Alors qu'Emmanuel Macron vient d'annoncer que 6 Mrds€ seront alloués au secteur des semi-conducteurs, la chaire management de la transformation numérique de l'EM Normandie publie une étude intitulée "Pénurie de semi-conducteurs : réflexions, solutions et priorités".
Le monde fait face à diverses pénuries, notamment dans la production de semi-conducteurs dont les répercussions sont chaque jour plus sensibles : arrêt de chaînes de production dans l'automobile ou l'aéronautique, retards dans la sortie de nouveaux produits comme des téléphones ou des consoles de jeux, augmentation des prix, tensions sur l'innovation dans le domaine des hautes technologies…
Face à cette situation inédite, l'étude "Pénurie de semi-conducteurs : réflexions, solutions et priorités" de l'EM Normandie, explore les solutions possibles pour juguler cette crise. Quid des promesses de résoudre cette crise à court terme par des investissements, fussent-ils massifs ? Ce travail souligne de manière contre-intuitive qu'une telle option n'a rien d'évident car rebâtir toute une filière prend du temps, et les besoins technologiques auront évolué d'ici les premières productions.
A cette question s'ajoute, bien entendu, celle de la rentabilité de produire localement de tels composants, ou de la répercussion de leurs coûts sur les biens de consommation finaux.
Faut-il pour autant ne rien faire ? L'étude trace plusieurs pistes pour sortir de l'ornière. Parmi elles, la priorisation des secteurs stratégiques tels l'e-santé ou la défense. Mais aussi le développement de modèle de coopération renforcée entre les entreprises qui produisent des semi-conducteurs et celles qui les utilisent.
Pour Mathilde Aubry, enseignant-chercheur, porteur de la chaire management de la transformation numérique de l'EM Normandie : « L'annonce présidentielle semble bien rassurante pour les entreprises ne parvenant pas à se procurer ces biens intermédiaires à la base de la production (dans l'automobile, l'aéronautique, les jeux vidéo…) pourtant plusieurs points sont inquiétants : les sommes annoncées, alors qu'une seule usine peut coûter près du double (aux Etats-Unis, Intel vient d'annoncer la construction de deux entreprises de 10 milliards d'euros chacune ; la taïwanaise TSMC, par exemple, a promis de consacrer 100 milliards de dollars à l'augmentation de ses capacités de production alors même qu'elle est déjà la plus grande productrice de semi-conducteurs au monde…). Par ailleurs, sur un secteur demandant des infrastructures aussi lourdes, est-il pertinent de s'exprimer à l'échelle nationale et pas à l'échelle européenne ? Et quels types de semi-conducteurs seront produits sur le territoire : les semi-conducteurs de dernière génération ou ceux que recherche le secteur automobile par exemple, moins à la pointe ?»