L’édito d’Olivier Lendrevie, Directeur général de Cafpi
La légère remontée des taux observée depuis la rentrée 2021 se poursuit, avec de nouvelles hausses en novembre de l’ordre de 3 à 7 centièmes en fonction des durées par rapport à octobre. Plutôt qu’un nouveau réajustement, il faut y voir un phénomène de rattrapage de la part de banques qui n’avaient pas remonté leur taux en octobre et ont maintenant décidé de suivre le mouvement. En cette fin d’année, les banques, ayant réalisé leurs objectifs de production de crédit, basculent dans une logique de reconstitution prudente des marges après avoir proposé des taux historiquement bas jusqu’à la rentrée.
Ainsi, le mois dernier, Cafpi a obtenu pour sa clientèle des taux de 0,57% sur 10 ans ; 0,76% sur 15 ans ; 0,91% sur 20 ans et 1,08% sur 25 ans. Les meilleurs profils ont obtenu des taux de 0,45% sur 10 ans et 0,60% sur 15 ans, 0,65% sur 20 ans et 0,95% sur 25 ans.
« Malgré la légère hausse constatée ces derniers temps, les Français peuvent encore emprunter à moins de 1% jusqu’à 20 ans, ce qui constitue des conditions toujours très favorables d’emprunt », indique Olivier Lendrevie.
Bien que des ajustements marginaux, à la hausse ou à la baisse, soient toujours possibles, nous n’anticipons pas de grands mouvements de fond sur les taux des crédits immobiliers dans les mois qui viennent. La Banque Centrale Européenne devrait maintenir sa politique actuelle de taux directeurs négatifs jusqu’à la résolution de la crise sanitaire et de ses conséquences économiques. Ainsi l’OAT 10 ans qui avait atteint 0,22% en novembre est retombée à 0,15% au mois de décembre.
Gains de pouvoir d’achat à venir
Mais l’événement du mois n’est pas là. L’événement, c’est le vote par l’Assemblée nationale en première lecture, le 25 novembre, de la proposition de loi portée par Patricia Lemoine permettant de changer d’assurance-emprunteur à tout moment de la vie d’un crédit. Bien que le texte doive encore passer devant le Sénat, la quasi-unanimité du vote de l’Assemblée (une seule voix contre) permet d’être serein. Ce qui se profile est peut-être le point de bascule d’une série de réformes (lois Lagarde, Hamon et Bourquin) visant à libéraliser le marché de l’assurance-emprunteur et pourtant restées sans effets notables sur le terrain : 88% du marché de l’assurance-emprunteur est encore contrôlé par les banques.
En ces temps où le spectre d’un retour de l’inflation inquiète, cette mesure facilite une opération - la substitution d’assurance-emprunteur - qui peut restituer un pouvoir d’achat considérable aux emprunteurs. « Une assurance individuelle peut permettre de réaliser une économie substantielle de 15 000€ en moyenne sur la durée d’un prêt. Il faudra cependant être patient, les banques ayant un délai d’1 an à compter de la promulgation de la loi pour s’organiser », souligne Olivier Lendrevie.
Risque sur l’immobilier neuf
Cependant, la pénurie de logements actuellement constatée en immobilier neuf fait peser un risque sur l’accession à la propriété des ménages les plus fragiles financièrement. « La pénurie de logements neufs devrait continuer à soutenir des prix élevés, y compris dans l’ancien et, de fait, rendre l’acquisition plus compliquée notamment pour les primo-accédants et les ménages à faibles revenus », poursuit Olivier Lendrevie. Il semblerait que pour pallier ce déficit, le gouvernement mise sur la réhabilitation des logements existants. Ainsi, le projet de loi de Finances pour 2022 reconduit le fonds friches. Le gouvernement s’attaque également aux 3 millions de logements vacants présents sur le territoire national. « Ces mesures vont dans le bon sens, et répondent à un véritable besoin de réhabilitation de l’immobilier existant, mais la construction ne doit pas être oubliée, car c’est l’un des moteurs du marché immobilier », conclut-il.
Les élections présidentielles qui approchent seront l’occasion d’évoquer les difficultés du logement neuf et, pour les candidats, de présenter leurs solutions face à cette situation.