D’après la recherche « ESG Performance at the Firm-Level : The Effects of Economic Conditions and Sovereign Capital Flow » menée par la chaire de recherche et d’enseignement KEDGE/CANDRIAM Finance Reconsidered : Addressing Sustainable Economic Development
Dans le cadre de la chaire de recherche et d’enseignement « Finance Reconsidered: Addressing Sustainable Economic Development », une étude a été réalisée au cours des derniers mois sur le thème de la finance durable.
Cette recherche*, intitulée « ESG Performance at the Firm-Level : The Effects of Economic Conditions and Sovereign Capital Flow », menée par Bentley Tang, étudiant du MSc Sustainable Finance de KEDGE Business School et assistant de recherche au sein de la chaire, a pour but de comprendre si les flux d'instruments financiers et les politiques macro-économiques des Etats affectent les performances environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) des entreprises.
L’importance des politiques macro-économiques des Etats dans la performance ESG des entreprises
Alors que de nombreuses études se sont concentrées sur la performance ESG des obligations ou des actions, peu ont porté leurs objectifs de recherche au niveau des entreprises et à la performance macro-économique au niveau du pays. Certaines études ont examiné le lien entre la valeur économique (c'est-à-dire le PIB ou le PIB par habitant) selon les systèmes économiques nationaux et la performance ESG des entreprises, et ont confirmé que l'ESG était un signal de stabilité. Cependant, le rôle des Etats, de leur politique macro-économique et du système financier dans la durabilité au niveau des entreprises est loin d'être clair.
L'intersection des risques économiques et financiers pour les souverains et du risque de durabilité (partageant à la fois les risques de transition et les risques physiques) est un défi, d'autant plus que la durabilité n'est pas un facteur économique traditionnel. L'importance croissante de l'atténuation du changement climatique et la demande publique en la matière ont entraîné des changements politiques et réglementaires visant à faciliter les investissements durables. Ainsi, les risques ESG et climatiques sont devenus une considération à part entière pour les souverains et leurs entreprises. Les économistes et les investisseurs cherchent à identifier les mécanismes permettant d'influencer le risque, la croissance et les rendements. Cependant, pour aborder l'atténuation du changement climatique il est nécessaire de comprendre comment le capital est utilisé et si son utilisation est à la fois économiquement efficace et durable.
Une étude de large portée internationale, mesurant l’influence de l’utilisation effective des flux de capitaux sur la durabilité des entreprises
Cette recherche présente donc une analyse historique des conditions macro-économiques et de certains instruments financiers spécifiques pour expliquer les changements dans la performance ESG des entreprises. Utilisant un échantillon de plus de 1000 entreprises cotées dans 8 pays développés, en développement ou émergents (USA, Angleterre, France, Allemagne, Japon, Mexique, Inde et Brésil), représentant au total plus de 6 500 observations sur une période de 7 ans (2013-2019), la recherche tente de matérialiser dans quelle mesure les flux de capitaux et l'utilisation effective du capital d'un pays influencent sa performance en matière de durabilité. La méthodologie mobilisée croise les scores ESG des entreprises avec les indicateurs macroéconomiques par pays, tels la performance économique (croissance du PIB), le taux d’inflation, la réactivité de la politique monétaire (ratio réserves/importations), la politique budgétaire (ratios dette/PIB et solde primaire/PIB), l’activité macroéconomique (ratio compte courant/PIB et ouverture commerciale) et la profitabilité des instruments financiers (prix des titres de dettes F3 et des actions F5).
Les contributions de l’étude
Les résultats montrent de manière générale que la rentabilité de certains instruments financiers ainsi que certains fondamentaux macro-économiques dans les pays observés ne se transforment pas en comportements durables au niveau des entreprises. La croissance économique, l'effet de levier et l’enchérissement des titres de créance affaiblissent considérablement la performance ESG. En revanche, une politique monétaire réactive, des finances publiques saines (notamment via une politique fiscale adaptée) et une dynamique d’échanges sur le marché des actions améliorent sensiblement les performances ESG des entreprises. Sur la base de ces résultats, il existe davantage de différences selon les pays qui influencent la performance ESG au niveau des entreprises. La croissance économique du Brésil et des États-Unis nuit de manière significative à la performance en matière de durabilité, tandis que l'Inde et le Japon exercent une influence significative et positive sur sa durabilité par le biais de la croissance de leur PIB. D’autres conclusions permettent d’observer que la réactivité de la politique monétaire est principalement significative et positive pour la plupart des pays, à l'exception du Brésil et du Royaume-Uni. Cette étude permet de mettre en avant la capacité d'un pays à financer, gérer et faciliter les activités de développement durable et contribue à fournir des éléments tangibles des effets de la performance macro-économique sur la durabilité des entreprises.
*Cette étude de recherche a été menée par Bentley Tang, assistant de recherche à KEDGE, sous la direction de Luis-Reyes-Ortiz, Professeur à KEDGE et directeur du MSc Sustainable Finance, et sous la supervision de Christophe Revelli, Professeur à KEDGE et titulaire de la chaire KEDGE/CANDRIAM « Finance Reconsidered: Addressing Sustainable Economic Development ». Elle est consultable sur le site KEDGE.EDU.