Entretien avec Nicolas Letavernier, directeur commercial France de Workiva
Créée en 2008, Workiva est une société cotée au New York Stock Exchange. Quel est son secteur d’activité ?
Il s’agit d’un marché de niche : nous accompagnons les acteurs des départements financiers, RSE et conformité dans leur processus de création de rapports, qu'il s'agisse de rapports internes à destination des comités de direction ou de rapports externes réglementaires ou non. A cela s’ajoute aussi une dimension « gestion des risques » puisque ces mêmes départements peuvent gérer leur niveau de risques, politiques, procédures et contrôles au sein de notre plateforme.
Quel est votre volume d’activité ?
Forts de 2 000 collaborateurs, dont 19 en France, nous avons généré plus de 350 millions de dollars de chiffre d'affaires en 2020 et enregistrons un rythme de croissance solide. Cette dynamique, créatrice de nouveaux emplois en France, nous permet de réinvestir 30% du chiffre d'affaires dans notre produit phare en visant en permanence la satisfaction client. Le pari est réussi puisque nous avons un taux de rétention de 95 % sur un total de 4 100 clients répartis à travers le monde.
Quelle est votre valeur ajoutée ?
Le point commun entre tous les rapports produits est qu'ils nécessitent structuration et sécurisation dans leur processus de création. Nous apportons cela tout en mettant l'accent sur les gains de productivité via la digitalisation. Nous jouons également le rôle de tiers de confiance. L'intérêt de ces prestations est bien identifié par les entreprises qui gagnent en efficacité. Il l’est aussi par les investisseurs qui peuvent légitimement douter de la fiabilité des données qui leur sont apportées. On constate d’ailleurs que les plus jeunes investisseurs figurent parmi les moins confiants. Notre solution, qui combine savoir-faire et expérience, répond à leurs exigences. Les apports de notre plateforme Workiva sont multiples : de la collecte des données à la fourniture au client d'un cadre informationnel clairement identifiable et fiable. En outre, Workiva est la seule plateforme à offrir une préparation instantanée à l'audit et à proposer XBRL (eXtensible Business Reporting Language) à l'avenir.
Comment appréhendez-vous la question de la fiabilité des données ?
La collecte d'informations telle que nous la pratiquons est particulièrement robuste dans la mesure où notre solution est directement connectée aux systèmes sources. Elle est donc exempte de tout risque de transcription ou d’interprétation. L'ensemble des données est ainsi compilé dans le rapport, ce qui apporte à nos clients la certitude que les données produites sont fiables, contrôlées et auditables. Par ailleurs, le processus est entièrement intégré avec une technologie éprouvée depuis plus de 10 ans, ce qui permet à nos clients de s'affranchir de toute technologie tierce, les expertises fonctionnelles spécifiques étant apportées grâce aux différents partenariats que nous avons conclus, notamment avec les principaux cabinets de conseil et d’audit mondiaux.
Comment s’articule le processus de production de rapports ?
Il est très complexe et sa complexité exige une analyse des différents métiers qui doivent collaborer dans la réalisation de tous rapports. Ces interactions sont fréquentes et exigent la plupart du temps un calendrier contraint et une intelligence collective que la digitalisation du processus permet de favoriser. Si l'intelligence artificielle apporte beaucoup dans la démarche, il faut garder à l’esprit qu’aucune technologie ne peut pleinement remplacer l'intelligence humaine. L'intelligence collective ainsi mise en œuvre permet de connecter les personnes entre elles, d'accéder à un meilleur niveau de conformité et de faciliter les rapports grâce à la connectivité de la donnée. La démarche exige par ailleurs de croiser les données collectées qu'elles soient quantitatives où qualitatives. On peut enfin noter que la plateforme permet d'héberger les flux de rapports financiers et non financiers, que plusieurs équipes peuvent travailler sur un même document. Il s’agit de conditions préalables pour répondre aux exigences de la Corporate Sustainabiliy Reporting Directive (CSRD).
A ce sujet, comment vous positionnez-vous au regard des normes internationales ?
La CSRD fait aujourd’hui office de caisse de résonnance dans le monde de la donnée financière. Elle introduit diverses nouvelles exigences (reporting des indicateurs financiers et de durabilité dans un seul document, assurance externe obligatoire, nouveaux types d'informations, marquage XBRL des informations financières et ESG) et ces exigences peuvent être satisfaites au mieux en utilisant la plateforme Workiva. Les multiples normes et la complexité qu'elles induisent exigent que nous travaillions en permanence avec les organisations qui sont à l'origine de ces normes. Nous avons ainsi noué de multiples partenariats avec des institutions internationales telles que l’ONU et ses objectifs de développement durables, la TCFD (Task Force on Climate-related Financial Disclosures), le SASB (Sustainability Accounting Standards Board), le CDP (Carbon Disclosure Project) ou encore la GRI (Global Reporting Initiative) depuis fin juillet.
Propos recueillis par Thierry Bisaga