L’analyse de Franck Lheureux, Chief Revenue Officer chez Ivalua
C’est un sujet qui fait les gros titres : se fournir en semi-conducteurs est aujourd’hui un véritable casse-tête. Conséquence à la fois du ralentissement de la production du fait des mesures sanitaires et d’une demande en plein essor, cette situation de pénurie n’est pourtant pas un cas isolé.
La gestion des risques de la chaîne d’approvisionnement est une problématique stratégique pour toute entreprise. Il s’agit d’être prévoyant, réactif, collaboratif et agile : autant de qualités qui ne peuvent plus s’envisager sans une digitalisation fine des processus de supply chain. 35% des décideurs ont ainsi augmenté leurs investissements dans les outils digitaux de gestion des approvisionnements depuis le début de la crise. Il n’y a pas de hasard…
Collaborer plus pour dépendre moins
38% des décideurs considèrent que leur entreprise manque de fournisseurs pour pallier les problèmes d’approvisionnement. Un chiffre qui effraie, surtout lorsque l’on constate que la défaillance d’un seul fournisseur de rang 3 peut créer des retards voire des ruptures de production importants. Savoir moduler ses flux logistiques et ses stocks n’est plus une option aujourd’hui.
Le temps du chacun pour soi est révolu. Pour sécuriser sa chaîne d’approvisionnement, il convient de développer de vraies relations avec tout son écosystème de fournisseurs, y compris les fournisseurs alternatifs. Cela implique de travailler en amont pour annoncer des prévisions de vente, de production et de stocks, et ce de façon multilatérale.
Cette collaboration renforcée, tant intra qu’extra-entreprise, nécessite que les systèmes d’information des différentes parties prenantes puissent communiquer entre eux. C’est là que le besoin en digitalisation se fait toujours plus prégnant.
Objectif : avoir une chaîne d’approvisionnement intégrée en temps réel
La plupart des entreprises avaient engagé leur transformation digitale bien avant le début de la pandémie de Covid-19. La crise n’a fait que mettre en lumière l’importance de la digitalisation des services achat et de l’automatisation des process. 33% des décideurs considèrent même que leur entreprise est en retard par rapport à ses concurrents sur la question de la digitalisation. Ce pourcentage est particulièrement important au sein des directions de production (42%), qui sont justement au cœur des problématiques de supply chain. La conscience du danger en matière de rupture d’approvisionnement est donc élevée.
Le temps s’est raccourci et la capacité de réaction des organisations est toujours plus nécessaire. L’entreprise du futur sera automatisée, prédictive et intelligente. Cette agilité doit imprégner tous les services, et en particulier ceux qui touchent à la production et à la gestion des approvisionnements permettant de sécuriser la productivité et la performance de l’entreprise dans un monde en mouvement permanent.
Embarquer tous les acteurs supply dans l’achat responsable
Cette étude récente nous révèle également qu’il existe un décalage entre la prise en compte des problématiques RSE dans les stratégies d’achat des grandes entreprises (réalisant 5 milliards de chiffre d’affaires ou plus : 61% des décideurs y considèrent que l’entreprise du futur doit mieux prendre en compte l’environnement) et celles de TPE et PME (seulement 31%). Or de façon générale, la mesure des impacts environnementaux est un critère définissant le mieux l’entreprise du futur pour 24% des décideurs.
Il est temps d’aligner ambitions et actions, en particulier dans la gestion de la supply chain et les pratiques achats. Les grands groupes ont ainsi tout intérêt à travailler avec l’ensemble de leurs parties prenantes – quelle que soit leur taille – pour les aider à prendre en compte cette dimension responsable à tous les niveaux de la chaîne de production. Une fois encore, cela passe par une collaboration accrue.
La capacité des entreprises à rester agiles en toutes circonstances est donc l’une des clefs essentielles de leur compétitivité. Cette qualité indispensable doit trouver sa réalité sur le plan technologique comme sur le plan humain. C’est seulement ainsi que les risques au niveau de la chaîne d’approvisionnement pourront être minimisés, pour le bien de tout l’écosystème de partenaires.