). On explique cette hausse par deux points : la main-d’œuvre qualifiée et les matériaux se raréfiant, leur coût augmente. Si les coûts des matériaux augmentent, l’impact assurantiel du quantum, se fera également ressentir au niveau de l’assurance responsabilité civile et décennale (RCD) qui garantit l'entreprise, en cours de travaux et après.  Cependant, du fait du manque de disponibilité des ouvriers et de l’augmentation du prix des matériaux, les promoteurs immobiliers vont se tourner vers des solutions à moindre coût, impliquant une baisse de qualité. Cette pression sur les prix tant au niveau des prestataires que des prestations, couplée à la sous-traitance, risque d’entraîner des conséquences négatives sur la sinistralité.

Quel rôle dans ce contexte pour l’expert d’assurance ?

Impliquant de nombreux corps de métiers et donc des risques très différents en fonction de l’évolution des matériaux et des techniques de mise en œuvre, le monde de la Construction est un secteur d’activité complexe à appréhender. Particulièrement réglementée en France, l’assurance Construction nécessite, en cas de sinistre, l’intervention d’un expert spécialiste du bâtiment, pour examiner les dommages, rechercher les causes et définir les solutions réparatoires adéquates.

Dans ce contexte tendu, l’expert en assurance devra en cas de sinistres, en identifier les causes et proposer des solutions.  Compte tenu de l’intensification de la réglementation, notamment liée à la mise en place de la RE2020, les experts devront redoubler de technicité. Nouvelles façons de construire, nouveaux matériaux, nouveaux outils, nouvelles réglementations ... autant d’éléments qui demanderont aux experts une spécialisation plus poussée. L’objectif : être le plus compétent possible et répondre aux attentes des professionnels de l’assurance et des assurés ; le tout en conjuguant maîtrise des coûts et solutions réparatoires pérennes.

“Quand le bâtiment va, tout va” ; il est facile d’imaginer que le secteur de la construction jouera un rôle déterminant de premier plan dans la relance de l’économie une fois la crise surmontée. « Reconstruire en mieux » au sortir de la pandémie pourrait permettre à ce secteur de contribuer aux objectifs de développement durable et de se transformer en un secteur plus efficace sur les plans énergétique et environnemental. Reste à savoir si cette crise sera un accélérateur ou un révélateur des tensions déjà préexistantes. Les professionnels de l’assurance auront nécessairement un rôle à jouer dans cette relance et devront faire face à plusieurs défis qui leurs demanderont agilité, innovation et responsabilité sociétale.

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