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[Tribune] L’évolution des usages de l’immobilier

Par Gautier Allard, Directeur Général, et Paul-Eric Perchaud, Directeur du crowdinvesting chez ClubFunding

La digitalisation des modes de consommation, l’isolement des habitants et l’émergence du télétravail impactent durablement les usages de l’immobilier. Les professionnels de l’immobilier ont conscience de l’évolution des besoins des usagers et développent des actifs pensés pour répondre à ces nouvelles tendances.

La crise sanitaire a accéléré la mutation des immeubles résidentiels. Les promoteurs immobiliers et les marchands de biens inscrivent dans leurs projets de création ou de réhabilitation des immeubles les nouvelles attentes sociales des habitants, les obligations environnementales ainsi que la prise en compte de l’évolution des modes de consommation. C’est une redéfinition de l’habitat qui est en cours pour bâtir la ville de demain avec l’apport financier des épargnants pour porter cette ambition d’immeubles à basse émission carbone et favorisant le lien social.

L’immobilier du futur sera communautaire

Le coût des locations immobilières couplé aux confinements successifs ont mis en lumière le besoin des jeunes actifs d’avoir accès à des espaces de vie plus spacieux et à des espaces de convivialité en particulier dans les grandes métropoles. La solution pourrait être le co-living. Derrière l’anglicisme se cache un mode de vie en communauté apparue dès les années 2000 aux États-Unis et qui depuis s’est développé dans les grandes villes mondiales de Tokyo à Berlin en passant par Paris et Londres.

Les jeunes générations, les millenials en tête, plébiscitent les industries du partage : colocation, covoiturage et co-working. Désormais, il faut compter sur le co-living. Le concept propose un nouvel usage social de l’habitat en le rendant plus flexible et plus convivial. A mi-chemin de la colocation, le co-living se différencie par la souplesse de son mode de location avec des baux plus flexibles, mais aussi par la qualité des prestations offertes aux locataires.

L’intérêt réside avant tout dans une forme de logement clé en main qui comprend de nombreux services partagés avec les locataires allant du wifi à l’assurance habitation jusqu’à la mise à disposition d’espaces communs.

Le combat contre l’isolement des citadins passe par la mise à disposition dans ces immeubles d’un nouveau genre de lieux propices à la convivialité pour créer du lien social. Il peut s’agir d’une cuisine et d’une salle à manger communes, d’une salle de sport et même d’un cinéma ou d’un espace de co-working avec la quasi-institutionnalisation de ce mode de travail à la suite des différents confinements.

S’adapter à l’essor du E-commerce

La fermeture des commerces non essentiels a favorisé l’essor du E-commerce. Si le phénomène n’est pas nouveau, la livraison à domicile, favorisée par la digitalisation, a pris une nouvelle dimension ces derniers mois entrainant de nouvelles contraintes en termes de logistique. Les promesses de livraison en 48 heures, puis 24 heures et désormais 30 ou 10 minutes pour les plateformes les plus audacieuses, entrainent une évolution des circuits logistiques. La problématique du dernier kilomètre oblige les marchands de biens et les promoteurs immobiliers à s’adapter pour accompagner les nouvelles attentes des consommateurs.

L’usage même des bâtiments est impacté par la généralisation de la livraison à domicile. Le rez-de-chaussée des immeubles occupé traditionnellement par les commerces de proximité se métamorphose. Les chaines logistiques sont à la recherche d’entrepôts de proximité au cœur des villes pour transporter les marchandises au client final en un minimum de temps. Dès lors, la mobilisation d’espace d’entreposage dans les immeubles résidentiels à un prix raisonnable est une solution d’où l’émergence des dark-stores et des dark-kitchens.

Dans ces locaux, il n’est plus question d’attirer les clients mais d’en faire un simple espace de stockage éphémère pour livrer les habitants du quartier. Est-ce la fin du commerce de proximité ? Non, les confinements successifs ont montré l’attachement des riverains à leurs commerces avec l’apparition du click and collect. En revanche, la livraison à domicile oblige les commerçants à se réinventer et à améliorer l’expérience client en leur proposant de nouveaux services. Ainsi, les micro-entrepôts revivifient les rues peu commerçantes en développant l’activité économique des immeubles résidentiels et s’inscrivent plus largement dans une évolution du commerce.

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