A l’heure où 60% des écosystèmes sont dégradés dans le monde et que 50% de notre économie en dépend directement, la biodiversité, au même titre que le changement climatique, représente un risque environnemental mobilisant de nombreux acteurs. Ce « risque biodiversité » suscite notamment une attention croissante des institutions financières en amont de la mise en œuvre de l’article 29, dont les décisions d’investissement peuvent contribuer à des objectifs de préservation de la biodiversité, mais aussi accompagner les entreprises dans la transition vers des modèles de gestion de ressources plus durables.
Le risque biodiversité, un impact financier pour les entreprises et ses investisseurs
Les entreprises ont leur part de responsabilité dans la surexploitation des ressources, les changements d’usage des sols et les pollutions diverses (sol, eau, air) qu’elles génèrent. En même temps, l’érosion de la biodiversité et la dégradation des écosystèmes pèsent économiquement sur leur activité. D’après le WWF, 50% du PIB mondial sont potentiellement menacés par l’érosion de la biodiversité en raison de sa dépendance aux ressources et aux services fournis par la nature. En effet, la dépendance du chiffre d’affaires directement liée à la biodiversité peut entraîner des conséquences sur la pérennité des activités, engendrer une hausse des coûts de production, une baisse de la rentabilité ou encore une augmentation des prix pour le consommateur final.
Le risque biodiversité peut avoir un impact financier plus ou moins élevé pour les entreprises. Pour les investisseurs, il est important d’évaluer ce niveau de risque, qui est à la fois l’impact de l’entreprise sur la biodiversité et son niveau de dépendance à cette dernière (il s’agit de la « double matérialité » exprimée par l’article 29 de la loi française énergie-climat). Plus l’impact et la dépendance de l’entreprise à la biodiversité sont élevés, plus grand sera son risque biodiversité. A l’inverse, si son impact est modéré et sa dépendance est faible, son risque biodiversité sera moyen, voire faible.
Mandarine Biodiversity Score®, un outil propriétaire innovant
Pour évaluer le risque biodiversité des entreprises, Mandarine a élaboré son propre outil interne, le Mandarine Biodiversity Score. Développé en interne, il permet d’évaluer le score et le risque de biodiversité d’une entreprise en s’appuyant sur trois piliers : les informations déclaratives des entreprises (politique biodiversité, gestion des ressources naturelles et déchets, scénario climatique), la pression qu’elles exercent sur les écosystèmes (émissions de CO², polluants, la consommation de ressources naturelles) et enfin la double matérialité (impact/dépendance de l’entreprise sur la biodiversité).
Une autre dimension que nous regardons et prenons en compte en tant qu’investisseur constitue la circularité de l’entreprise. Il s’agit d’établir si l’entreprise est en train de basculer d’une économie linéaire (extraire, fabriquer, consommer, jeter) vers un modèle de croissance circulaire (réduire, réutiliser, recycler). L'année dernière, le Circularity Gap Report a révélé que notre monde n'est circulaire qu'à 8,6%, ce qui laisse une importante marge de progrès du niveau de circularité. Sur ce point, la gestion des déchets, l’éco-conception et l’utilisation des matières « premières » recyclées sont des indicateurs clés.
Initiatives de place
La biodiversité fait désormais l’objet de nombreuses initiatives internationales. Mandarine a rejoint cet été l’initiative « Finance for Biodiversity » qui vient renforcer son engagement pour la protection de la biodiversité, tant sur le plan de la collaboration et le partage de bonnes pratiques, de l’impact, des objectifs, que sur le reporting environnemental et la mise en place de mesures ambitieuses sur la biodiversité. L’équipe ESG de Mandarine participe ainsi aux groupes de travail « Évaluation de l’impact » et « Engagement avec les entreprises ».
Par ailleurs, en tant qu’investisseur responsable et membre de la commission « Dialogue et Engagement » du FIR, Mandarine a participé à la deuxième campagne de questions écrites en assemblées générales aux entreprises du CAC 40, portant sur les enjeux ESG. Au-delà de leur contribution à l’économie, l’impact des grandes sociétés est également d’ordre environnemental et social dans les pays dans lesquelles elles opèrent, d’où l’importance d’engager un dialogue constructif avec elles. Concernant la biodiversité, si la question de la saison 2020 portait sur l’identification des impacts de l’entreprise, celle de 2021 est ciblée sur le lien entre la biodiversité et les revenus de l’entreprise (Comment limitez-vous l’impact de la biodiversité sur vos revenus futurs ? Précisez les indicateurs et les moyens mis en place ?).
Comme le climat, la biodiversité est l’affaire de tous.
La biodiversité présente des enjeux aussi importants que ceux liés au changement climatique. Selon l’OCDE, l’érosion de la biodiversité et le réchauffement climatique sont même fondamentalement liés. Il est donc urgent de mettre en avant les modèles de résilience, de faire émerger les initiatives qui fonctionnent. Si l’instrument financier est un formidable outil de transition, la finance à elle seule ne peut pas trouver la solution. La réponse à la crise de la biodiversité, à l’instar de celle du climat, ne peut être que le résultat d’une action et d’une responsabilité collective (états, investisseurs, gouvernements, entreprises, citoyens). La bonne nouvelle est qu’on observe un intérêt international (les congrès de l’IUCN et la COP 15) et une préoccupation croissante du public pour la biodiversité, sans oublier le renforcement du cadre réglementaire SFDR, la taxonomie européenne, l’article 29 de la loi énergie-climat et la pression exercée par l’ensemble des parties prenantes, ce qui laisse augurer une évolution positive.