Un marché de l'IA de confiance estimé à 52 Mrds€ sur 7 secteurs étudiés.
Face à l'accélération de la transformation numérique de certains secteurs industriels, les institutions, accompagnées des régulateurs et en collaboration avec les grands acteurs de leur secteur, ont engagé des réflexions pour définir les lignes du futur cadre réglementaire pour une Intelligence Artificielle de confiance.
Mandaté par le Secrétariat général pour l'investissement, EY-Parthenon a mené une étude de marché de l'IA de confiance dans 7 secteurs industriels en Europe, Amérique du Nord et Asie-Pacifique, permettant d'évaluer et de qualifier les marchés et des cas d'usage principaux qui nécessitent un apport de confiance maximal avant d'être déployés dans des environnements industriels.
Cette étude souligne le caractère émergent et en pleine structuration de l'écosystème de l'IA de confiance, déjà accompagné par la puissance publique notamment via le Programme d'investissements d'avenir (PIA) à travers un Grand Défi « sécurisation, fiabilisation et certification des systèmes à base d'IA », et l'importance pour les industriels d'intégrer ce critère dans leur développement futur de composants et de systèmes à base d'IA. La Commission européenne a publié le 21 avril dernier, son projet « AI Act », visant à faire de l'Europe le pôle mondial d'une IA digne de confiance. L'État Français quant à lui vient d'annoncer l'investissement de 2,2 Mrds€ dans le cadre de la phase 2 de la stratégie nationale d'intelligence artificielle pour la formation et l'innovation. L'objectif principal commun est de promouvoir le développement de l'IA dans l'ensemble de l'Union européenne, tout en faisant face aux risques potentiels pour la sécurité et les droits fondamentaux des citoyens dans certaines de ses applications.
Les points clés de l'étude :
- Au niveau mondial, seules 10 à 15% des entreprises ont réussi à industrialiser des solutions à base d'IA dans leur entreprise et 30 à 40% se limitent à des expérimentations.
- Un marché de l'IA de confiance estimé à 52 Mrds€ sur plusieurs secteurs étudiés (Automobile, Ferroviaire, Aéronautique, Energie & Ressources, Banque, Assurance, Pharmaceutique).
- Un besoin croissant chez les industriels de solutions de confiance ouvrant la voie à un marché de certification ou de validation des systèmes d'IA.
Un déploiement hétérogène et encore prudent de l'Intelligence Artificielle dans l'industrie
Si en moyenne les industriels (tous secteurs confondus) investissent entre 0,4% et 1% de leur chiffre d'affaires (avec en tête les acteurs des Technologies, de la Banque, de la Santé / Sciences de la vie et de l'industrie de la mobilité) dans des projets impliquant de l'Intelligence Artificielle, l'industrie reste prudente pour intégrer à plus large échelle des composants IA dans des processus, produits ou services industriels. Seules 10 à 15% des entreprises ont réussi à industrialiser des solutions à base d'IA dans leur entreprise. 30 à 40% se limitent à des expérimentations sur des périmètres ou processus limités.
L'appel des entreprises pour un cadre normatif illustre la nécessité de cartographier les cas d'usage de l'IA « à risques » dans l'industrie, de définir des modes de développement, de déploiement et de maintien en condition, responsables permettant de maximiser et de garantir un niveau de confiance suffisant pour déployer de manière saine et raisonnée des composants d'IA.
Top 3 des secteurs qui investissent dans l'IA : l'Automobile, l'Industrie Pharmaceutique et Energie et Réseaux
L'étude démontre le poids des investissements relatifs à des cas d'usage d'IA jugés critiques et nécessitant un fort niveau de confiance préalable à tout déploiement.
Neuf secteurs industriels jugés prioritaires ont été étudiés : Aéronautique, Assurance, Automobile, Banque, Electricité et Réseaux, Ferroviaire, Minerais et Métaux, Pétrole et Gaz, Pharmaceutique.
Les budgets IA (incluant les frais de personnels) apparaissent hétérogènes selon les secteurs industriels. Si dans l'Automobile ou l'Industrie Pharmaceutique, les principaux acteurs du secteur dépensent ou investissent entre 0,8 et 0,9% de leur chiffre d'affaires dans des projets d'IA, ce ratio apparaît plus faible dans l'Assurance ou le Ferroviaire où les taux oscillent entre 0,5 et 0,7% des revenus. À l’inverse, le Secteur Bancaire, pionnier en la matière, s'illustre avec près de 1% du chiffre d'affaires des acteurs dédiés à l'IA.
Ces dépenses s'inscrivent dans un contexte de forte progression des dépenses liées à l'Intelligence Artificielle, estimées à plus de 230 Mrds€ en 2020 au niveau mondial (hors charges internes de personnels) et dont la croissance atteindrait +18% par an pour atteindre plus de 450 Mrds€ en 2024, portée par l'adoption progressive de l'IA dans l'industrie.
« L'écosystème de l'IA déjà fortement atomisé poursuit donc son développement et rend centrale la notion de confiance pour accompagner ces opportunités de marché. Le segment des solutions IA (applications, systèmes et plateformes de développement), représentant 85% du marché, tire la croissance, accompagné d'un besoin chez les industriels en infrastructures (espaces de stockage, serveurs, puissance de calcul) ainsi qu'en accompagnement pour déployer et auditer leurs systèmes à base d'Intelligence Artificielle. Cela permet d'ouvrir la voie à un marché de certification ou de validation des systèmes à base d'IA digne de confiance », commente Guéric Jaquet, associé EY-Parthenon.
« L'IA de confiance est l'un des enjeux clés à la fois de compétitivité économique avec un marché estimé de plus de 50 Mrds€, mais aussi de souveraineté et de responsabilité, tant la diffusion de l'IA est rapide dans tous les secteurs industriels. La France dispose d'atouts indéniables pour relever ce défi dans un contexte de future réglementation au niveau Européen », détaille Julien Chiaroni, directeur du Grand Défi « sécurisation, fiabilisation et certification des systèmes à bases d'IA » au Secrétariat général pour l'investissement (SGPI).
L'analyse et la qualification des principaux cas d'usage de l'IA ont donc permis de détourer un budget IA de confiance par industrie confirmant la présence d'un marché important en valeur, estimé à près de 52 Mrds€ en France sur les 7 secteurs étudiés, notamment dans la mobilité avec les secteurs financier et énergétique.
Issam Taleb, directeur associé EY-Parthenon, conclut : « Le marché de l'Intelligence Artificielle progresse à grande vitesse, porté par un nombre croissant de cas d'usage. L'apport de confiance agira comme un catalyseur de cette tendance et ouvrira les portes d'un vaste marché adressable pour de nouveaux acteurs généralistes et spécialistes. Le développement et la fragmentation de l'écosystème de l'IA (entre fournisseurs de technologies, de services, de plateformes, de bases de données, ou encore de puissance de calcul et de stockage), doivent inciter les industriels à repenser leurs stratégies de pénétration de marché. Si celles-ci répondent bien à un enjeu de compétitivité, elles devront également adresser celui de la souveraineté numérique. »