ETI industrielle française spécialisée dans les secteurs de l'enveloppe de l'habitat et de la rénovation énergétique, CETIH poursuit sa trajectoire responsable avec un premier comité de mission. Seule entreprise à mission française à avoir son capital détenu majoritairement par une fondation, le groupe adopte un modèle unique de gouvernance et ouvre la voix d'un capitalisme utile pour d'autres entreprises. CETIH conserve ainsi son indépendance, mise au service d'une industrie plus verte.
Virginie Raisson-Victor, présidente du GIEC Pays de la Loire et du comité de mission CETIH, décrypte ce modèle unique, adapté au contexte climatique actuel et revient sur les engagements ambitieux pris par le groupe.
L'urgence climatique : décarboner l'industrie
Le mois dernier, le Chef de l'État a rappelé l'objectif fixé en 2015 pour la France : réduire de 35% les émissions de GES du secteur industriel d'ici 2030. Actuellement, la France n'en est pour l'instant qu'à une baisse de 4%. Un plan d'investissement de 8 milliards d'euros a ainsi été voté pour décarboner et relocaliser l'industrie.
Pour Virginie Raisson-Victor, même si la prise de conscience est là, les entreprises doivent dépasser les engagements pris par l'État et se responsabiliser. « Grace à la Loi Pacte, les entreprises ont aujourd'hui l'opportunité d'engager cette mutation nécessaire. Les phénomènes sont aujourd'hui visibles dans nos territoires et leurs conséquences vont avoir de nombreux impacts sur les infrastructures et l'économie des territoires, il faut s'y préparer. »
CETIH pionnier dans son modèle d'entreprise
Face au réchauffement climatique, la filière industrielle se doit de réagir. Si la Loi Pacte a redonné un rôle sociétal à l'entreprise en inscrivant une raison d'être dans ses statuts, elle ne transforme pas la gouvernance et ne résout en rien la question de l'indépendance. L'alliance de la fondation actionnaire et de l'actionnariat salarié permettent cette articulation. En connaissance de cause, CETIH est, à ce jour, la seule entreprise à mission détenue principalement par une fondation actionnaire (35%) et des salariés (33%). Le reste des parts est partagé entre trois fonds d'investissement (32%) qu'ils soient régionaux ou spécialisés en transition énergétique (Tikehau, Quadia et Ouest Croissance).
Virginie Raisson-Victor précise : « dans le contexte actuel, être conservateur expose à de nombreux risques. CETIH l'a bien compris et a fait preuve d'audace. Ce modèle, vertueux à plusieurs titres est tellement cohérent. La répartition du capital avec un actionnariat salarié démontre toute la puissance du collectif. Et cela donne à l'entreprise les moyens d'atteindre ses objectifs de transition environnementale et sociale sans nuire à la performance économique globale. Cette alliance entreprise à mission et fondation actionnaire ouvre la voie d'une convergence, nouvelle en France, entre capitalisme et altruisme. »
L'industrie et l'entreprise à mission
La France compte plus de 300 entreprises à mission. Parmi celles-ci, seulement huit sont issues du secteur industriel. Pour la présidente du GIEC Pays de la Loire « cela reste encore trop peu, surtout si l'on considère que l'industrie manufacturière est parmi les activités les plus polluantes dans l'hexagone. L'entreprise à mission ne peut seule décarboner notre économie mais elle y contribuera. »
Faisant parti des huit pionniers, CETIH s'est fixée de nombreux objectifs. Le plus ambitieux vise à réduire de 50% son empreinte énergétique à l'horizon de 2030. Déjà, en dix ans, le groupe a réduit sa consommation d'eau de moitié, effort qui sera poursuivi. Autre exemple, CETIH agit vers le « zéro artificialisation des sols », notamment en optimisant « le chiffre d'affaires au mètre carré. » Des indicateurs ont été mis en place sur la réduction des déchets, l'emploi de matériaux biosourcés ou de matériaux recyclés dans les profilés. La conception est également optimisée pour prolonger la durée de vie des produits, comme pour la porte aluminium qui offre des garanties jusqu'à 20 ans.
Le pilotage de la performance RSE de CETIH s'appuie en parti sur des indicateurs évalués par ETHIFINANCE. En effet, dans le cadre de la restructuration de son capital, CETIH a réussi à lier l'amélioration de la performance RSE au coût du financement mis en place. Le coût de la dette est ainsi indexé sur la performance ESG.
Comité de mission et comité stratégique : des engagements concrets
« Ce premier comité chez CETIH a permis de définir les indicateurs sur lesquels évaluer les efforts engagés par l'entreprise sur le long terme. Même si la politique RSE du groupe a été engagée il y a plus de quinze ans, il était intéressant de voir que certains indicateurs devaient être ajustés à la complexité des effets de l'activité de CETIH sur les écosystèmes naturels. Prenons l'exemple du bois Douglas, utilisé par le groupe dans la fabrication de menuiserie. C'est un bois sourcé en France ce qui limite le transport et favorise l'économie locale. En même temps, on constate aussi que sa production intensive peut conduire à une acidification accrue des sols ce qui impacte la biodiversité. Doit-on alors se tourner vers d'autres bois, quitte à faire évoluer les besoins des consommateurs ? Ces arbitrages peuvent faire alors évoluer l'activité en question. »
Pour garantir le suivi du comité de mission, CETIH est allé plus loin que l'encadrement légal et a créé un comité stratégique, dont le premier s'est tenu le 29 octobre dernier. Se réunissant trois fois par an, sa mission est de contribuer à la réflexion et de valider les choix stratégiques majeurs ainsi que le budget. Présidé par François Guérin, président-directeur général de CETIH, le comité stratégique compte également plusieurs dirigeants d'entreprise de divers secteurs comme Bruno Hug de Larauze (Idea), Sandrine Pelletier (Aplix), Julien Hervouet (iAdvise), ou encore David Soulard (Groupe Gautier).
« La sincérité de l'engagement des dirigeants et du comité de direction ne fait pas débat. La création de ce comité stratégique, prouve encore à quel point cette trajectoire fait partie intégrante de l'ADN du groupe. Nous ne sommes pas dans une comptabilité des impacts mais dans une réflexion en profondeur, pour insuffler un changement et améliorer concrètement les pratiques », conclut Virginie Raisson-Victor*.
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*Présidente du GIEC Pays de la Loire depuis octobre 2020, Virginie Raisson-Victor dirige également un laboratoire privé et indépendant d'études géopolitiques. Longtemps sur les terrains de crises et de conflits pour des organisations internationales, fortes de trente ans d'expertise géopolitique, prospective et sociétale, elle accompagne désormais les entreprises dans la transition écologique. Elle a dernièrement co-fondé le Grand Défi des entreprises pour la planète, un processus participatif qui a pour objectif de formuler 100 propositions d'actions prioritaires pour décarboner l'économie française.