À l'heure de l'urgence climatique, la France est confrontée à un défi de taille : réussir à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, conformément à son engagement lors de l'Accord de Paris de 2015. Pour relever un tel challenge, tous les acteurs de la société doivent être impliqués.
Aujourd'hui, nous émettons en moyenne 9 tonnes de CO2 par personne et par an. Pour atteindre l'objectif d'1,5 tonne/personne/an en 29 ans à peine, il faut réduire notre consommation de carbone de 6% chaque année.
Oui mais… concrètement, comment faire ? À moins d'être un expert du sujet, il n'est pas si simple d'évaluer l'impact des achats du quotidien. Par exemple, quand on fait ses courses, comment distinguer la boite de conserve la plus vertueuse ? Ou le vêtement le moins carboné ?
Pourtant les commerçants sont prêts, la demande est forte pour plus de transparence et de simplicité afin de pouvoir s'approvisionner en accord avec ses valeurs : 61% des consommateurs sont sensibles aux critères du développement durable (source).
D'où l'intérêt de passer au Compte Carbone, un mécanisme "zéro prise de tête" qui compte automatiquement le carbone émis lors de chaque dépense et qui réduit gentiment de 6% chaque année. Et pour que nous soyons tous égaux, chaque citoyen aura un budget de départ de 9 000 points carbone à gérer à sa guise !
Impulser une nouvelle dynamique, positive et fédératrice, pour protéger la planète et ses habitants
Le principe de la taxe carbone a été massivement rejeté, car perçu comme brutal, inefficace et inégalitaire (source).
Mais une fois ce constat posé, le problème à résoudre est toujours là. Les scientifiques du GIEC ont alerté sur l'accélération du réchauffement climatique et le risque d'une augmentation de la température de la planète de 8° avant 2100.
Or, il suffirait d'une hausse de +2° pour transformer la Terre en véritable étuve, avec des conséquences catastrophiques pour tous.
Pour agir de façon simple et efficace, la solution est de mettre en place le Compte Carbone. Ce concept permet en effet de respecter les 4 critères issus des Assises du Climat qui se sont déroulées de février à avril 2021 :
- Garantir le résultat année après année ;
- Intégrer les contenus carbone de toutes dépenses y compris importations ;
- Eviter toute injustice sociale ;
- Impliquer tous les acteurs possibles.
Le principe est ultra-simple :
- Une Agence Carbone attribue à chaque citoyen un budget annuel de 9 000 points ;
- Les contenus carbone de tous les achats sont documentés ;
- Ils sont ensuite imputés aux consommateurs qui voient fondre (plus ou moins vite) leur budget annuel.
Armel Prieur, délégué climat des Deux-Sèvres, souligne : « Le Compte Carbone s'appuie sur l'économie circulaire pour affiner la précision des contenus carbone. Ainsi, grâce au comptage automatisé, les consommateurs seront encouragés à acheter des produits & services moins carbonés. »
Une approche qui implique tous les acteurs de la société
Pour être compétitives, les entreprises vont chercher rapidement à réduire le taux de carbone de leurs produits et services, notamment en inventant rapidement des méthodes de décarbonation pour rester dans la course.
Elles communiqueront leurs points carbone à leurs grossistes, ces derniers feront de même avec leurs fabricants... ce qui permettra de diminuer l'émission de gaz à effets de serre de l'ensemble de la chaîne de production.
Par exemple, un pantalon à 23 points passera rapidement à 20, puis à 15, puis à 10 grâce à la relocalisation, au moindre lavage, au passage aux matières naturelles, etc.
Armel Prieur poursuit : « En libérant la charge mentale, c'est un mécanisme à l'opposé de l'écologie punitive : la vie en 2050 avec 2 tonnes/personne sera aussi agréable qu'aujourd'hui avec 6 tonnes/personne car les entreprises auront décarboné leurs produits et services. Elle offrira même une meilleure qualité de vie grâce à la relocalisation et à l'emploi de matières sans pétrole, ce qui créera plus de lien et plus d'équité. »
Récompenser la sobriété
Exemple de ticket de caisse incluant le Compte Carbone, le point carbone étant symbolisé ici par le caractère grec appelé Sigma Lunaire.
Tous les mois, chaque Français, ou foyer fiscal, recevrait un relevé mensuel de ses dépenses carbone. Un message d'alerte sera envoyé pour inciter à la sobriété.
Et en cas de dépassement du "budget carbone", pas de panique : il sera toujours possible d'en acheter un peu via une sorte de "bourse carbone", une initiative ingénieuse qui introduit une véritable justice sociale.
En effet, les citoyens pourront arrondir leurs fins de mois en vendant leurs excédents qui pourront être rachetés (de façon limitée) par les gros consommateurs déficitaires selon un prix fluctuant avec la demande.
Cette démarche permettra de soulager les plus modestes, dont la sobriété est souvent forcée.
Armel Prieur est un des animateurs du mouvement du Compte Carbone.
Actuellement retraité, Armel a effectué une partie de sa carrière comme Ingénieur en traitement des eaux et nuisances (ESIP). Il est ensuite devenu formateur et Directeur des Ressources Humaines. En 2005, il a rejoint le Conseil de l'UE, à Bruxelles, en tant que DRH.
Il réside avec sa famille au nord des Deux-Sèvres, mais il se rend fréquemment à Paris pour ses différentes activités militantes :
- Président de l'association qui porte le Compte Carbone (Escape-Jobs.fr pour l'emploi sans carbone) ;
- Secrétaire du conseil d'administration de l'ONG Agir pour le Climat ;
- Membre fondateur de la Renaissance écologique et d'Escape-jobs ;
- Membre de la Fabrique des transitions, de Démocratie Ouverte, du Printemps écologique, du Réveil écologique et du Wikigreen.
En parallèle, pour décrire les visions d'équilibre planétaire portées par ces associations, Armel Prieur a publié le livre "Compter, pour plus de justice climatique et sociale" aux éditions TheBookEdition en 2021.
Pourquoi avoir lancé le projet du Compte Carbone ?
Ce concept était déjà décrit en 2009 dans le livre de Pierre Calame "Essai sur l’œconomie" préfacé par James Galbraith. En 2018, il l'a détaillé en profondeur dans son ""Petit traité d'œconomie".
Ce projet a alors été déployé avec une dizaine de volontaires pour les citoyens de la Convention Citoyenne pour le Climat fin 2019. Mais les organisateurs n'ont pas autorisé la présentation de ce mécanisme auquel ils n'avaient pas pensé.
Et maintenant ?
Le mouvement Compte Carbone prépare le montage de 1 000 comités locaux pour discuter et pour stimuler le lancement d'un référendum climat qui demanderait :