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[Etude] Baromètre « Confiance & Bien-être des Français » 2021

Quel est le moral des Français en 2021 ? Pour la sixième année consécutive, les mutuelles MGEN et Solidaris, avec l’aide d’OpinionWay, sondent les Français sur leur rapport à la société, au travail et à la santé, et publient le baromètre* « confiance et bien-être ». Si l’indice global de confiance et bien-être des Français progresse à 56,9 points pour retrouver son niveau d’avant-crise (56,5 points en 2016), un tiers des Français évalue leur vie négativement. Ils expriment une grande défiance envers la société, tandis que la santé mentale pèse pour beaucoup sur leur moral. Un Français sur cinq souffre même de dépression modérée à sévère, dont 21,7% des femmes et 17,9% des hommes.

Les résultats éclairés par le sociologue Michel Wieviorka, directeur d'études à l'École des Hautes Etudes en Sciences Sociales :

Etabli sur une échelle de 0 à 100, l’indice global de confiance et bien-être des Français progresse à 56,9 en 2021, soit +2,5% de plus qu’en 2020. La majorité des indices le composant augmentent en 2021 à l’exception de la santé mentale, au plus bas depuis 2016, et le rapport de confiance envers la société reste contrasté.

  • Le moral des femmes progresse lui aussi de 2,6% (54,7 en 2021 contre 53,3 en 2020), mais reste en-deçà de l’indice global. Sur cinq des six indicateurs clés (exceptée la qualité du relationnel), les femmes ont des scores de bien-être systématiquement inférieurs à ceux des hommes et leur santé mentale enregistre le plus bas niveau depuis 2016 : 56,1 contre 59,2 en 2020 et 61,4 en 2016.
  • Le rapport de confiance varie selon les générations : il est en hausse chez les populations les plus jeunes et les seniors, à 59,6 chez les moins de 40 ans (+3,6%) et 57,8 chez les plus de 60 ans (+4,8%). À contrario, l’indice global recule d’1,5% pour la tranche des 40-59 ans (52,3 en 2021).

Selon Matthias Savignac, président du groupe MGEN et vice-président du Groupe VYV : « La confiance dans certaines institutions continue de s’abîmer et de peser sur le moral des Français. Et leur santé mentale reste fragilisée par les effets de la crise sanitaire qui perdurent : incertitudes et préoccupations sur la santé pour soi et pour ses proches, et l’avenir.  Au sein du groupe MGEN, nous sommes très attentifs à ces tendances et aux besoins de nos adhérents afin de leur proposer des soins et accompagnements adaptés dans les différents moments de leur vie. C’est le cas avec la prise en charge des consultations psychologiques, que nous avons expérimentée dès le printemps 2021 et que nous allons continuer de prendre en charge en complément de la Sécurité sociale en 2022. Enfin, les résultats nous confortent dans l’idée que la prévention, autant que la prise en charge, est un enjeu essentiel pour la santé des Français. »

Confiance dans certaines composantes de notre société qui s’effrite

En 2021, le rapport de confiance dans les institutions reste très bas et interroge, dans la période électorale qui s’amorce. Moins d’un Français sur trois pense que la démocratie fonctionne très bien en France (30,9%), c’est six points de moins en un an. Moins d’un Français sur deux (43,9%) pense que le monde politique a encore les moyens de faire bouger les choses et seuls 23% ont confiance dans leurs gouvernants politiques pour tenter d’améliorer leur qualité de vie.

19,2% des Français ont le sentiment que les grandes banques et compagnies d’assurance agissent pour améliorer leur quotidien ; 24% pour la presse et les journalistes (c’est le chiffre le plus bas depuis six ans) ; 27,2% pour les institutions religieuses (représentants des églises, mosquées, synagogues…) ; 28,4% pour les syndicats ; 29% pour les grandes entreprises. Les Français croient davantage en leur système de santé, à 41,1% pour les mutuelles et à 56% pour la Sécurité sociale. Un rapport de confiance envers les organismes de santé qui reste stable par rapport à l’année passée.

Enfin, 61,6% des Français estiment avoir accès à de l’information de qualité (par internet, par les médias classiques – journaux, télévision, radio), en recul de 4,2 points par rapport à 2020.

Éclairage Michel Wieviorka
« Après les Gilets jaunes, les mouvements contre la réforme des retraites et la pandémie : les Français viennent de vivre une séquence particulièrement éprouvante. Les représentations sont instables, fragiles donc contrastées. Entre-t-on dans une nouvelle ère où tout devrait aller mieux, ou au contraire, vivons-nous l‘approfondissement des difficultés ? Et si c’est le cas, cela conduit-il les Français à s’adapter en se recentrant davantage sur eux-mêmes, la famille, les voisins, la vie locale (à condition que les services publics fonctionnent, à commencer par la santé) ? Ces résultats témoignent d’une sorte de rétraction des personnes sur eux-mêmes, la fragmentation ou ‘’l’archipelisation’’, c’est aussi une sorte de repli plus ou moins anxieux. Et ces chiffres n’indiquent pas une réelle capacité à se projeter vers l’avenir. Les contradictions indiquent plutôt une accoutumance ou une adaptation qui n’empêche pas le stress et les inquiétudes. 

Un rapport au travail en demi-teinte

L’an passé, la sphère du travail était mieux vécue par les Français avec une cadence et un stress au travail en diminution. En 2021, après une crise sanitaire ayant favorisé le télétravail, le travail peut être vécu comme difficile. Certains indicateurs se dégradent : 51,2% des Français évoquent une cadence élevée au travail (+7 points vs.2020) ; ils sont moins nombreux à avoir suffisamment de temps en dehors de leur travail (51,1% en 2021 contre 56,8% en 2020), et 41,8% indiquent ressentir du stress (+5,5 points vs. 2020). Pour autant, le rapport des Français à leur travail est en amélioration quant à son utilité sociale, répondant à une certaine quête de sens : 61,3% jugent leur travail utile (contre 57,6% en 2020) et plus d’un Français sur deux (51,4%) considèrent que leur travail constitue une source de bien-être (47,8% en 2020). 39% d’entre eux évoquent même des possibilités de promotion (au plus haut niveau depuis 2016). Enfin, les Français craignent moins le chômage de longue durée (37,8% soit -7,8 points en un an).

Éclairage Michel Wieviorka
« Le rapport au travail s’est modifié. Positivement certes si l’on considère son utilité sociale, qui est jugée plus grande, ou le fait qu’il serait moins compétitif et plus solidaire, ce qui est un constat étonnant. Dans la pratique, le télétravail et le ‘’distanciel’’ ont beaucoup altéré les relations collectives, ou la socialisation sur le lieu de travail, sans parler des difficultés accrues pour le syndicalisme ou encore de l’arrêt total ou partiel de certaines activités. Ce contraste est-il lié à une confusion trop souvent faite entre travail et emploi ? Malgré un stress en hausse et une critique de la cadence au travail ! Cela rappelle un vieux thème : les ‘’cadences infernales’’ des années tayloristes ».

Une confiance dans le système de santé malgré une santé mentale en déclin

Sur le report de soins, 17,1% des Français ont renoncé à aller chez un médecin généraliste pour raisons financières (-7 points en 1 an), 68,4% trouvent le délai d’attente trop long pour un spécialiste et 48,9% jugent le délai d’attente trop long pour être admis à l’hôpital (hors urgences et maternité).

Les Français voient plus positivement l’accès aux soins : 69,7% estiment que leur médecin généraliste contribue à améliorer leur vie (+2 points en 1 an) et 61,1% des Français indiquent qu’il y a suffisamment de structures hospitalières dans leurs régions, même si les professionnels de santé manquent pour plus d’un Français sur deux dans leur région (taux stabilisé à 52,9% sur un an).

67,9% jugent le système de santé français d’excellente qualité. A noter, une corrélation entre la perception de notre système de santé et l’âge : les plus de 60 ans sont 72,9% à le considérer de qualité et les moins de 40 ans sont 68,6%, tandis que les 40-59 ans sont plus sévères avec 62% d’opinions favorables.

L’inquiétude face au coût des médicaments et à leur pénurie recule mais ne revient pas à son niveau d’avant-crise : 18,2% ont renoncé à l’achat de médicaments prescrits pour raisons financières au cours des 12 derniers mois (contre 23,5% en 2020, et 16,9% en 2019) et 20,9% des Français ont dû renoncer à des médicaments en raison de leur indisponibilité.

Enfin, la santé mentale des Français est au plus bas depuis six années d’enquête. Sur l’échelle de CANTRIL**, un tiers des Français (32,6%) évalue leur vie négativement, avec 19,9 % d’entre eux indiquant ressentir une dépression sévère à modérée et 21,1% se disant souvent voire très souvent anxieux.

Éclairage Michel Wieviorka
« Pendant le confinement, les Français ont fait connaître leur reconnaissance envers les professionnels de santé, et le gouvernement a fait un geste non négligeable avec le Ségur de la santé. Ils ont vu que le système de santé avait tenu dans l’ensemble, en comparaison des autres pays, et les Français ont eu accès aux médicaments, malgré les pénuries évoquées. Mais ils ont aussi pu constater que la médecine généraliste, non hospitalière continuait de se dégrader. Les chiffres relatifs au système de santé font apparaître des différences significatives selon les générations : les 40-59 ans sont plus critiques que les plus jeunes et que les plus âgés. Il y a là un point intéressant, car le débat public durant la pandémie s’est plutôt construit en opposant les plus jeunes et les plus âgés. Or ici, avec cette tranche d’âge 40-59 ans, il y a surtout une génération intermédiaire qui apparaît, et qui exprime des sentiments plus négatifs que les deux autres ».

*Méthodologie : Étude réalisée par l’Institut OpinionWay auprès de 1 007 personnes interrogées par téléphone et via Internet, en septembre 2021.
** L’échelle de CANTRIL mesure la satisfaction par rapport à sa vie sur une échelle de 0 à 10.

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