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[Tribune] Temps de travail et temps au travail : deux enjeux inséparables au cœur du présent

L’analyse de Hélène L'Heuillet & Frédéric Worms 

La Fondation Jean-Jaurès et la CFDT ont mis en place en novembre 2021 un comité d'experts en sciences humaines et sociales pour travailler autour de la « fatigue ». La première contribution de ce comité est réalisée par la psychanalyste Hélène L'Heuillet et le philosophe Frédéric Worms. Dans cette note, « Temps de travail et temps au travail », les auteurs reviennent sur la problématique de la fatigue dans le monde du travail, et sur la double plainte concernant le temps de travail et le temps dans le travail, rejoignant tous les ébranlements du temps dans la société (l'urgence permanente, la peur du lendemain, la précarisation…).

Dans cette note, les auteurs débutent en repérant les signes d'envahissement du temps « au » travail par le temps « de » travail et la plainte qui l'accompagne, dresser un constat, donc, et formuler un diagnostic. Puis, ils esquissent une analyse des fondements implicites de cet envahissement, de son contexte (dans l'époque, avec son urgence et sa précarité) et même de l'anthropologie implicite qu'il suppose (celle de l'être humain « paresseux »).

Hélène L'Heuillet et Frédéric Worms proposent des pistes et des perspectives pour le temps de travail dans la vie et le temps de la vie dans le travail. Les questions du temps de travail et du temps au travail posent de manière radicale la question de la relation du travail et de la vie et ouvrent sur celle du désir de travail. Quand le travail cesse de prendre part à la vie, il ne peut pas faire l'objet d'un désir. Aujourd'hui, certes, travail et vie semblent ne plus suffisamment se distinguer, mais c'est parce que le travail « colonise » la vie et non parce qu'il s'ancre dans un désir de vie. Tout travail comporte une pénibilité́ ou une dimension fastidieuse incompressibles. On a d'ailleurs le droit de travailler de manière seulement mercenaire, le désir de gagner sa vie n'étant pas la pire des manières de bien travailler. Le rapport du temps au travail doit être considéré́ de manière neutre, en accordant au juste une priorité́ sur le bien.

La solution majeure proposée par la CFDT et la Fondation Jean-Jaurès est « la Banque des temps ». L'idée est d'aménager et de réduire du temps de travail à l'échelle de l'ensemble de la vie, et non de la semaine, voire de la journée. Les besoins en temps sont variables selon qu'on soit jeune et sans famille ou adulte élevant des enfants ou que l'on doive s'occuper de parents âgés. Cette banque serait conçue sur le modèle d'un compte épargne, permettant que pendant les années où l'on est très investi dans sa tâche au point de ne pas compter ses heures et ne pas prendre tous ses congés, ce temps ne soit pas perdu, mais disponible pour le moment où l'on souhaitera consacrer moins à son travail.

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