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[Les entretiens d'Esteval] Benjamin Louvet, OFI AM

Entretien avec Benjamin Louvet, gérant matières premières chez OFI Asset Management

Quel regard portez-vous sur le marché pétrolier ?

J’avais annoncé en mai 2020 que nous nous préparions, à court terme, à une crise pétrolière qui ferait indubitablement suite à la crise sanitaire. Nous y sommes ! Cela s’explique par le phénomène de déplétion naturelle : dans le cadre de l’extraction traditionnelle de pétrole, la pression exercée sous terre par les nappes exploitées se réduit d'année en année. Dès lors, si on ne réalise aucun investissement, la production baisse de 4 à 5 % par an. On estime que pour maintenir son niveau de production, l'industrie aurait besoin d'investissements de près 630 milliards de dollars par an.

Quel est l’ampleur du sous-investissement ?

Avant la crise sanitaire, la baisse des prix de l'énergie avait déjà impliqué une baisse des investissements qui s’établissaient à environ 450 milliards de dollars par an. En 2020, ils n'ont pas dépassé 350 milliards de dollars. Cette baisse significative des investissements va négativement impacter la production sur 5 ans et alimenter la hausse des prix, d’autant que la sortie de la crise sanitaire implique quant à elle un rebond de la consommation de pétrole. Nous sommes d'ores et déjà revenu au niveau de 2019 et, en 2022, de nouveaux records de consommation devraient être atteints.

Face à l’urgence climatique, la situation est cornélienne. Que préconisez-vous ?

Il me semble important de ne pas mettre la charrue avant les bœufs en restreignant l'offre alors que la demande continue d'augmenter. La solution à privilégier consiste bien évidemment à augmenter rapidement la production d'énergie « bas carbone » mais cela aura également pour conséquence de mobiliser les énergies fossiles à court terme. Il convient donc de faire preuve d'un certain pragmatisme face au constat que nous n'avons pas fait ce qu'il fallait. Il nous faut donc d'une part relancer l'investissement tout en sachant que ce sera temporaire et d'autre part payer l'énergie plus cher car les investissements d'aujourd'hui ne permettront d'augmenter la production qu'à un horizon de 4 ou 5 ans. Dans ce contexte, un risque majeur pour le climat et le marché pétrolier réside dans la réactivation des puits le pétrole de schiste qui peuvent être remis en production en à peine 3 ou 4 mois. Or, nous avons pu constater que ces projets détruisent de la valeur, tant financière qu’environnementale, depuis 10 ans. Il faut donc que le secteur pétrolier maintienne exclusivement un objectif de rentabilité en intégrant une dimension responsable au regard de l'environnement, et non un objectif absolu de productivité.

Propos recueillis par Thierry Bisaga

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