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[Question de Gestion] Guerre en Europe : les convictions de Frédéric Rollin.

Les risques que fait peser le conflit sur l’économie mondiale nous semblent élevés et la volatilité pourrait durer selon Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM.

L’invasion de l’Ukraine par les forces russes change radicalement la donne. L’inquiétude et l’effroi des populations devant une telle brutalité, la hausse des prix de l’énergie et l’arrêt potentiel de l’approvisionnement de l’Europe en gaz russe pourraient plonger le monde dans la stagflation.

Rarement l’éventail des scenarii n’a été aussi ouvert.
- Désescalade ?
- Enlisement ?
- Aggravation ?
Les réponses dépendent à la fois d’analyses militaires, géopolitiques et économiques, parfois contradictoires, et plus incertaines que jamais. 

Invasion de l’Ukraine : quelles conséquences pour nos économies ? 

La guerre russo-ukrainienne amènera sans aucun doute les économistes à réviser l’inflation à la hausse et la croissance à la baisse. Les prix de l’énergie et des matières premières ont flambé, ce qui constitue l’équivalent d’une hausse massive des taxes. L’impact sur la croissance sera matériel, mais ne devrait pas à ce stade provoquer de récession en Europe. Les consommateurs et les entreprises ont accumulé des montants importants de cash et devraient pouvoir conserver une activité économique solide. Ceci est encore plus vrai aux Etats-Unis, pays protégé du conflit pas son éloignement et son indépendance énergétique.

Il existe néanmoins des scénarios plus préoccupants. Jusqu’ici, l’OTAN a réussi à agir de façon énergique, sans pour autant s’impliquer directement dans le conflit. Néanmoins, la livraison d’armes à l’Ukraine, le partage de renseignements militaires critiques et l’arrivée de militaires volontaires de pays membres de l’OTAN pourraient envenimer le conflit. Par ailleurs, un arrêt des livraisons de gaz en Europe pourrait aussi ajouter au ralentissement économique.

Les chiffres de l’inflation devraient aussi être largement revus à la hausse. Une augmentation supplémentaire de l’inflation de l’ordre de 2% est à l’ordre du jour, en raison de l’effet cumulé des hausses des prix de l’énergie et de l’alimentation. L’impact de l’inflation alimentaire sera d’ailleurs plus important dans les pays émergents, qui pourraient connaître une période de troubles sociaux et économiques.

La BCE et la Fed à la rescousse ?

La BCE n’a pas montré beaucoup d’amabilité lors de sa dernière conférence de presse. Il nous semble néanmoins que le risque d’un dérapage durable de l’inflation en Europe est quasi-nul. Les hausses de salaire n’ont pas véritablement été enclenchées et, même si le chômage a largement baissé, le sous-emploi reste important dans la région. La BCE pourrait donc adopter de nouveau une attitude plus favorable aux marchés si nécessaire.

La Fed en revanche risque d’être peu sensible aux révisons à la baisse de la croissance économique. Les derniers chiffres de l’inflation, +7,9% sur un an (!), montrent que les hausses de prix se généralisent. Le chômage est installé en dessous de 4% et les augmentations de salaire ont accéléré au cours des derniers mois. L’inflation pèse sur le moral des consommateurs, ainsi que sur les intentions de vote en faveur des Démocrates. La pression populaire et politique est forte et rester les bras croisés alors même que l’inflation s’approche de 10% ne semble pas être une option. Cette fois-ci, même si les marchés devaient en souffrir, la Fed devrait rester sévère. 

Chine : faire le dos rond

Les actions chinoises continuent de décevoir. Nous avons néanmoins décidé de maintenir notre surexposition. Un marché décoté, une amélioration des indicateurs économiques, une banque centrale accommodante, l’éloignement géographique du conflit, tout était là pour que les actions surperforment.

Les récentes annonces de confinement ont surpris et déçu les investisseurs. La contagiosité du variant Omicron rend pourtant quasi impossible le contrôle de l’épidémie, comme Hong Kong peut en témoigner. Si l’administration chinoise décide de maintenir une politique zéro covid, alors la croissance en souffrira. Nous pensons néanmoins qu’à terme, le gouvernement chinois privilégiera la croissance. Par ailleurs, la banque centrale peut encore accélérer sa détente monétaire. Nous conservons en conséquence notre surpondération.

L'essentiel à retenir

  • Les incertitudes liées au conflit et à la hausse des prix des matières premières nous conduisent à réduire nos risques.
  • Nous réduisons notre allocation en actions mondiales et en actions européennes de surpondérée à neutre.
  • Nous conservons notre surpondération des actions chinoises.
  • La banque centrale américaine va resserrer sa politique monétaire, malgré la révision à la baisse de la croissance.

 

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